L'ancien président Zine al-Abidine Ben Ali s'est enfui en Arabie Saoudite voici plus de trois semaines, mais les affrontements avec la police et les manifestations pour du travail ou de meilleurs salaires se poursuivent en Tunisie, et le gouvernement par intérim tente de rétablir l'ordre. Les changements dans la société sont indéniables, comme une plus grande liberté du Web, mais tout le monde n'est pas satisfait de l'actuelle situation. Dans cette revue de blogs, nous entendons l'opinion de quelques blogueurs tunisiens sur la situation dans le pays, dont certains sont irrités par le désordre, même si le ton général est à l'espoir que les choses finiront par se stabiliser [liens en français].
Selim, un Tunisien vivant à Paris, écrit :
Les informations, les évènements et les décisions du gouvernement actuel, qui ne cessent de s’enchainer à une vitesse phénoménale, rendent difficile toute tentative de prise de recul et d’analyse objective de l’évolution de la situation. Les maladresses et le manque de communication sur certains sujets de la part des intérimaires du gouvernement donnent l’impression qu’ils sont davantage dans l’improvisation que dans le contrôle de la situation. Ceci n’aide pas les tunisiens à avoir plus de visibilité, créant ainsi une situation de confusion anxiogène.
Les médias et les journalistes, quant à eux, ne représentent toujours pas une source d’informations fiable aux yeux de la majorité, non seulement pour la qualité de leurs prestations qui reste en dessous des attentes, mais également pour la réputation de médias affiliés à l’ancien régime qu'on leur connaît, ou du moins pour leur manque d’indépendance et d’objectivité.
La transition est d’autant plus rude pour la Tunisie que les défis auxquels elle doit faire face durant cette phase sont nombreux, difficiles à relever, mais pas irréalisables. Malgré cette cacophonie et l’instabilité de la situation, ces défis peuvent être identifiés si l’objectif à court terme demeure l’organisation d’élections libres et justes.
La transition est d'autant plus difficile en Tunisie que les défis qu'affronte la nation sont multiples et difficiles à gérer, mais ils ne sont pas irréalisables. Malgré la cacophonie et l'instabilité, les challenges sont identifiés, avec l'organisation d'élections libres et équitables en objectif à court terme.
A San Francisco, Sami Ben Romdhane écrit :
La première étape de la révolution est passée, Ben Ali est parti et est maintenant sous le coup d’un mandat d’arrêt, mais le vide politique persiste et les règles du jeu de la vie démocratique nous sont encore peu connues et tout le monde cherche la fin qu’il souhaite. La classe moyenne veut reprendre une vie normale et un gouvernement qu’ils veulent y croire et ceux qui étaient dans le désespoir n’ont plus confiance en personne et ceux qui étaient au pouvoir essaient de garder un tant soit peu et ceux qui étaient au bord veulent devenir les sauveurs de la nation et ceux qui étaient opposants opprimés ne savent plus quoi faire dans cette Tunisie sans dictateur pour s’y opposer et ceux qui étaient méchants veulent devenir gentils et ceux qui étaient des moutons veulent devenir des lions intransigeants et ceux qui tiraient les ficelles dans le noir on les voit toujours pas et ceux qui avaient un pseudo parlent en leur propre nom et ceux qui s’exprimaient en leur propres noms le font avec un pseudo. Personne ne semble digne de confiance et personne ne semble avoir la majorité des voix. Beaucoup cherchent le retour à la vie normale et beaucoup veulent continuer à vivre cette révolution. Mais moi, personnellement je ne m’inquiète pas, je trouve ce qui se passe un peu logique vu notre histoire récente. Il faut juste s’auto éduquer, apprendre a respecter et apprendre à être libre car on ne l’a jamais été et je suis certain qu’on le fera et qu’on comblera le vide et que des pensées libres riches et différentes verront le jour et j’espère que ce ne sera pas attachée a des personnes et qu’on oublie nos réflexes de vénérer les personnes les représentant maintenant que nous avons appris nos leçons.
Dans un billet intitulé “Ne touche pas à ma Tunisie”, amara9 écrit :
Notre pays mérite bien une nouvelle page mais sans sang, sans destruction, sans victimes, sans différends, s'il vous plait le travail fait durant plus de 20 ans est fait par le peuple et pour le peuple, on va pas s'autodétruire !
Oui pour l'expression oui ! pour les droits mais NON ! à la destruction des biens publiques et des gains que nos parents et grands parents ont payé cher.
S'il vous plait qu'on ne fait pas des gaffes que nous allons payer dans le future, notre pays a bien besoin d'un air de liberté et de dignité nouvelle avec des corrections et des remises en comptes de certaines tares faites dans le passé mais nul ne peut transformer le tunisien en une bête féroce qui se mord elle-même.
Verlan parle du nouveau secrétaire d'état au tourisme, Slim Chaker, qui a récemment répondu sur Facebook à son “agression”. Elle écrit :
Nous sommes nombreux à être très inquiets de voir l'anarchie qui règne, la facilité avec laquelle on insulte les gens, avec laquelle on diffame, on rabaisse et la rapidité avec laquelle des actes si méprisables sont “partagés” via les réseaux sociaux par toutes ces personnes instruites ou non, bien intentionnées ou non qui ne réfléchissent pas, qui suivent le mouvement, un mouvement irrationnel et dont la passion n'excuse pas les dégâts, l'horreur, la tristesse dans laquelle elle plonge les gens, pas seulement ceux qui sont visés, à tort, mais tous ceux qui ont envie de croire en une Tunisie exemplaire.
Des gens de l'expérience et du talent de Monsieur Chaker ou d'Elyès Jouini font honneur à la Tunisie.
Les hordes qui dans un accès d'hystérie collective ne cessent de hurler “moi moi moi” n'ont, pour moi, aucune excuse, aucun prétexte, ni le besoin, ni la frustration, ni la faim de cette maudite liberté d'expression que l'on a fini par assimiler à la liberté d'insulte ne justifient que l'on s'en prenne à ceux qui essaient de construire, non pas une entreprise, ni une société mais un pays tout entier mis à mal par ses pilleurs, les anciens et les nouveaux.
Elle poursuit :
Et à ceux qui ne savent ni attendre, ni espérer, ni observer; ni travailler; ayez l'obligeance au moins, de faire preuve d'un minimum de respect.
Le respect, c'est ce que l'ancien système n'a jamais su vous accorder.
Montrez que vous le méritez.