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Cuba : Opération Cyber-Mambí

Catégories: Amérique latine, Cuba, Cyber-activisme, Droits humains, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique, Technologie

[Liens en espagnol] Beaucoup se demandent [1] si le vent de contestation venant d’Égypte et de Tunisie finira par atteindre les Caraïbes. Le journal Havana Times affirme [2] :

Le gouvernement cubain craint qu’un mouvement d’opposition ne surgisse sur la Toile, où des réseaux sociaux comme Facebook sont utilisés pour organiser des actions contre les gouvernants, similaires aux mouvements menés en Ukraine,  en Iran, et, plus récemment, en Égypte et en Tunisie.

El Pequeno Hermano [3] a écrit [4]:

J’ai écouté tous les arguments des Égyptiens et je crois qu’il n’y en a pas un seul, je dis bien un seul, qui ne s’applique pas à mon pays. Nous ressentons la même faim, le même désespoir, le même dégoût pour un gouvernement incompétent, nous avons des salaires de misère qui ne nous permettent pas même de survivre, la corruption, la clandestinité… Il n’y a qu’à voir  les conditions de vie de la classe dirigeante. Et puis, tiens, voilà que Cuba vient s’ajouter à la liste des pays connaissant un taux de chômage élevé.

Maintenant vient l’inévitable question en or : pourquoi pas Cuba ?

Si je devais y répondre, je commencerais par attirer l’attention sur une réalité insidieuse : le contrôle de l’information [à Cuba] est incroyablement plus acharné que dans des pays comme ceux qui ont vu naître les manifestations [récemment]”.

Le blocage du secteur de l’information maintenu par Castro étant la seule barrière qui sépare les citoyens cubains mécontents des manifestations, les blogueurs ne s’étonnent pas des actions menées récemment par le gouvernement. Une vidéo disponible sur Vimeo [5] et YouTube [6] trahit  sa crainte d’une explosion sur l’île, et sa tentative d'utiliser des tactiques “contre-révolutionnaires” de blogueurs contre ces derniers. Cela fait partie d’une intervention appelée “Opération Cyber-Mambí” qui, selon [7] El Pequeño Hermano, dénote “le combat désespéré que mène le gouvernement cubain contre les plates-formes de blogs alternatives”.

Dans un commentaire, la blogueuse Yoani Sánchez déclare [8] que les stratégies mises en place “vont à peine nuire à la blogosphère cubaine” et que :

La diffusion de [la vidéo] est la preuve évidente que le gouvernement a perdu le monopole de l’information, y compris de ses documents confidentiels. Vive Cubaleaks !”

Aux blogs est venu s’ajouter l’activisme sur Facebook à Cuba, ou du moins c’est ce que semble indiquer la création de l’événement “Protestas mundiales por Levantamiento popular en Cuba [9]” et de la page “por el levantamiento popular en Cuba [10]” (en faveur de la révolte populaire à Cuba), dont le nombre de membres est passé de 600 à presque 2200 en cinq jours. Certes, ces pages Facebook ont été créées par des exilés cubains en Espagne et même si elles sont  formidables,  l’idéal serait qu’elles enflamment les mouvements de protestation aussi bien à l’étranger que sur l’île en réponse au premier anniversaire à venir de la mort du prisonnier gréviste de la faim Orlando Zapato Tamayo [11].