Guinée Equatoriale: M. Obiang, nouveau président de l'Union Africaine et profanateur des droits de l'homme

Les chefs d’état et de gouvernement de l’Union africaine (UA), créée en 2002 à Durban, en Afrique du Sud, en remplacement de l’Organisation de l’unité africaine, ont élu le 30 janvier 2011 le M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, à la tête de l'UA,  succédant à M. Bingu wa Mutharika, Président du Malawi.  M. Obiang est à la tête de la Guinée équatoriale depuis 1979, à la suite d’un coup d’état. Il dirige son pays d’une main de fer, en dépit d’un bilan en matière des droits de l’homme consternant, tout en évitant la condamnation internationale pendant si longtemps.

Dès son élection, M. Obiang Nguema a fait des déclarations qui confirment bien l’image qu’il donne de lui à la direction de son pays. Plusieurs blogs et médias online les ont reprises, dont  Le Patriot Nefertiti qui le cite sur lepost.fr :

“Les concepts de démocratie, des droits de l'homme, de bonne gouvernance, ne sont pas des nouveaux thèmes pour l'Afrique, mais il convient plutôt de les adapter à la culture africaine (…)”

En quoi des idéaux tels que définis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, ont-ils besoin d’être adaptés pour correspondre aux africains, il ne l’a pas précisé.

Les réactions des organisations de défense des droits humains n’ont pas tardé :

Yves Niyiragira cite sur le blog pambazuka.org un communiqué de presse de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) publié le 31 janvier 2010 à Addis-Abéba, en Ethiopie, exprimant «sa profonde indignation»:

«La situation des droits humains en Guinée équatoriale est caractérisée par les tortures systématiques contre les opposants politiques, les violations des libertés fondamentales avec une opposition muselée, l’absence d’une presse indépendante, l’inexistence de la Société civile».

Les violations comprennent meme des condamnations à mort. Quatre personnes, José Abeso Nsue, Manuel Ndong Anseme, Alipio Ndong Asumu et Jacinto Michá Obiang ont été enlevés au Bénin où ils s’étaient réfugiés, « ont été exécutés le 21 août, immédiatement après avoir été déclarés coupables par un tribunal militaire de la capitale Malabo .» selon amnesty international.

Obiang and Rice via a-birdie on Flickr CC license 2.0

Le blog appablog.wordpress.com publie :

« …. elle [l'UA] se dote d’un nouveau président en la personne de M. Teodoro Obiang Nguema, président de la Guinée Equatoriale, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat et régnant sur son pays au mépris des droits humains depuis 30 ans.

Enfin, alors que l’impunité des responsables des crimes les plus graves bafoue le droit des victimes à la justice et est à la base des crises politiques et des conflits sur le continent, la FIDH déplore la décision de l’UA de réitérer sa demande de suspension des procédures judiciaires engagées par la Cour pénale internationale contre le président soudanais El Béchir, présumé responsable du crime de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre au Darfour

…..

« Par ses décisions, l’UA nous montre qu’elle nage en plein paradoxe. »

Lors de sa ennième réélection en 2009,  avec plus de 95 pour cent des voix, un article de Denis Carlier « Obiang Nguema, un président de 30 ans : Autoritarisme et corruption au pouvoir sur fond d’or noir en Guinée équatoriale » sur le blog afrik.com avait suscité beaucoup de réactions :

Le blogueur Juju avait écrit dans un premier commentaire:

30 ans et encore sept ? c'est la malédiction de tout un peuple qui se voit dans la misère à cause de ces dictateurs, d'abord Macias Nguema et maintenant son neveau Obiang Nguema. Les gens vivaient bien avec les espagnols. Il n'y avait pas de petrol, les familles avaient leurs terres et les parents avaient des moyens pour payer les etudes à leurs enfants. Il n'y avait pas d'analphabètes. A quoi a servi l'indépendence ? pourquoi nous les africains n'avons pas le droit d'une vie digne dans nos pays ?

Dans un deuxième, juju avait ajouté :

… Avec un PIB de 29800 dollars [per capita], pas d'eau potable pas d'électricité pas de logements dignes pas d'hôpitaux ( lui et sa famille vont au Maroc pour se soigner).

De son coté Malembe avait écrit :

« On peut également dire que ces despotes travaillent à la solde des occidentaux. Après tout c´est du théâtre, chacun a un rôle ou des rôles bien précis dans les pièces. Le Président equato-guinéen sait qu´il est une marionnette. Il n´est pas leader. »

Il est difficile de démentir ces affirmations de Malembe car selon ce billet de Denis Carlier une enquête menée par la Securities and Exchange Commission (SEC) sur l’existence de transactions douteuses sur des comptes de la Riggs Bank, à Washington (DC) a découvert qu':

«  un total de 700 millions de dollars y a été transféré au profit d’Obiang et de ses proches, en provenance des compagnies pétrolières ExxonMobil Corp, Amerada Hess Corp, ChevronTexaco, Devon Energy Corp et Marathon Oil Corp. La banque a été condamnée à une amende record de 16 millions de dollars pour avoir tu le détail des virements, et s’est finalement faite racheter. »

Selon Léger Ntiga sur le site africapresse.com :

Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema se trouve à la 12e place du classement des chefs d’Etat les plus riches du monde derrière huit dirigeants d’Asie parmi lesquels le sultan de Bruneï, le roi d’Arabie Saoudite, l’émir du Qatar et le sultan d’Oman, ainsi que le prince Albert II de Monaco et le Premier ministre Italien, Silvio Berlusconi. Il est ainsi accusé de confisquer les biens publics de son pays.

Abena Ampofoa Asare écrivait peu de jours avant l’élection d’Obiang à la tête de l’UA  dans un article intitulé « Obiang: le pseudo humanitaire », commentant le prix de 3 millions de dollars que l'UNESCO a failli parrainer, publié par pambazuka.org:

Avec le revenu national le plus élevé de l’Afrique subsaharienne, le revenu per capita de la Guinée équatoriale est comparable à celui du Portugal ou de la Corée du Sud. Néanmoins, 60% de la population se débat pour survivre avec moins d’un dollar par jour. Depuis la découverte du pétrole dans ce pays, en 1995, la famille de Teodoro Obiang Nguema et ses proches associés sont devenus fabuleusement riches, alors que la majorité de la population est restée embourbée dans la pauvreté.

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