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Cambodge : les leçons du drame de la Fête de l'eau

Catégories: Asie de l'Est, Cambodge, Action humanitaire, Catastrophe naturelle/attentat, Gouvernance, Médias citoyens, Santé

Les autres années, à cette période-ci, les Cambodgiens se racontaient des histoires des vacances et comment ils avaient célébré de manière heureuse la Fête de l'eau. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Les Cambodgiens sont encore en deuil des 347 personnes mortes dans la tragédie de la bousculade [1] qui s'est déroulée au pont Koh Pich.

Les médias en ligne et même les réseaux sociaux cambodgiens ont été utilisés pour publier des informations et des mises à jour, pour lancer des appels à l'aide et pour exprimer les condoléances aux familles des victimes. Des responsables du gouvernement, des organisations de la société civile, des réseaux de jeunes et de simples citoyens se sont joints à de nombreuses initiatives pour aider ceux qui étaient hospitalisés dans les hôpitaux et pour aider les membres des familles.

Il y a des controverses sur, par exemple, la responsabilité du gouvernement pour n'avoir pas  protégé et assuré la sécurité des citoyens, mais de nombreux Cambodgiens considèrent aussi la tragédie comme une opportunité pour apprendre plutôt que pour chercher qui blâmer.

Un utilisateur cambodgien de Facebook, Sreng Sopheap [2], de Ratanakiri, dans la partie nord-est du Cambodge, écrit :

Ce n'est pas le moment de chercher qui blâmer, mais plutôt de trouver les moyens de soigner les cœurs brisés à l'intérieur. Une leçon à apprendre, mais qui ne devrait pas être celle du blâme ….

Un autre utilisateur de Facebook Samsokrith Chhaly [3], qui se présente comme un volontaire du comité d'organisation de 2010 Barcamp Phnom Penh [4], demande aux lecteurs de considérer ceux qui sont morts lors de la Fête de l'eau comme des héros :

Ne pensons pas à eux comme à de “malheureuses victimes”… mais pensons à eux comme à des “héros d'un accident.” Leur mort nous a donné une leçon qui n'a pas de prix….

Cet accident doit constituer une leçon pour le gouvernement, pour mettre en place un système de gestion des risques dans le pays. Plusieurs internautes ont fait de nombreuses bonnes suggestions.

Sophary Noy a dressé sa liste de ses recommandations sur sa page Facebook :

A cause du grand nombre de victimes innocentes mortes @KohPich pendant cette fête, le gouvernement devrait adopter des mesures de protection de la population, comme l'installation de poste de secours tous les 200 – 300 m, la création de voies d'accès pour les ambulances. Chaque victime coute cher et c'est une perte pour la nation. Avec des ajustements et des corrections, nous pourrions éviter des pertes en vies humaines inutiles pendant les cinq prochaines années. Petit-à-petit, nous pourrions changer la culture du blâme et revitaliser celle de la prise de responsabilité.

De même, Norbert Klein [5], fondateur de The Mirror [6] (Le Miroir), a aussi fait des suggestions et des rappels au gouvernement sur la gestion des désastres:

C'est triste ce qui est arrivé avec ces 339 victimes (et probablement il y en aura plus), et je me demande si ces préoccupations vont conduire à une sérieuse analyse des raisons de la tragédie – et elle pourrait aboutir à des changements fondamentaux dans la gestion de la sécurité. La sécurité pendant les grands rassemblements de foules, mais aussi pour les nombreux nouveaux immeubles qui s'élèvent, où les sapeurs-pompiers ne peuvent pas arriver avec leurs équipements actuels. Ces nouveaux édifices sont en effet plus élevés que leurs échelles.

Dans une interview à Radio Free Asia (Radio Asie libre), Ouk Vanna, expert en tourisme, a relevé le manque de  professionnalisme dans la gestion des événements et l'absence d'une culture de gestion des risques au Cambodge.

[…] ការ​រៀប​គម្រោង​មេ ដើម្បី​ការពារ​ហានិភ័យ​ឲ្យ​បាន​ខ្ពស់​បំផុត គួរ​អនុលោម​​តាម​និយាម​អន្តជាតិ ដូចជា​សិក្សា​ភាព​ហានិភ័យ​លើ​ទីតាំង​ឲ្យ​បាន​សុក្រឹត រៀបចំ​កម្លាំង​ការពារ​សង្គ្រោះ​ឲ្យ​សមាមាត្រ​ទៅ​នឹង​ចំនួន​មនុស្ស​ដើរ​ កម្សាន្ត ឬ​ចំនួន​អ្នក​ទេសចរ ហ្វឹកហ្វឺន​ជំនាញ​បច្ចេកទេស​ដល់​កម្លាំង​សន្តិសុខ​លើ​ផ្នែក​នីមួយៗ និង​រៀបចំ​ក្រុម​បម្រុង​ដើម្បី​បង្ការ និង​សង្គ្រោះ​ពេល​មាន​ហានិភ័យ​ដែល​អាច​កើត​ឡើង​ជាយថាហេតុ​នៅ​នឹង​កន្លែង រៀប​ចំ​ស្លាក​សញ្ញា​បង្ហាញ​ផ្លូវ​ថ្មើរ​ជើង ត្រួត​ពិនិត្យ​ចរន្ត​មនុស្ស​ជា​ប្រចាំ​តាំង​ពី​ដើម​ដល់​ចប់​កម្មវិធី។[…]

[…]Un plan directeur de la gestion des risques respectant les normes internationales devrait être mis au point incluant : une étude détaillée des risques dans les endroits où des événements publics sont prévus ; la préparation d'un groupe de sauveteurs à la mesure de l'affluence prévue et du nombre de touristes ; des cycles de formation et une préparation poussée des gardes de sécurité et des groupes de protection civile lorsque des risques sont prévisibles, déployés dans ces endroits lors de ces événements; des informations bien visibles de manière à ce que les gens sachent où aller et un suivi attentif des mouvements de la foule du début à la fin […]

Le gouvernement, soutenus par les médias traditionnels, a réagi rapidement pour aider les victimes et les membres de leurs familles en prenant en charge les frais d'hospitalisation, de transport des dépouilles et des cérémonies funéraires, mais des cas de racket parmi le personnel qui devait assister les victimes ont été signalés.  On manque visiblement infrastructures pour faire face à un tel afflux de blessés dans les hopitaux en même temps.  Des questions restent toujours posées sur la responsabilité du gouvernement, sur des fonds d'assistance aux victimes qui puissent directement les aider et sur une réforme instaurant  la gestion des désastres.