Plus de 270 morts du choléra à Haïti et près de 3000 personnes infectées. La poussée épidémique, qui a commencé dans la localité de Saint Marc, s'est propagée jusqu'à la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où l'on a confirmé hier le premier cas. Des experts de l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) considèrent qu'il ne s'agit que d'une question de temps avant que le choléra n'arrive jusqu'au territoire dominicain, et c'est dans ces circonstances que le Ministère de la santé publique, acceptant les recommandations du dit organisme international, a pris une série de mesure pour limiter et contrôler la possible entrée de l'épidémie. Voici l'opinion d'un expert, reprise par Duarte 101:
Jon Andrus, sous-directeur de l'OPS, a dit que, bien qu'on n'ait pas confirmé de cas en République Dominicaine, son bureau s'attend à ce qu'il y en ait, “parce que cette frontière est très poreuse. Pour parler de l'élimination d'une maladie quelconque à La Española, il nous faut parler de plans qui englobent l'île entière”.
Une des premières mesures prises par la Santé Publique a été l'activation des cellules d'urgence, surtout celles de la zone frontière, où le personnel des hôpitaux publics a été renforcé dans le but de pouvoir répondre convenablement aux éventuels cas de choléra arrivés de Haïti ou ayant débuté sur le sol dominicain. Le gouvernement a aussi mis en place dès lundi à la frontière un cordon sanitaire de prévention et de collaboration avec Haïti, lequel comprend l'envoi à ce pays de plusieurs tonnes de chlore pour purifier l'eau et la diffusion d'informations élémentaires sur le choléra en espagnol et en créole parallèlement à la diffusion d'un spot radio dans les deux langues. La brochure qui a été distribuée à la frontière commence par la question “Qu'est-ce que le choléra?” (“Kisa kolera -a ye?” en créole) et mentionne les principaux symptômes, les causes et la meilleure manière de prévenir la maladie.
Une autre mesure prise par les autorités dominicaines a été de fermer temporaire un marché binational [NdT : situé à la frontière], ce qui a entraîné des protestations à Haïti, où règne la confusion quant à la situation sanitaire. Rull Fernández, de Duarte 101, s'est fait l'écho de cette situation en publiant les déclarations de la doctoresse Angie Serrano, surprise de l'apparent manque d'informations des Haïtiens:
Ce qui nous surprend, bien sûr, c'est qu'ils se demandent pourquoi il y a autant de contrôles et pourquoi on suspend les échanges. Nous leur disons alors qu'il y a beaucoup de morts du choléra et ils prétendent qu'ils ne savent rien de cela. Il semble que ces personnes n'ont pas accès à l'information.
La réaction que décrit Angie Serrano découle des mesures préventives prises sur la frontière, où pour le moment l'entrée d'aliments cuits en provenance de Haïti est interdite et qui n'accorde l'accès qu'aux Haitiens qui présentent un visa et acceptent de se soumettre aux contrôles sanitaires effectués à la frontière, où l'une des premières exigences est de se laver les mains.
La situation sanitaire à Haïti a empiré peu à peu depuis le 12 janvier de cette année, quand un tremblement de terre de 7 degrés sur l'échelle de Richter a dévasté la capitale, tué plus de 300 000 personnes et plongé le pays dans un profond état d'urgence. Malgré les fonds promis par la communauté internationale et les multiples réunions organisées pour traiter cette question, Haïti n'a toujours pas reçu ces aides, avec pour conséquence que ceux qui ont perdu leurs maisons survivent dans des refuges improvisés où règnent la surpopulation et le manque d'hygiène. Deux facteurs qui ont contribué à l'apparition de cette poussée épidémique de choléra.
Devant les protestations provoquées par la fermeture du marché binational, le Ministère dominicain de la santé publique a réaffirmé hier qu'il s'agit d'une mesure temporaire et qu'actuellement, il à l'autorisation de réouvrir, à condition que les mesures d'hygiène et les contrôles demandés par les autorités sont strictement respectés.
Même si pour le moment aucun cas de choléra n'a été diagnostiqué sur le territoire dominicain, les mesures continuent à se renforcer et la population a pris la situation très au sérieux. Par le biais de Twitter, Al Momento.net informe que les mesures de précautions atteignent déjà les zones touristiques, tandis que Elaine Nivar appelle les Dominicains à attendre et à prendre des précautions. Pour sa part, Julissa María demande de prier pour les malades du choléra à Haïti, où les prévisions ne sont en rien rassurantes : aux dires de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'épidémie de choléra n'a pas encore atteint son pic maximal à Haïti, et il sera difficile de l'éradiquer.