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Les traducteurs de Global Voices : Sarah Standish

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Sarah Standish

Sarah Standish est une jeune enseignante et blogueuse [1] américaine avec une mission. En plus d’enseigner l’arabe à des lycéens aux États-Unis,  Sarah espère construire un pont entre Orient et Occident et susciter une plus grande compréhension du mode de vie et de la pensée arabes en tant que traductrice pour Global Voices en arabe [2]. J’ai été très impressionnée à la lecture de son profil et j’ai été encore plus impressionnée lorsque j’ai discuté avec elle et c’est ainsi que l’entretien a commencé.

Votre emploi principal a-t-il une relation avec le journalisme ?

Pas du tout. J’enseigne l’arabe à des élèves de lycées aux États-Unis.


Quand et pourquoi avez-vous commencé à tenir un blog ?

J’ai ouvert un blog lorsque je me suis rendue en Syrie pour mes études car j’avais déjà commencé à lire de nombreux blogs syriens bien avant de partir, ce qui m'a encouragé à ouvrir le mien, et aussi parce que je voulais utiliser un moyen de communication simple avec ma famille, mes amis, et mes connaissances restées aux Etats-Unis. Certains d’entre eux étaient enthousiasmés par mon voyage, d’autres se demandaient si je serai en sécurité et d’autres ne connaissaient même pas suffisamment le Moyen-Orient pour avoir des préjugés. Dans tous les cas, je voulais leur montrer un petit peu ce qu’était réellement la vie en Syrie.

Comment avez-vous connu Global Voices et qu’est-ce qui vous a fait vous y intéresser ?

La première rencontre avec Global Voices s’est faite alors que j’écrivais une dissertation sur les blogueurs syriens à l'université. J’avais l’impression de me noyer au milieu de nombreux blogs peu inspirés pour trouver des billets intéressants ; cela a été une bonne nouvelle d’apprendre qu’il existait un site spécifique pour rendre une blogosphère plus facile à appréhender et pour aider les gens à trouver ce qui valait la peine d’être lu. J’ai également particulièrement apprécié que Global Voices ait créé une niche où aucune organisation ou site internet n’opère à ma connaissance. J’ai commencé à écrire pour Global Voices quand  l’un des éditeurs de Global Voices en arabe, avec qui je suis devenue amie en Syrie, m’a demandée si cela m’intéresserait d’effectuer des traductions.

Pourquoi êtes-vous tellement intéressée par la langue arabe ?

J’ai toujours aimé les langues, que cela soit ma langue maternelle ou les autres. J’ai commencé à étudier l’arabe sur un coup de tête à l’université et je me suis aperçue que j'aimais relever le défi d’une langue aussi difficile, en plus de mon envie d'approfondir ma connaissance du Moyen Orient. Plus le temps passait, plus je me suis mise à aimer l’incroyable précision de l'arabe formel, ainsi que l’inventivité et la flexibilité de l'arabe quotidien. Je pense que l’étude de l’arabe et du Moyen Orient a été une leçon d’humilité pour moi : plus j’apprenais de choses sur ces deux sujets, plus je réalisais l'étendue de ce que j’ignorais- et que j’ignore encore.

Vous semblez tellement inspirée par le monde arabe, pensez-vous que cela a changé votre vie en tant que citoyenne américaine ?

Oui, de plusieurs façons. La rencontre de personnes au Moyen Orient qui étaient directement ou indirectement touchées par la politique extérieure américaine m’a fait comprendre le prix parfois terrible de ces politiques sur le plan humain. D’un autre côté, j’ai aussi pris la mesure des ratages et des injustices de  certaines institutions gouvernementales américaines, plus qu'auparavant. Je pense aussi que le fait de me rendre au Moyen Orient m’a montrée simplement ce que cela signifie d’être un citoyen américain, comment un faisceau de pouvoir et de privilèges américains est attaché à chaque citoyen et nous suit dans le monde entier, que nous le voulions ou pas. Être citoyenne américaine signifie que je peux passer presque n’importe quelle frontière, visiter presque n’importe quel pays, ce que des personnes d’autres nationalités ne peuvent pas faire. Cela signifie que j’ai des privilèges dans d’autres pays dont il est possible que les ressortissants de du pays même ne bénéficient pas ; critiquer les dirigeants d’un pays au Moyen Orient m’expose davantage à une expulsion qu’à une incarcération. Et au bout du compte, j’ai toujours la liberté et la possibilité financière de quitter les lieux que j’ai visités. Cela ne résume peut être pas vraiment ce qu’est être un citoyen américain, mais pour moi, cela a vraiment illustré le fait que ma nationalité me donne des privilèges auxquels je n'ai pas particulièrement droit et que toute autre personne devrait avoir également.

Alors, que préférez-vous : enseigner ou écrire sur votre blog ?

Pour moi, ce sont deux choses difficiles à comparer dans la mesure où l’enseignement est un travail et une progression tandis que le fait d’écrire un blog ne devait être qu’un passe-temps. Je pense que c’est la même chose, dans le sens où cela implique dans les deux cas essayer de mettre les idées dans une forme qui les rendent plus acceptables ou plus compréhensibles aux autres personnes. Et dans les deux cas, on n’est pas toujours certains d’être entré en communication avec une partie de ses étudiants ou de ses lecteurs !

Pouvez-vous nous parler de votre expérience au cours du dernier sommet de Global Voices au Chili [3] ? [en anglais et en espagnol]

J’ai été impressionnée par le degré d’ouverture et de démocratie dans la gestion de Global Voices. Je sais que certaines personnes pensent que c’est désormais moins ouvert et moins démocratique que par le passé, mais comparé à d’autres organisations, je pense qu’il y a beaucoup de choses à prendre en exemple. Et bien sûr, cela a été génial de rencontrer en chair et en os tant de personnes avec qui je n’avais communiqué jusque là qu’en ligne !

Comment vous imaginez-vous dans 10 ans ?

Mince alors, c’est une bonne question. Je n’en sais rien ! Avec un peu de chance,  j’aurai compris comment faire atteindre un bon niveau d’arabe en quatre ans aux élèves de lycée. Avec un peu de chance, je ferai partie du petit groupe en plein essor d’enseignants de la langue arabe qui souhaitent intégrer l'arabe dialectal dans l’enseignement de l’arabe standard moderne [4] (la forme écrite de la langue qui est largement enseignée aux Etats-Unis). Et après cela, je ne sais pas ce que je ferai !

En conclusion avez-vous un message pour Global Voices ?

Je voudrais dire que Global Voices a énormément à offrir parce qu’il réussi ce que peu de sites Internet réussissent réellement : il occupe une niche unique, et d’une manière exemplaire. Je voudrais également dire que je souhaite que la communauté continue à être aussi – voire encore plus -démocratique et ouverte  dans les années à venir et qu’il réussisse à présenter les opinions des blogueurs d’une façon si passionnante qu’encore plus de lecteurs le liront.

En conclusion, je souhaite remercier Sarah pour son aide et son travail.

Par شمس أحمد [5] · Traduit de l’arabe vers l’anglais par Shams Ahmad [6]