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Chili : Les blogueurs discutent de l'avortement thérapeutique

Catégories: Amérique latine, Chili, Droits humains, Médias citoyens, Santé

En décembre 2010, les sénateurs Evelyn Matthei [1] (du parti de droite Union démocrate indépendante [2]) et Fulvio Rossi (du Parti socialiste du Chili [3]) ont présenté une proposition tendant à décriminaliser les avortements thérapeutiques [4], interdits en 1989 sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet [5]. La proposition autorise l'avortement thérapeutique si la mère porte un foetus non viable [6] ou que sa vie est en danger. Les blogueurs discutent de la proposition sur Internet [les blogs cités sont en espagnol].

Dans un billet à plus de 230 commentaires sur le blog Zancada [7], Anita écrit que les femmes ne devraient pas laisser l'Etat décider à leur place sur cette question :

El aborto no tiene por qué llamarse terapéutico para disfrazarlo o transformarlo en una práctica menos “cuestionable”. Creo que es un deber de las mujeres dar nuestra opinión al respecto y no dejar en manos del estado ni de nuestros parlamentarios -cada uno con su opción ética- que decidan por nosotras.

El aborto es un problema de salud pública y debe ser tratado como tal y no utilizado como un tema politico [.]

L'avortement n'a pas, pour être appelé thérapeutique, à se déguiser ou transformer en une pratique moins “discutable”.  Je crois que c'est un devoir pour les femmes de donner notre opinion là-dessus et de ne pas laisser l'Etat ou nos parlementaires – chacun avec ses choix éthiques – décider pour nous.

L'avortement est un problème de santé publique et doit être traité comme tel et non pas utilisé comme thème politique [.]

Sur le Blog del Chago [8], Santiago Mora argue que les groupes religieux ont une grande influence sur l'Etat chilien. Il note que ces groupes nient l'existence des avortements thérapeutiques et ne veulent pas débattre de la question. Et il poursuit ainsi :

Mi opinión es no imponer restricciones basadas en algo de lo cual no soy participe. Pero con el ánimo de no imponer ni siquiera lo que pienso, es conveniente que se legisle y se debata al respecto. Es posible fijar criterios sobre hasta donde si y hasta donde no. Y es necesario.

Mon avis est de pas imposer des restrictions basées sur quelque chose dont je ne suis pas partie prenante. Mais avec l'intention de ne pas même imposer ce que je pense, il convient de légiférer et de débattre à ce sujet. Il est possible d'établir des critères sur les limites. Et c'est nécessaire.

Concernant l'intervention de l'Eglise catholique dans la discussion, Fernando Rodríguez G. écrit [9] :

Aquí no se trata si la Iglesia es o no un poder fáctico. La Iglesia Católica o cualquier otra, como un estamento válido de la sociedad está en su derecho pleno de dar su opinión desde un punto de vista humanista, moral, y teológico, pues esa es su misión. No se le puede excluir por pensar diferente [.]

Il ne s'agit pas de savoir si l'Eglise est ou non un pouvoir réel. L'Eglise catholique ou toute autre institution valide de la société est dans son plein droit de donner son opinion d'un point de vue humaniste, moral et théologique, puisque telle est sa mission. On ne peut l'exclure parce qu'elle pense autrement [.]

A la fin du billet, Fernando donne son opinion sur l'avortement, qu'il qualifie de crime et de “la plus sauvage violation des droits humains.”

L'étudiante en médecine Francisca Crispi écrit en faveur de l'avortement dans Sentidos Comunes [10], arguant que le bon sens devrait l'emporter sur l'idéologie :

La base del aborto terapéutico es la interrupción del embarazo cuando la vida de la madre está en riesgo. Por lo tanto, tenemos que desligarnos de ideologías y aplicar el sentido común para saber que si la madre muere el feto no podrá sobrevivir. Así, la interrupción del embarazo va, paradójicamente, a favor de la vida: la de la madre.

La base de l'avortement thérapeutique est l'interruption de la grossesse lorsque la vie de la mère est en danger. C'est pourquoi nous devons nous dégager des idéologies et appliquer le bon sens pour savoir que si la mère meurt le foetus ne pourra pas survivre. Ainsi, l'interruption de grossesse est, paradoxalement, en faveur de la vie : celle de la mère.

Pour conclure, la blogueuse Sabina Atalaski cite le cas d'une femme enceinte d'in bébé atteint de plusieurs malformations et à qui il manquait la plus grande partie du cerveau [11]. Du fait de l'interdiction des avortements thérapeutiques, la femme a dû aller au bout de sa grossesse. Le bébé mourut quelques heures après la naissance. Elle ajoute [12] :

Pienso en ella y en varias otras que han vivido lo mismo. Algunas han podido aceptarlo con mayor resignación, amparándose en su fe, dándole sentido al sin sentido. Pero otras han quedado destruídas en el proceso. Literalmente. Lo que está claro es que el costo es demasiado alto. Y lo que es más terrible, más incomprensible (al menos para mi), es que la decisión no pueda ser tomada precisamente por aquellas que sufren este drama. A mi nadie me va a convencer que la sociedad, las leyes o un médico tiene más derecho a decidir sobre una materia tan sensible como ésta.

Je pense à elle et à plusieurs autres qui ont vécu la même chose. Certaines ont pu l'accepter avec plus de résignation, en s'appuyant sur leur foi, en donnant du sens à ce qui n'en a pas. Mais d'autres ont été détruites dans le processus. Littéralement. Ce qui est clair, c'est que le coût est trop élevé. Et le plus terrible, le plus incompréhensible (du moins pour moi) est que la décision ne peut pas être prise précisément par celles qui subissent ce drame. Personne ne me convaincra que la société, la loi ou un médecin ont plus de droit à décider dans un domaine aussi sensible que celui-ci.

Les sénateurs du Parti pour la Démocratie (PPD) [13], de centre droit, ont présenté une proposition ajoutant le viol aux circonstances [14] qui autoriseraient un avortement thérapeutique.