- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Kenya : Réactions de blogueurs aux mémos WikiLeaks

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Kenya, Cyber-activisme, Liberté d'expression, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

[liens en anglais] Les Kenyans ont fêté dimanche 12 décembre 2010 leurs 47 ans de République. Les allocutions des dirigeants, dont le président kenyan Mwai Kibaki, le premier ministre Raila Odinga et le vice-président Kalonzo Musyoka de la coalition au pouvoir ont été marqués par des déclarations sèches et cinglantes contre l'ambassadeur américain au Kenya Michael E.Ranneberger [1], à la suite des dernières séries de câbles WikiLeaks [2] émanant de l'ambassade à Nairobi.

Les opinions des blogueurs kenyans sur les télégrammes de WikiLeaks restent cependant quelque peu ambivalentes. Odegle Nyang affirme dans son article “Sur WikiLeaks et la sécurité [3]” :

Je dois l'admettre, je ne suis pas très au clair avec les arguments sur l'histoire de wikileaks. Si j'étais un juge examinant cette affaire, je ne tarderais pas à me récuser. Mais je continue à la trouver tout à fait intrigante. Qui a tort ici, est-ce Assange (dont l'occident a du mal à prononcer le nom) ou est-ce les diplomates ? En un sens on pourrait même dire ni l'un ni les autres. Simplement parce que chacun a le droit d'avoir son opinion et que l'opinion des diplomates sur leurs missions n'est que cela, leur opinion.

Les secrets devraient rester des secrets [4] :

Wikileaks n'avait pas à divulguer cela dans le monde. C'est à mon avis stupide, infantile et parfaitement irresponsable. Chacun a des pensées secrètes, c'est naturel et une grâce de Dieu. Si Dieu voulait que chacun de nous connaisse ce que les autres pensent de nous, il aurait fait de nous des êtres supérieurs capables de cela précisément. En fait je pense que les câbles sur ce que les autres diplomates pensent des USA sont peut-être pires que ce que nous avons lu jusqu'à présent.

Pour Otieno Hongo le contenu des télégrammes n'ont rien d'amusant en réalité, il affirme [5] :

J'ai retenu mon souffle pour voir s'il allait sortir quelque chose de sensationnel de Wiki Leaks sur le Kenya la semaine dernière, mais je n'ai vu aucun ‘tremblement de terre’, sauf à constater …. que le Kenya est certes un marécage de corruption et que nous avons facilité l'exportation de matériel militaire au Sud Soudan, en contravention à un accord de paix que nous avions contribué à bâtir…

Il a quelques questions [5] pour Julian Assange [6] :

1. Le gouvernement américain (de mèche avec les hommes politiques kenyans clés) est-il derrière le bourgeonnement de radios FM et de séries télé mexicaines, deux institutions qui ont fait plus pour promouvoir la bêtise dans la population générale que n'y ont réussi les écoles, avec pour but de maintenir la totalité de la population centrée sur les futilités et la consommation, ainsi rendue incapable de s'apercevoir qu'elle est saignée par les politiciens et les grosses entreprises

2. Le gouvernement américain pense-t-il que William Ruto et Alfred Mutua sont idiots de naissance ou ont-ils travaillé dur pour ce résultat ? Alfred Mutua est-il un espion américain implanté par le gouvernement des USA pour donner l'air idiot aux Kenyans en général de façon à ce que personne ne nous prenne au sérieux ?

[7]

Le gouvernement américain, selon le dessinateur Patrick Gathara

Gathara soutient que [8] les attaques contre WikiLeaks font partie d'une tendance mondiale à la limitation des libertés des média. Il dit qu'il est hypocrite de la part des Etats-Unis d'accueillir la Journée mondiale de la liberté de la presse en 2011 :

C'est donc un tantinet hypocrite pour les USA d'accueillir la Journée mondiale de la liberté de la presse en 2011 afin, selon un article en ligne, de “prouver leur engagement à élargir la liberté de la presse et le libre flux de l'information en cette ère numérique.” Le thème de la commémoration sera “Médias du 21ème siècle : Nouvelles Frontières, Nouvelles Barrières”. Ce sera peut-être l'occasion parfaite de méditer pourquoi les gouvernements des sociétés pionnières des libertés de la presse au siècle dernier sont devenus les nouveaux obstacles à l'extension de ces mêmes libertés dans celui-ci.

Aussi diverses que soient les opinions pour l'instant, nul doute que plus il y aura de câbles WikiLeaks de publiés, plus nous verrons de discussions sur la blogosphère kenyane. [9]