[Liens en arabe ou en anglais] La deuxième série de séminaires sur le projet de recherche sur les tabous (Exploring Taboos project) a été récemment organisé au Caire par l'équipe de Nazra et par les blogueurs qui ont participé à la première session sur l'étude des tabous sociaux en Égypte. Sous le titre “Sexual Rabies” (Rages sexuelles), le blogueur Freedom Fighter (Combattant pour la liberté) a publié un billet sur un des cas de harcèlement sexuels qui ont eu lieu au début du mois d'octobre, pendant que les fidèles célébraient la fête musulmane de l'Aïd. A son retour au Caire, après avoir passé quelque temps à Londres pour un séminaire de formation, il a trouvé de mauvaises nouvelles [en arabe]:
زي عادة كل عيد تحرشات جماعية وهجوم جماعي على بنات غلبانة قرروا لحظهم السيء انهم يخرجوا يروحوا وسط البلد أو أي جنينة يح++تفلوا بالعيد ويتفسحوا عشان يجيلهم حبة حثالة أو مرضى غلبانين يتحرشوا بيهم مع انهم مش لابسين عريان ولا نيلة حجة أي متخلف متحرش مريض منهم .. وطبعا الأمن مقدرش على السعرانين
Le harcèlement sexuel est devenu un phénomène répandu au Caire à l'occasion de chaque Aïd, les filles sont harcelées en général dans les banlieues quand des centaines de garçons et de filles sortent au cinéma, au théâtre ou seulement se promener. A la mi-novembre, les musulmans égyptiens vont célébrer une autre fête d'Aïd.
Le sujet du harcèlement sexuel est traité par les médias citoyens égyptiens depuis longtemps en Égypte. En 2006, des blogueurs avaient publié des vidéos sur le harcèlement de masse qui avaient eu lieu dans les rues, attirant l'attention de médias plus importants. Plus tard, en 2009, Facebook a servi de plateforme pour une campagne invitant à instaurer une Journée nationale contre le harcèlement sexuel en Égypte.
Le blogueur a aussi mentionné les résultats d’une enquête [.PDF] effectuée par le Conseil pour la population qui a trouvé que 80% des garçons (de 25 à 29 ans) en Égypte pensent que les filles qui sont victimes de viol en portent une part de responsabilité car “elles devraient s'habiller plus sobrement”.
Aujourd'hui, la plupart des filles portent des foulards, bien que cela ne fasse aucune différence lorsqu'il s'agit de harcèlement sexuel dans les rues. Une étude du Egyptian Center for Women Rights (Centre égyptien pour les droits des femmes) a trouvé en 2008 que 83 pour cent des femmes égyptiennes ont déclaré avoir été harcelées.
Un nombre croissant de jeunes sont contre ce harcèlement, y compris des filles qui ne s'habillent pas “sobrement”. Une page Facebook appelée “I Will Not Wear The Veil, And You Will Behave!” (Je ne porterai pas le voile et toi tu te comporteras bien) a plus de 3 000 membres et une autre page appelée ‘What do you Gain by Harassing a Woman?’(Que gagnes-tu en harcelant une femme?) a plus de 1 000 membres.
Freedom Fighter a mené une analyse approfondie sur les femmes qui réagissent et il a trouvé que seulement 3 pour cent des femmes déposent plainte à la police en cas d'agression ou de harcèlement. Il raconte l'histoire de Noha Roshdy, qui a été agressée sexuellement, mais a décidé de porter plainte contre l'agresseur qui a fini en prison avec une condamnation de trois ans :
خير مثال على ذلك قضية نهى رشدي أول واحدة ترفع قضية ضد متحرش وشفنا الناس كان باصنلها ازاي عشان مش محجبة و في القسم قالولها عيب تفضحي نفسك وتراجعي عن المحضر لكنها كانت أجدع من كل الناس دي وخدت حقها
En conclusion, le blogueur n'est pas trop pessimiste, puisqu'il a rencontré de nombreux Égyptiens qui n'acceptent pas cette justification des agressions sexuelles et du harcèlement, et des militants qui cherchent à faire punir lourdement les agresseurs. Un projet a été lancé récemment pour contribuer à localiser les cas de harcèlements et d'agressions sexuels en Égypte par l'envoi de texto.