[liens en anglais] Le journal en ligne The Zambia Watchdog a annoncé la mort de deux personnes lors d’une émeute à Mongu, capitale de la Province Occidentale, pour la restauration de l’Accord de Barotse de 1964. Cela ne fait que confirmer que ce problème ne peut être ignoré alors que les troubles s’intensifient. Longtemps considéré comme un non problème à cause de lignes politiques partisanes déguisées édictées durant des décennies sous le joug du parti unique, le Barotseland semble avoir fini par devenir un foyer de contestation.
Comme nous allons le constater dans ce billet, les positions sont très tranchées de part et d'autre dans cette dispute. Il est certain que les tensions augmentent au sein du peuple zambien, constitué de plus de 70 tribus différentes. Les commentaires ci-dessous sont tirés d’un article de blog intitulé « la police tue deux individus lors des protestations à Mongu contre l’accord de Barotseland » (“Police kill two in Mongu protests over Barotseland agreement.”).
Vinobs écrit :
Laissez-nous couper la zone sableuse et créer une frontière à Kazungula et Mumbwa/ sur la route de Mongu où nous demanderons à vérifier les passeports et les visas avant qu’ils ne peuvent aller en Zambie. (sic)
Wink écrit à son tour:
Vous ne pouvez pas demander l’indépendance et dans le même temps le financement des administrations et du développement économique du Barotseland par la Zambie ; inutile de préciser, dans la même mesure que les autres régions du pays. Cet accord est creux, lorsque l’on prend son indépendance, on ne doit pas s’attendre à être materné point barre.
Cependant, certains pensent que cet appel à la sécession est un moment décisif pour le futur du peuple Lozi.
Mwana’ Nyandi donne son point de vue :
Et bien, j’espère que l’on va en finir avec le bavardage stérile. Il existe un document complet qui protège la souveraineté du Barotseland. Ce qui est triste c'est que la plupart des soi-disant Zambiens sont trop bornés pour analyser les problèmes de façon critique. Je veux vous aider à comprendre une ou deux choses :
i) Ceux qui appellent à la restauration complète de l’Accord de Barotseland ne sont pas sécessionnistes, les sécessionnistes sont ceux qui militent pour l’abrogation de l’accord. Cet accord était un document pour l’unification et l’abroger comme la Zambie l’a fait va provoquer la sécession du Barotseland. Le fait que l’Accord n’ait pas été respecté durant tant d’années et que le Barotseland fait toujours partie de la Zambie signifie simplement que la Zambie a colonisé de force le Barotseland car la région peut seulement faire partie de la Zambie selon les termes de l’Accord.
ii) L’Accord de Barotseland ne parle nulle part de toutes ces zones pour lesquelles les incultes n’arrêtent pas de crier. Nulle part il n’est écrit que nous voulons la Province du Copperbelt, la Province Centrale ou celle du Sud. Le Barotseland est et doit toujours être un territoire clairement défini à partir des cartes historiques ; les militants de l’autodétermination du Barotseland exigent que l’Accord soit complètement restauré ou que le Barotseland ne soit pas contraint d’être rattaché à la Zambie. La province dont nous parlons est clairement définie par des accords internationaux. Les tribus Lamba, Lenje ou Tonga risquent de connaître des nuits agitées suite à la restauration de l’Accord mais nous ne leur voulons aucun mal.
Phiri Mweenda répond aux arguments de Mwan’ Nyandi :
@ Mwan’ Nyandi, soyez prévenu que même si vous adorerez avoir votre propre Etat selon les termes de l’Accord, plus de peuples vivant sur ledit territoire ne sont toujours pas en mesure d’accepter ce qui était inclus dans l’Accord. Mes seules inquiétudes à propos de l’Accord concernent le cas des Lozis qui souhaitent englober d’autres régions comme le Copperbelt, les Provinces Centrale et du Sud, ainsi que la Province de Lusaka. Si l’on examine d'un œil critique le bien-être général dans ces zones géographiques par composition tribale, on se rend compte que les provinces comme la Province Centrale sont composées de deux tribus distinctes, voire de plus : les tribus Lenje, Soli et quelques Kaondes qui sont pro-Tonga du fait de leur lignage tribal, alors que d’autres groupes tribaux comme les Bisa et les Lala sont pro-Bemba ou sont généralement apparentés aux Bemba. Ils sont généralement des cousins tribaux des habitants de l’Est cousins des Chimbuya. Quand on va dans la province de Lusaka, on constate la même bipartition avec d’un côté la tribu Tsawaka et la tribu Soli de lignage Tonga et de l’autre les tribus de l’est comme les Chongwee qui sont pro-Chihunda. Qui peut donc accepter d’être coupé de son lignage génétique à cause du fameux Accord de Barotseland de 1964 ?
Sibatana affirme que la situation dans la Province Occidentale est un bon exemple montrant comment les guerres civiles prennent forme :
La récente manifestation qui a eu lieu dans la Province Occidentale le samedi 23 octobre 2010, causant des blessures très sérieuses et un mort, n’aurait jamais dû se produire. Mais le gouvernement, par son inconscience, en ignorant les propositions de la Province Occidentale à propos de la nouvelle constitution a scandalisé le peuple de Barotseland. C’est un bon exemple montrant comment naissent les guerres civiles. Une petite étincelle est capable de causer un énorme feu ravageur.
Tout ceci s’est déclenché en août 2010, après la parution de l’ébauche finale de la constitution. On avait alors découvert que toutes les propositions émises par la Province Occidentale n'y figuraient pas. On pensait avant tout qu’elles n’étaient pas si importantes, et que la Zambie pouvait s’en passer. Cela s’est avéré être une grossière erreur et cela a mené tout droit à la catastrophe. Avant cet incident, lorsqu’on lui avait demandé s’il remercierait les habitants de la Province Occidentale pour avoir fait pencher en sa faveur les résultats des élections présidentielles, le président Banda aurait dit : « Je n’ai pas demandé leurs votes ». Comme si ce n’était pas suffisant, le Vice Président de la République de Zambie s’est rendu dans la Province Occidentale où il a prononcé une déclaration quelque peu déroutante lors de la cérémonie de Ku-fuluhela, qui est le contraire de la cérémonie Ku-omboka 2010. Il avait déclaré : « un Mulozi ne deviendra jamais un président de la Zambie ». Son auditoire était tellement choqué que l’Induna qui traduisait pour lui fut pris de malaise et décéda. Sans excuses aucunes, il exigea un autre traducteur. Le dernier clou du cercueil de l’unité du pays fut d'ôter du projet les propositions de la Province Occidentale pour la constitution. Les individus qui vivaient dans le déni des intentions gouvernementales peuvent maintenant reconnaître l'odeur du roussi. D’où les événements de ce samedi fatidique, où trois tentatives d’obtention légale d’une autorisation pour l’organisation d’une réunion publique ont été refusées par des partisans d’un Barotseland libre, non pas par des sécessionnistes.
La position du Président Banda sur cette situation semble très claire ; comme le signale MuviTV, il aurait déclaré que le gouvernement ne dialoguera qu’avec le Barotse Royal Establishment (BRE).
De plus, alors que la Zambie s’approche des élections présidentielles en 2011, ce malaise profite à ceux-là même qui constituent le rouage essentiel visant à la suppression de l’accord depuis le début. Rupiah Banda et son opposant principal Michael Sata étaient des ministres du gouvernement de l’ancien Président Kaunda, qui a signé l’accord. Il existe des preuves substantielles que Sata était un membre du comité qui recommandait l’expiration de l’accord.
Un spécialiste de la gouvernance et des droits de l’homme et un député ont accusé le chef de l’opposition, Michael Sata, d’être le responsable de la mort d’un émeutier à Mongu du fait de ses déclarations imprudentes sur la question.
IQ réfute leur analyse :
Naïfs, pourquoi blâmer Sata pour tout et n’importe quoi, il a seulement reconnu l’Accord de Barotse. Vous n’avez qu’à lire sur Google si vous le pouvez et juger par vous-mêmes. Le fait est que vous avez tous peur de Sata, le vice-président peut dormir sur ces deux oreilles mwanajidi. Les campagnes basées sur ce problème préserveront MMD, non pas la boue que vous jetez sur Sata.
On peut dire que quelque chose a très mal tourné en MMD mais la boîte à idée pour le MMD n’est plus. Honte sur vous ! Vous dénigrez cet article ainsi que Sata pour un rien, même lorsque l’on évoque le projet d’assainissement, vous dites qu’il n’est pas viable mais il va réussir.
Tout comme Party Adviser:
Messieurs Machungwa [député] et Mwanajiti [consultant en gouvernance] sont des cadres du MMD dont les commentaires ne sont pas pondérés. En aucun cas une personne normale ne peut croire en ces conneries. Tous ceux responsables du chaos sont poursuivis par la police, Sata ne fait pas partie de ceux-là. Soyez raisonnable.
Freeman affirme que les déclarations de Sata ont probablement envenimé la situation. Il ne s’apitoie pas sur le sort de l’individu tué par la police :
Les déclarations irresponsables de Sata ont probablement contribué à la situation de toute façon. Mais je ne comprends fichtrement rien aux revendications de ces Lozis. L’Accord de Barotseland n’évoque en aucune façon la sécession. Certains de ces pyromanes, que nous devrons mettre en cage en tant que Zambiens, n’ont même pas lu l’Accord et pourtant ils prétendent en être les champions. Quel est leur objectif et que veulent-ils obtenir ? Sont-ils vraiment du côté de la paix ou veulent-ils seulement se faire un nom ?
Honnêtement, un homme qui souhaite mettre le feu à une station-service mérite de mourir. Bien joué, la police, je ne ressens pas le moindre remords pour ce criminel qui doit être en train de pourrir. Si les intentions de ces soi-disant sécessionnistes étaient bonnes, pourquoi s’équiper de couteaux et de toutes ces armes ? C’est stupide pour ne pas dire plus. Cela montre que les individus voulaient se battre et je vous assure devraient se battre entre eux avec toute leur vigueur.
Continuons si vous en doutez mais je vous assure que la colère de la loi va s’abattre sur ces fous.
OBINNA conclut:
Toi, *** de Sata, tu n’as jamais recommandé la sécession, mais simplement souligné le fait que l’Accord de Barotse de 1964 est valide. Maintenant, pour ceux qui ont lu l’ACCORD, on ne parle nulle part de sécession. Pourquoi donner autant de crédit à Sada, de nombreux éminents politiciens l’ont commentée, dont HH.
Il est tout à fait clair que ces troubles pour la sécession du Barotseland ne font que commencer. La Zambie serait prudente de les prendre en compte.