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Guinée : trois jours de violences post électorales

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Guinée, Élections, Ethnicité et racisme, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Politique

La Guinée vient de connaitre cette semaine trois jours de violences qui ont fait au moins 7 morts [1] après la proclamation des résultats d'une élection présidentielle qui maintient le pays dans une grande tension depuis des mois. Après un 1er tour contesté le 27 juin, le deuxième tour de la présidentielle [2] – qui devait se tenir initialement le 19 septembre mais a été repoussé – a finalement porté au pouvoir le 7 novembre dernier l’opposant historique Alpha Condé [3](RPG) avec 52, 52% des suffrages contre 47,48% à Cellou D. Diallo [4] (UFDG).

Image du site de campagne de Alpha Condé

Ce n'est pas ce que laissait présager les résultats du premier tour, que nous pouvons lire sur Lejourguinée [5] :

Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé [étaient] accrédités respectivement de 43,69% et 18,25% des voix à l'issue du premier tour tenu le 27 juin.

Alors, comme le disent les partisans de Cellou Dalein Diallo toutes les autres ethnies du pays auraient-elles voté contre lui parce qu'il est Peul [6], et candidat de l'ethnie majoritaire (35 % [7]) du pays ?

Affiche électorale de Cellou Dalein Diallo

Le 17 novembre, le site Guinée Libre [8] , pro-Diallo, mettait en cause :

… le nettoyage ethnique dirigé contre les peuls dans les préfectures de Siguiri et de Kouroussa qui a empêché ces derniers de participer au vote dans ces régions.

La victoire de Alpha Condé n'était pas non plus, sous-entendait le blog Survie [9] dès le 10 septembre, le souhait de la Françafrique [10]entre les deux tours :

Nous sommes heureux d’apprendre que Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, a un favori pour l’élection présidentielle guinéenne. Ex-cadre de la Banque centrale et ancien Premier ministre sous Lansana Conté [11] (décembre 2004-avril 2006), Cellou Dalein Diallo lui a été présenté par Robert Bourgi [12] et il s’est déjà entretenu une dizaine de fois avec lui (selon Jeune Afrique du 1er août 2010).

La Guinée aurait alors par le choix de Alpha Condé, encore une fois dit « non » à l’influence de l'ancienne puissance coloniale comme en 1958 [13]. Mais cela ne se passerait pas mieux, comme le montre les violences qui ont suivi la proclamation des résultats. Le mardi 16 novembre, Africaguinée.com [14] déplorait :

Violences en Guinée: 2 nouveaux morts …

Le lendemain, 17 novembre, Africaguinée.com  informait qu’un couvre-feu [15] avait été instauré par le premier ministre par intérim dans le fief de Cellou Dalein Diallo pour tenter de reprendre le contrôle de la situation :

Jean-Marie Doré impose le couvre feu dans plusieurs villes du Foutah…

Le calme ne revenant pas, le 18, le site Net-A-Li faisait état de mesures nationales [16]:

Le général Sékouba Konaté a instauré mercredi, l’état d’urgence en Guinée, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle. Les affrontements postélectoraux ont installé l’insécurité dans le pays, faisant ainsi 7 morts en trois jours. Cette décision du président Konaté vise à éviter de nouvelles violences dans le pays. Et elle fait suite à celle du premier ministre Jean Marie Doré qui a décrété mardi soir, un couvre-feu.

On peut noter que beaucoup ont appelé au calme par l’intermédiaire des blogs [17],  et une intervention du Président du Sénégal, signalée par le site d'informations Seneweb [18] :

Wade s’est entretenu avec Alpha, Cellou et Jean Marie Doré pour ’’une issue rapide à la crise’’

Sont également otages de la situation les journalistes guinéens. Sur le site de Radio-Kakan [17] on pouvait lire :

… a le regret d’informer la population guinéenne que plusieurs de ses membres ont été inquiétés par des groupes d’individus qui ont menacés leurs journalistes, molestés et blessés certains d’entre eux, et cherchés à détruire leurs installations.

La plupart des radios sont passées au service minimum, car les journalistes et les animateurs ne peuvent se déplacer librement de peur d’être attaqués.

Jeudi 18 au soir, alors que le pays venait de connaître trois jours de violence, Aminata.com [19] saluait un mieux :

Crise postélectorale: Le calme revient peu à peu!

C'est sur de rares comptes Twitter que l'on trouve des informations sur la situation heure par heure dans la capitale. Au soir du jeudi 18 novembre, @willoxh [20] faisait aussi état d'un retour progressif au calme :

Kaporo: Bon, 18h23… ça commence à tirer (pour faire rentrer les gens chez eux) #guinee [21]

Conakry: Lycée Albert Camus – Reprise des cours le 22/11 (sauf contre ordre) #guinee [21]

Conakry: Air France reprogramme ses vols dès demain, avec des arrivées à Conakry prévues les samedi, lundi, mardi et jeudi à 07h30 #guinee [21]

Le vendredi 19 au soir, il remarquait [22]que le couvre-feu était respecté  :

Kaporo: pas un seul tir depuis 18h00 (début du couvre feu) :o))