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Porto Rico : l'Université occupée par la Police

Catégories: Amérique latine, Porto Rico (U.S.A), Dernière Heure, Education, Jeunesse, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Pour la première fois depuis 1981 [1] [liens en anglais ou en espagnol] la Police de Porto Rico a pénétré sur le campus principal de l'Université de Porto Rico [2] dont le Président a déclaré qu'elle “est ici pour garantir les droits de ceux qui veulent aller en classe.”  Cela se passait juste quelques heures après la conclusion d’un blocage de deux jours par les étudiants [3]. De plus, il a été annoncé que la présence de la police sur le campus serait illimitée [4].

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La police à l'une des entrées du campus de Río Piedras. Photo prise par Ricardo Alcaraz de Diálogo. Republiée sous une licence Creative Commons.*

La professeur et blogueuse Érika Fontánez Torres de Poder, Espacio y Ambiente [6] exprimait son inquiétude [7] sur l'arrivée de la police sur le campus :

Repudiamos y protestamos enfática y totalmente, la ocupación de la Universidad de Puerto Rico por la Policía. ¿Cuánto más hará esta administración para arrebatarnos y destruir nuestra Universidad?. Basta ya.

Nous désavouons et protestons clairement et totalement contre l'occupation de l'Université de Porto Rico par la police. Que fera d'autre ce gouvernement pour prendre et détruire notre Université? Ça suffit.

La publication en ligne 80grados [8] a diffusé un communiqué [9] du Comité d'action des étudiants en Droit, qui appelle les étudiants à ne pas entrer sur le campus jusqu'à ce que la police en sorte :

Hoy, debemos negarnos a entrar al Recinto de Río Piedras, y a todos los demás Recintos del Sistema de la UPR hasta tanto se retire la Policía de Puerto Rico de sus inmediaciones. De lo contrario, habremos condonado la muerte de nuestra Política de No Confrontación y de nuestra autonomía universitaria. No esperemos la muerte de una nueva Antonia Martínez, abatida a tiros por los fuerzas del Estado para defender nuestra Institución.

Aujourd'hui, nous devons refuser d'entrer sur le campus de Río Piedras, et tous les autres campus du complexe de l'Université de Puerto Rico, jusqu'à ce que la Police de Puerto Rico se retire des lieux. Autrement, nous cautionnerions la mort de notre politique de non-confrontation et d'autonomie de notre université. Nous ne devons pas attendre la mort d'une autre Antonia Martínez, tuée par les tirs des forces de l'Etat, pour défendre notre institution.

Antonia Martínez était une étudiante de 21 ans tuée lors de l'intervention de la police anti-émeutes dans une manifestation étudiante à Río Piedras en 1970 [10].

Malgré les requêtes et les inquiétudes des étudiants et des professeurs, la police est restée sur le campus. Le journaliste Rafael Lenín Pérez [11] en a parlé [12] sur Twitter :

Reportan estudiantes que están cogiendo clases en RP que policías estatales son la orden en los pasillos cerca de salones

Les étudiants suivant des cours à Río Piedras rapportent que l'on croise souvent des policiers dans les couloirs près des salles de classe.

D'autres, à l'intérieur du campus, protestent sur Twitter contre cette présence policière. L'utilisatrice Twitter Astrid Cruz explique ce qu'elle ressent en marchant dans le campus [13]:

J'adore TELLEMENT me promener sur le campus avec les gardes de la fac+les gardes privés+les patrouilles de police surveillant chacun de mes mouvements. Police d'état, y a quelqu'un? #LuchaUPR

Une assemblée de professeurs avait exhorté les deux camps à déclarer une trêve pour le bien de l'université. La publication numérique 80grados [8] a diffusé leur déclaration:

La Universidad de Puerto Rico no puede ser forzada a escoger entre la intransigencia de la administración o la intransigencia de los estudiantes.

L'Université de Puerto Rico ne peut pas être forcée de choisir entre l'intransigeance de l'administration et l'intransigeance des étudiants.

Se exhorta al Presidente y a la Junta de Síndicos que retire inmediatamente la Policía de la Universidad y a los estudiantes que pospongan indefinidamente su voto de huelga. Se exhorta, asimismo, al Presidente y a la Junta de Síndicos que se reúnan cuanto antes con los representantes del estudiantado y se inicie de inmediato un proceso de diálogo con la intención expresa de forjar acuerdos basados en el sacrificio mutuo, en la capacidad de cada cual de ceder, de escuchar al otro y de compartir responsabilidades. Lo que está en juego es nada menos que la sobrevivencia de la Universidad.

Nous exhortons le Président et le Conseil d'administration à retirer immédiatement la Police de l'Université, et les étudiants de reporter à une date indéterminée leur vote sur la grève. Nous demandons également au Président et au Conseil d'Administration de se réunir aussi vite que possible avec les représentants des étudiants et qu'un dialogue soit immédiatement instauré avec l'intention expresse de construire des accords basés sur des concessions mutuelles, dans la capacité de chacun à faire des compromis, écouter l'autre partie et partager les responsabilités. Ce qui est en jeu ici n'est rien de moins que la survie de notre université.

Les étudiants du campus principal avaient voté en assemblée le démarrage de la grève pour le 14 décembre, à moins que les frais d'inscription supplémentaires de 800 dollars US – qui commenceront à être appliqués en janvier – ne soient sipprimés. Le 12 décembre, des milliers de personnes défilaient [14] de la Législature au Palais du Gouverneur à Old San Juan (le secteur colonial de la capitale)  en protestation contre l'imposition de ces frais d'inscription.

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Manifestation contre les frais d'inscription. Photo: Melissa Ortega du blog Desde Adentro. Republiée sous une licence Creative Commons.*

Le Président de l'Université de Puerto Rico, José Ramón de la Torres, avait annoncé une rencontre avec les représentants des conseils d'étudiants pour le 13 décembre [16]. Il restait à voir si les gens garderaient leur sang-froid face à la grève prévue le jour suivant. (NdT: la rencontre entre l'administration et les représentants d'étudiants n'a pas abouti, et au 17 décembre, les étudiants continuent la grève tandis que la police a renforcé ses effectifs sur l'Université, avec notamment un groupe anti-émeutes)

*Photo des officiers de police par Ricardo Alcaraz de Diálogo [17] republiée sous la Licence CC NC-ND 3.0 [18].
*Photo de la manifestation par Melissa Ortega de Desde Adentro [19] republiée sous la Licence CC NC-ND 3.0. [20]
*Veuillez vous reporter à la couverture spéciale de Global Voices [21] sur les grèves des étudiants au cours du dernier semestre pour plus de contexte et d'information.