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Hongrie : Campagne internationale de blackout

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Hongrie, Cyber-activisme, Droit, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique, Relations internationales, Technologie

L'attention qu'a attirée sur la Hongrie sa nouvelle loi sur les média [1] ne faiblit pas. Les défenseurs hongrois de la liberté d'expression s'efforcent aussi de maintenir un niveau audible de couverture internationale en communiquant sur Internet. Un mouvement appelé Blackout pour la Hongrie [2] a démarré une campagne de 24 heures à partir du 5 janvier contre la nouvelle loi sur les média entrée en vigueur le jour de l'an. Ils déclaraient dans leur manifeste :

Le 21 décembre, le parti qui détient la majorité au parlement hongrois a voté en faveur d'une nouvelle loi sur les média qui est une compilation des lois les plus autoritaires et anti-démocratiques à travers l'Europe, avec des ajouts inquiétants.

Pour manifester notre préoccupation pour les droits fondamentaux et la liberté de parole, nous noircissons pour 24 heures les images de nos profils le 5 janvier.

[3]

Blackout pour la Hongrie a fait la promotion de son initiative sur Twitter sous le hashtag #blackout4hungary [4] ainsi que sur un compte dédié [4].

Le site populaire de torrent The Pirate Bay [5] a aussi montré son soutien à la liberté d'expression sur Internet en Hongrie en substituant à leur logo l'image de profil ‘noircie’. L’événement Facebook [6] a fait apparaître plus de 2.000 adeptes de la campagne, dont beaucoup de non-Hongrois.

Christopher Kullenberg, qui prépare un doctorat à l'université de Goeteborg et est l’auteur [7] de nombreuses études sur la résistance à l'ère d'Internet, a publié un billet [8] sur son blog au sujet de la campagne Blackout pour la Hongrie (en anglais) :

[…] L'origine de cette action est une nouvelle loi draconienne sur les média, qui instaure une agence administrative spéciale traquant les articles “politiquement non équilibrés” ou ce qui va à l'encontre de la “morale commune”. L'agence infligera de lourdes amendes à quiconque ne se conformera pas aux critères des autorités, des amendes à payer immédiatement. Ceci est une catastrophe pour la couverture et les commentaires indépendants à petite échelle. En fait, cela démolit tout ce qu'Internet nous a apporté de bon. […]

La Hongrie détient la présidence de l'UE depuis le 1er janvier. Je crois qu'il est nécessaire de mettre fin à cette folie de censure. Pas seulement par solidarité avec nos amis hongrois, mais pour affirmer que nous ne pouvons tolérer nulle part un tel comportement. […]

Webisztán, d'ordinaire un simple blog dédié à l'internet et aux technologies, est aussi allé de sa réaction [9] (en hongrois) à la nouvelle loi. Un article sur index.hu [10] (en hongrois) a expliqué que même si le gouvernement hongrois a rejeté [11] (en anglais) les critiques, “la portée de la loi n'englobe pas seulement les sites web d'information, mais aussi les sites à usage privé, mettant par là-même les blogs régulièrement mis à jour opérant dans un style proche de la presse – comme Mandiner ou Véleményvezér – en danger d'être soumis à la volonté de l'autorité.” András Koltay, un membre de la commission des média de l’Autorité nationale [hongroise] des média et des communications [12] (en anglais), a indiqué à index.hu qu'on ne pouvait pas encore dire quels contenus devaient être enregistrés auprès de l'autorité. Le blogueur de Webisztán commente ainsi l'article :

[…] Cela me laisse sans mots. L'âge de la subjectivité et de l'autocratie illimitées est peut-être arrivé dans la production de contenus sous .hu. Ou peut-être pas. Mais la possibilité existera, à ce qu'il semble. Si Webisztán était classé blog admissible à l'enregistrement par la vénérée autorité, je lui couperais le sifflet. En tous cas sous .hu. […]

Le site web szalaiannamaria.net [13], qui porte le nom de la présidente emblématique de l'Autorité, Annamária Szalai [14], dirige vers celui de l'Autorité, mais quelques semaines auparavant, une image très injurieuse [15] était la seule chose qu'on y trouvait, avec ces mots : “Gardez votre calme, les gars. Sur un serveur à l'étranger tout est possible.”

Dobray du blog Konzervatórium blog note [16] (en hongrois):

[…] Le problème n'est pas la loi mais l'attitude du Fidesz envers les média : ‘on va leur montrer.’ Créer [l'Autortité], la remplir de représentants du Fidesz, la fixer à sa place, était vraiment un acte éhonté. […]