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Bangladesh : les expropriations provoquent une émeute à Rupganj

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Développement, Droit, Droits humains, Environnement, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens, Politique

[Liens en bengali ou en anglais] La population du  Bangladesh augmente et on assiste à une demande croissante de terrains importants pour y construire des logements. Déjà considéré comme un pays densément peuplé, trouver des terres inoccupées pour la construction de complexes immobiliers peut s'avérer être une tâche ardue. Des dirigeants politiques et économiques s'emparent de terrains du gouvernement [1] ou privés [2] et la police ou la loi ne peuvent pas faire grand-chose pour protéger les droits des citoyens en général.

Shahjahan Siraj décrit [3] dans un podcast sur Panos London comment les propriétaires fonciers peuvent être réduits à la mendicité par des conflits fonciers :

Les conflits fonciers sont à eux seuls plus importantes sources de litiges dans les tribunaux,  au  Bangladesh. C'est habituellement celui qui est riche et puissant qui gagne.

Récemment dans l’Upazila [4] de Rupganj [5], près de la capitale Dhaka, les Bangladais ont assisté à une autre manière de saisir des terres. Les protestations des propriétaires fonciers ont tourné au drame car plus de 50 personnes ont été blessées et une autre est décédée (trois autres sont portées disparues) [6] suite à des affrontements avec la police. 10 000 personnes au moins exigeaient l'annulation de la décision du gouvernement d'acquérir environ 5 000 bighas de terres (environ 670 hectares) à Rupganj pour un programme immobilier militaire [7]. La police a porté plainte pour vandalisme contre environ  4000 personnes car elles ont mis le feu [8] à un camp militaire.

Selon les compte-rendus des médias [9], l'armée avait établi quatre camps dans l'Upazila de Rupganj il y a 6 mois et menaient à partir de là des opérations d'acquisition de terres. Les habitants ont déclaré [8]que le personnel de ces camps les forçaient à céder leurs terre à très bas prix.

Les Relations Publiques Inter Services (ISPR) ont prétendu dans un  communiqué de presse [10] qu'un groupe occulte a excité les propriétaires fonciers et les habitants en répandant des rumeurs “hostiles” et “effrayantes” contre l'armée et le programme immobilier militaire dans la région. Elles ont nié l'existence de camps militaires faisant office de bureaux temporaires dirigés par des autorités militaires pour faciliter le projet.

[11]

Carte du projet immobilier de l'armée. Image reproduite avec l'autorisation du blog Dinmojur

Certains blogueurs ont réagi à cette affaire avec colère. Le blogueur Dinmojur sur la plateforme Somewherein Blog décrit en détails [11] le programme immobilier militaire (AHS) et la manière dont l'armée a procédé pour acquérir autant de terres (670 hectares) pour le programme:

জমি কেনা বেচার সামান্য অভিজ্ঞতা যার আছে, তারা সহজেই বুঝবেন, একসাথে এত জমি কখনই সেচ্ছায় মানুষের কাছ থেইকা কিনা যায়না। ভিটাবাড়ি, পারিবারিক কবরস্থান এবং টিকে থাকার একমাত্র অবলম্বন কৃষিজমিটুকু কে-ই বা স্বেচ্ছায় বেচতে চায়! [..]

ফলে আর্মি তেরছা রাস্তা ধরলো। [..] ইউনিফর্ম এর জোর দেখায়া তারা ২৪ টি মৌজায় সব ধরণের জমি কেনা বেচা বন্ধ কইরা দিল। তাগো সাফ কথা, জমি যদি কেউ বেচতে চায় তাইলে সেনাবাহিনীর কাছে বেচতে হইব। আর জোর জবরদস্তিই যখন করতেই হইল তখন আবার ন্যায্য দাম কিসের?

Ceux qui ont la plus infime idée de comment on achète et vend des terres [au Bangladesh] savent qu'on ne peut jamais acheter toutes ces terres à la fois sans utiliser la force. Tous les propriétaires ne voudront pas vendre la maison de leurs ancêtres, les tombes de la famille et leur moyens de subsistance.  [..]

C'est pourquoi l'armée a adopté la méthode dure. [..] Pour montrer le pouvoir que leur confèrent leurs uniformes, ils ont arrêté tout achat-vente de terres dans 24 moujas. Ils n'avaient qu'une exigence : si quelqu'un voulait vendre des terres, alors, il devait les céder à l'armée. Et comme ils devaient affirmer leur pouvoir, pourquoi les auraient-il acheté à un juste prix ?

Le blogueur fournit la preuve que l'approbation officielle du programme par les autorités foncières est encore en attente. Mais le programme immobilier AHS de l'armée a déjà perçu les acomptes versés par des acheteurs potentiels – dont beaucoup d'officiers de l'armée de terre. Le blogueur souligne aussi [12] l'importance des intérêts économiques de l'armée bangladaise. Un récent documentaire de la BBC a montré [13] comment elle était devenue un puissant conglomérat économique.

Cependant, le blogueur Osthir Prithibi remet en cause [14] de son côté les critiques et les jugements négatifs  à outrance contre l'armée et demande qu'on ne tire pas de conclusions hâtives sans disposer d'informations suffisantes.

Le blogueur et journaliste Maskwaith Ahsan, sur la plateforme Somewherein Blog, confie son dégoût [15]de la politique, au-delà de l'incident et du jeu des responsabilités :

এখনো আমরা চালাক মানুষরা ভাবছি,আগুন লেগেছে রুপগঞ্জে। আমাদের কী। আগুন কতো দ্রুত আপনার চৌকাঠে আসতে পারে তাতো জানিনা আমরা। আমাদের বালিতে মুখ গুজে দেশপ্রেম বিলাসের নিষ্কর্মতায় আমরা নূরহোসেন, রিসিল, জামালদের লাশের অংক কষে যখন ব্রেকিং নিউজ দেখছি,

তখন যুদ্ধাপরাধীরা রুপগঞ্জের ঘটনাকে কীভাবে ঘোলা করে যুদ্ধাপরাধীদের বিচার পন্ড করা যায় তার রেসিপি তৈরী করছে।বিএনপি এখন ত্যানা পেচিয়ে আওয়ামী লীগকে অজনপ্রিয় করে তুলবে। কারণ বিএনপির শয়নে সপনে জাগরণে শুধু ক্ষমতায় যাওয়া। দেশের চেয়ে দল বড়। মানুষের চেয়ে জমি বড়।

Nous qui sommes des gens intelligents, réfléchissons encore – il y a un incendie à Rupganj, et après ! Nous ne savons pas quand cet incendie se propagera à nos maisons. Nous adoptons la politique de l'autruche par notre passivité et notre inaction et nous regardons le décompte du flash info à la télé… Nur Hussain, Richil, Jamal.. tous ces morts…

Alors, les criminels de guerre vont essayer d'exploiter cet incident pour arrêter le procès contre eux, BNP (le parti d'opposition) va essayer de ruiner la popularité de la ligue Awami (le parti dirigeant). Parce que le seul but de BNP, c'est de revenir au pouvoir. Le parti est plus important que le pays. Et bien sûr, les terres sont plus importantes que les gens.

Mustak Khasru sur Somewhere In Blog écrit [16] :

ষোল কোটি চৌচল্লিশ লক্ষ মানুষ যে দেশে বসবাস করে সেই দেশে ভুমি অধিগ্রহনের জুজুটি আইন করে বন্ধ করে দিতে হবে। [..] কৃষি নির্ভর দেশের আবাদী জমির পরিমান জ্যামিতিক হারে কমছে তা এখনি বন্ধ করতে না পারলে সামনে মানুষ মানুষের মাংশ খেতেও দ্বিধা করবে না।

La loi sur l'acquisition des terres dans un pays de 166.4 millions de personnes devrait être abrogée. Les terres cultivables dans ce pays qui dépend de l'agriculture diminuent de façon exponentielle. Si nous ne pouvons arrêter cela, les gens auront faim et ils se transformeront en bêtes sauvages.
Les émeutes de Rupganj ont peut-être permis aux Bangladais de réaliser que la petite bourgeoisie a surmonté sa crainte de l'armée dans ce pays démocratique, mais que la classe moyenne, qui est lasse, doit se réveiller.