Wikileaks : les réactions des organisations de défense de la liberté d’expression

Ceci est un billet d'invité, publié sur le blog de Katitza Rodriguez, Directrice des droits internationaux pour l’Electronic Frontier Foundation (EFF).

Cela fait déjà plus de deux semaines [au 16 décembre 2010] que cablegate.wikileaks.org, le site sur lequel ont été publiées les « fuites » sur les échanges entre diplomates américains, a été fermé, bafouant ainsi du même coup, le droit pour Wikileaks de publier d'authentiques informations. Depuis lors, les organisations de défense de la liberté d'expression à travers le monde ont condamné les attaques contre WikiLeaks et ont décidé d’élever leurs voix pour dénoncer les atteintes à cette liberté.

EFF a noté que Wikileaks a en fait été victime d’un certain nombre « d’idéologies politiques » qui tendent à museler toute expression libre sur des questions de politique intérieure. Ainsi, les lecteurs perdent leur droit de lire les informations publiées par Wikileaks, et ceux qui publient des contenus en ligne perdent confiance en ces compagnies qui ont fait la preuve de leur soumission aux pressions politiques en retirant ces contenus  jugés malséants et controversés. EFF a à ce sujet lancé la campagne Say No to Online Censorship (Dites Non à la censure sur Internet), pour essayer d’attirer l’attention et montrer que museler des éditeurs de sites tels que Wikileaks, est une grave atteinte à liberté d’expression.

Pour mieux illustrer ce que diverses organisations, qu’elles soient de défense des droits humains ou non, disent au niveau international, nous avons reproduit ici quelques extraits de leurs propos sur ce sujet.

Les lois internationales sur les droits humains reconnaissent la liberté d’expression.

● Le 10 décembre dernier, lors de la Journée internationale des droits de l’homme, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme y a fait allusion dans son discours : « Bien qu’il ne soit pas clairement établi si ces mesures prises individuellement par des acteurs privés vont directement à l’encontre des obligations des États de respecter le droit à la liberté d’expression, prises de manière générale, elles peuvent être interprétées comme une tentative de censurer la publication d’informations, et donc, par conséquent, de violer le droit à la liberté d’expression de Wikileaks ».

Amnesty International : « La liberté d’expression est universellement reconnue comme un droit humain, ce qui limite le pouvoir d’un État d’interdire la réception et la publication d’informations. Il revient donc aux États de démontrer que toute restriction est à la fois nécessaire et proportionnée, et surtout qu’elle ne met pas en danger le droit à la liberté d’expression lui-même. »

Human Rights First : « Ce problème va bien au-delà du cas particulier de Wikileaks. Peu importe ce que vous pensez de Julian Assange, toute personne qui s’intéresse à la liberté d’Internet devrait se sentir concernée par le fait que, en mettant autant d’énergie à vouloir démolir Wikileaks, ces gouvernements et ces compagnies s’engagent dans une voie qui constitue en fait une menace aux droits fondamentaux ».

Reporter without Borders (Reporters sans frontières) : «  Nous insistons sur le fait que toute restriction à la liberté de divulguer ces documents va affecter la presse toute entière, surtout celle qui a publié dans les moindres détails toutes les informations divulguées par Wikileaks, notamment avec la collaboration de ces cinq quotidiens de renom ».

Plusieurs organisations ont également commenté l’attitude des sociétés qui ont retiré les noms de domaines qu'elles avaient vendus et ont refusé d’héberger, de financer et de permettre l’accès à leurs offres de services Internet à Wikileaks.

Internet Society « Le retrait d’un nom de domaine est un moyen inefficace pour suspendre la communication. Cela contribue tout simplement à saper l’intégrité de l’usage de l’Internet et de ses différentes méthode à l'échelle mondiale.»

ARTICLE 19 : «  Bloquer ou retirer des contenus en ligne, restreindre l'accès au noms de domaines, bloquer les dons, et toutes les autres restrictions à l’accès à l’information devraient être appliquées uniquement suite à une décision de justice, ceci bien sûr en tenant compte des lois en vigueur en matière de liberté d’expression, tant au niveau national qu’international. De telles actions ne devraient pas être le fruit de pressions directes de gouvernements.

Des ONG ont également attiré l’attention sur l’impact de la censure sur Internet au niveau mondial

Human Rights Watch : « Ceci constitue un moment historique pour la liberté d’expression et d’informer tant aux États-Unis qu’ailleurs. Poursuivre Wikileaks pour avoir publié ces fuites va donner l’opportunité à d’autres gouvernements de vouloir en faire autant, particulièrement ceux qui tentent de museler l’opinion sur les questions  politique. »

Reporters Without Borders (Reporters sans Frontière) – “ C’est la première fois, qu’au niveau de la communauté internationale, nous assistions à une tentative de censure d’un site web dévoué aux principes de Transparence. Nous sommes outrés de voir des pays comme la France et les États-Unis ramener leurs différentes politiques en matière de liberté d’expression au même niveau que celles des pays comme la Chine. Nous relevons d’ailleurs le fait que dans des pays comme la France ou les États-Unis, c’est aux tribunaux,  et non aux politiciens de décider si oui ou non un site web doit être fermé. »

Le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) a mis en garde contre le harcèlement dont sont victimes les sites d’informations libanais qui ont publié ces même fuites (sur la diplomatie américaine) après  Wikileaks. Le CPJ a aussi attiré l’attention sur le fait que le gouvernement tunisien a également bloqué l’accès à ce site depuis la Tunisie, tandis qu’en Arabie Saoudite, c’est l’accès au site indépendant Elaph , qui a également publié quelques unes des fuites, qui a été bloqué.

L’EFF se joint aux organisations de défense de la liberté d'expression à travers le monde pour s’opposer aux tentatives de suppression de la liberté d’expression. L’EFF et les activistes du monde entier appellent les utilisateurs d’Internet à s’unir pour défendre la liberté d’expression. Grâce à l’aide de traducteurs bénévoles et de nos collègues, notre campagne contre la censure en ligne a été traduite en plusieurs langues, dont le français, le finnois, l’allemand, l’italien, le portugais, le serbe, l’espagnol et d’autres langues sont envisagées.

Nous devons nous mobiliser pour le droit de publier, lire et débattre d’informations authentiques. La démocratie dépend aussi du droit des personnes à connaître la vérité. Faisons savoir aux gouvernements et aux sociétés commerciales que la liberté de parole est un droit humain qu’ils ne devraient pas supprimer. Nous  sommes tous concernés. Rejoignez-nous !

1 commentaire

  • […] Wikileaks : les réactions des organisations de défense de la liberté d’expression · Global Voi… • Human Rights Watch : « Ceci constitue un moment historique pour la liberté d’expression et d’informer tant aux États-Unis qu’ailleurs. Poursuivre Wikileaks pour avoir publié ces fuites va donner l’opportunité à d’autres gouvernements de vouloir en faire autant, particulièrement ceux qui tentent de museler l’opinion sur les questions politique. » • Reporters Without Borders (Reporters sans Frontière) – “ C’est la première fois, qu’au niveau de la communauté internationale, nous assistions à une tentative de censure d’un site web dévoué aux principes de Transparence. […]

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