L'université d'Antioquia, à Medellin, a une nouvelle fois été le théâtre d'affrontements triangulaires entre les forces de police gouvernementales, des groupes d'insurgés et des étudiants. Défendant leur droit à étudier dans un environnement non-violent, les étudiants ont remporté une sorte de victoire en expulsant de leur campus la police anti-émeutes.
Pablo Rendón était sur place au moment des faits et s'est servi de son téléphone portable pour diffuser en ligne et au fur et à mesure le déroulement des événements [en espagnol comme l'ensemble des liens du billet]. La vidéo est de mauvaise qualité et il y a des coupures de son, mais durant les émeutes, Pablo était l'une des principales sources d'informations sur ce qui se passait à l'intérieur de l'université :
Sur l'enregistrement, on peut entendre Pablo Rendón (@prendon sur Twitter) expliquer comment les étudiants ont décidé de s'unir afin de mettre la police antiémeutes hors du campus, en chantant et en psalmodiant lors de ce qu'il estime être une manifestation pacifique. Jeudi 11 novembre, il annonce son passage le soir dans l'émission TodoloqueHay, diffusée sur Internet, afin de s'exprimer sur la situation en cours à l'université d'Antioquia.
Depuis quelques mois, l'université subit une vive tension liée à la guérilla et au trafic de drogue ayant lieu au sein même du campus, mais aussi aux mesures de sécurité prises pour endiguer ces phénomènes. Des mesures qui n'ont semble-t-il pas été appréciées par certains groupes armés : mardi 9 novembre, un groupe d'individus masqués, et supposés membres des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), s'est introduit dans l'université, a causé des dégâts matériels et déposé un engin explosif dans les toilettes. C'est à la suite de cette action que le gouvernement a décidé de déployer les forces anti-émeutes et de boucler l'université.
Cette vidéo montre des jeunes gens masqués en train de détruire une caméra de surveillance dans la bibliothèque. Plus loin, on les voit jeter des bombes artisanales et mettre en pièces deux ordinateurs portables situés à l'entrée du campus et servant à vérifier l'identité des étudiants. A la fin de la vidéo, l'une des personnes masquée fracasse sur le sol ce qui pourrait être l'un des ordinateurs :
Apparemment, les étudiants en ont eu assez de cette situation les empêchant de travailler librement. Le campus subit des grèves, des coupes budgétaires, des actes de violence et, par dessus le marché, les étudiants sont quotidiennement confrontés à la présence de forces armées déployées tout autour de l'université, sans que cela ne résolve les problèmes. Les enseignants ont rédigé un communiqué de presse, publié sur Facebook, dans lequel ils évoquent les événement du mardi 9 novembre :
La tensa calma que venía imperando fue rota por esta acción abrupta a la cual respondió el Esmad cuyo cerco sobre el campus ha sido permanente, aun a pesar de la posición de la Asociación de Profesores en el sentido de rechazar toda forma de violencia venga de donde viniere y de invocar canales dialógicos y de construcción de acuerdos.
Dans la matinée du jeudi 11 novembre, l'administration a organisé un rassemblement pour condamner les violences. La police antiémeutes était postée à l'extérieur lorsqu'un engin explosif a sauté à l'intérieur du campus. Voici ce que Pablo (@prendon) écrit sur Twitter :
Manifestación en contra de la violencia. Suena una papabomba. Asistentes aplauden. Absurdo. #udea
Une autre vidéo fait le point sur le sujet, diffusée cette fois sur le site internet d'information de l'université De la urbe digital :
Sur l’album mis en ligne par le groupe Facebook Que Pasa UdeA, on peut voir de nombreuses photos des événements de jeudi, lorsque les étudiants font face à la police antiémeutes ou aux forces de l'Esmad, et lire des commentaires qui en disent long sur les sentiments suscités par tout cela. Ju Carvajal n'est pas d'accord, par exemple, avec l'idée selon laquelle l'Esmad a été mise dehors de l'université de manière “pacifique” :
A mi no me parecio que los rechazaran de “forma pacifica” los que lideraban ese movimiento estaban exageradamente alterados, vi a uno de ellos, como un gallo de pelea, a alguien que le dijo algo, parecia que le queria pegar, y los insultos a los del esmad, tampoco son de forma pacifica, ojala se enfrentaran asi a los capuchos.
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