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Venezuela: Réactions aux commentaires de l'OEA sur la loi d'habilitation

Catégories: Amérique latine, Venezuela, Médias citoyens, Politique

Le Venezuela a commencé l'année en pleine polémique sur la “Loi sur les universités” [1] et une “Loi d'habilitation” [2] très controversée. Il y a quelques mois, les Vénézuéliens sont allés encore aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée nationale [3] qui a vu l'opposition gagner une majorité de voix (52%), mais pas la majorité des sièges à cause de la réforme de la loi organique sur le processus électoral.

C'est dans ce contexte que les députés étaient prêts à entrer en fonction et remplir leur devoir dans la nouvelle Assemblée le 5 janvier 2011. Cependant, le 17 décembre l'actuelle assemblée nationale a approuvé une loi organique attribuant au Pésident Hugo Chavez le pouvoir de gouverner par décret [4] [en anglais comme les liens précédents] jusqu'au milieu de 2012, année de l'électorale présidentielle. Le député Carlos Escarrá explique que c'est le chef de l'exécutif qui l’a demandé [5] [en espagnol], “pour gérer de manière plus efficace les destructions dues aux pluies intenses [6] de la fin de 2010.

Le blogueur Miguel Octavio du blog The Devil's Excrement [7] (Excrément du diable, en anglais) croit que la loi organique est une “pantomime” du Président Chávez.

[…] La dernière chose dont il a vraiment besoin est une loi d'habilitation pour faire face et traiter les dégâts des récentes pluies. Ce n'est qu'une comédie de Hugo, du spectacle pour la galerie qui le fera passer pour le héros qu'il n'est pas.

Parce que s'il avait un doute sur comment gérer la situation d'urgence et la crise, il aurait pu se poser une question très simple : Qui, avec quoi et comment?

Et aucune de ces questions n'a besoin d'une loi d'exception.

Miguel continue,

Il a besoin de la loi organique parce qu'il sait que les membres de l'opposition vont crier comme des fous et il pourra ainsi dénoncer leur manque de sensibilité et leur indifférence à l'égard du “peuple”

La loi organique soumise à l'examen de l’OEA

[8]

Hugo Chávez et José Miguel Insulza. Image de Wikimedia Commons.

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains [9](OEA), José Miguel Insulza [10], a mis en doute le caractère démocratique de cette loi, ce qui a irrité le Président Chávez qui a déclaré [11] [en espagnol] : “M. Insulza, je vais vous répondre à partir de maintenant, je ne vais pas vous ignorer parce que c'est honteux.” La république bolivarienne du Venezuela est membre [12]de l'Organisation des Etats Américains (OEA), qui a parmi ses objectifs instutionnels de promouvoir et de consolider la démocratie.

En outre, la présidence du Venezuela a publié un communiqué de presse dans lequel elle a condamné vigoureusement l'opinion de M. Insulza [13] [en espagnol]. Le document qualifie ces attaques de “un nouvel acte abusif d'interférence et d'opportunisme qui discrédite le Secrétariat général même de l'OEA”.

C'est dans cette atmosphère tendue entre le Président Chávez et l'OEA que le 12 janvier des députés de l'opposition ont rencontré le Secrétaire exécutif de la Commission inter-américaine des droits humains de l'Organisation des états américains, Santiago Cantón, et le Secrétaire général de l'organisation, José Miguel Insulza. Les participants ont qualifié la réunion de positive. La lettre [14] [en espagnol] remise par les députés souligne “l'affaiblissement de la démocratie au Venezuela, le mépris de la volonté populaire exprimée lors des élections législatives du 26 septembre dernier” entre autres.

Par ailleurs, le quotiden El Nacional cite [15] [en espagnol] que dans la soirée du 13 janvier le Secrétaire général José Miguel Insulza, déclarait

[…] no pidió que se modifique la Ley Habilitante en Venezuela o que el organismo tome alguna decisión al respecto.
“Ahora decidir si se discutirán estas posturas es algo que corresponde a los países miembros” de la OEA.

[…] je n'ai pas demandé une modification de la loi d'habilitation du Venezuela ou que l'Organisation prenne une décision la concernant. “Maintenant, décider si une mesure doit être prise relève de l'autorité des Etats membres” de l'OEA.

L'utilisateur de Twitter  Juan M (@juanMarx66 [16] [en espagnol]) faisait référence au candidat à l'Assemblée nationale Jorge Amorin (@jorgeamorin [17] [en espagnol]) et au député de l'opposition Ismael García (@ismaelpodemos28 [18][en espagnol]) qui étaient présents à la réunion du 12 janvier quand il a dit :

ahora hay q ver q van a decir, xq Insulza los acaba d dejar es mal jaja,osea la visita a la OEA fue un fracaso

maintenant nous allons entendre ce qu'ils vont dire, parce que Insulza les a totalement ignorés haha, la visite à l'OEA a été un échec.

L'utilisateur de Twitter @ladivinadiva [19][en espagnol] observe:

Seamos francos, la OEA en los sesenta, no hizo nada frenta a Cuba, mas que meter la pata, no se va a meter en Venezuela

Soyons honnêtes, l'OEA pendant les années '70 n'a rien fait à Cuba, elle a commis seulement des bévues, elle ne s'impliquera pas au Venezuela.

L'utilisateur de Twitter “uranioEduardo madrid” (@eldiafano [20] [en espagnol]) dit:

José Miguel Insulza.(OEA), le comunico a los parlamentarios venezolanos, ustedes no me trajeron nada fuera de lugar,la habilitante es legal

José Miguel Insulza.(OAS), j'informe les parlementaires du Venezuela, vous ne m'avez rien apporté d'inapproprié, la loi d'habilitation est légale.

Maria Belen Otero (@mariabelenotero [21] [en espagnol]) déclare sur Twitter:

La verdad ya no espero nada de la OEA y mucho menos de Insulza

La vérité est que je n'attends rien de l'OEA et encore moins de Insulza

Le Venezuela se retrouve dans un conflit dans lequel l'opposition cherche le soutien des institutions internationales et attend des réactions de la part des pays  voisins, membres de l'OEA. A la fin c'est eux qui , comme indiqué par le Secrétaire général José Miguel Insulza, auront le dernier mot dans cette lutte de pouvoir entre les différentes factions de l'Assemblée nationale et le Président Chávez sur la “Loi d'habilitation.”