[liens en anglais] Ce fut une nouvelle qui a consterné le pays. Angelo Reyes, ancien chef de l'Etat-Major des forces armées des Philippines, secrétaire d'Etat à la Défense nationale, à l'Energie et à l'Administration locale, s'est ôté la vie le 8 février au matin, devant la tombe de sa mère bien-aimée. De nombreuses personnes supposent que son suicide a été provoqué par la terrible pression exercée sur lui par le Sénat qui enquêtait sur la corruption au sein des Forces armées et dans laquelle Reyes aurait été impliqué.
Alors que la famille de Reyes et ses amis pleurent sa mort tragique, le pays continue de tenir ce discours sur la corruption systématique du gouvernement et de ses forces armées, essayant de comprendre tout cela et de trouver moyen d'aller de l'avant.
Marie fait part sur a crazy mom's world de la manière dont le suicide de Reyes l'a affectée. Etant elle-même fonctionnaire, elle ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour Reyes en faisant remarquer que chacun mérite d'être présumé innocent jusqu'à preuve du contraire:
Que puis-je dire? Que nous ne savons pas vraiment s'il a volé ou non. Il est facile de le juger de manière hautaine en raison des choses qu'il a soit-disant commises et des importants sommes en provenance des fonds gouvernementaux qu'il est censé avoir prises. Il l'ait fait ou pas. Personnellement, je pense qu'il y a du vrai là-dedans. Mais, mais ! Ne supposons pas cela uniquement parce qu'il appartient au gouvernement et que cela explique qu'il l'ait fait ! Cela me met juste en colère. Oui, je sais qu'il y a des responsables et des employés totalement corrompus partout au sein du gouvernement. Mais il est injuste d'utiliser cet argument “parce qu'il appartient au gouvernement.”
Andrew Pua examine les possibles raisons pour lesquelles l'ancien Chef de l'Etat-Major des forces armées des Philippines s'est ôté la vie:
Bon, vous voyez dans les journaux beaucoup d'explications possibles. Cela semble naturel. Nous essayons d'envisager toutes les raisons du suicide. Peut-être n'a-t-il pas voulu se faire prendre. Peut-être avait-il honte (mais il exerçait des fonctions officielles depuis presque plus d'une décennie et il n'avait pourtant pas honte de l'argent qu'on lui versait si tant est que c'était vrai). Peut-être aimait-il trop sa famille pour lui en faire porter la responsabilité. A notre époque, ce sont les péchés des pères. D'une certaine façon, les gens interprètent ces fautes et les imputent à la famille. Ils en ont indirectement profité si la corruption était réelle. La cécité volontaire n'est pas une excuse. Je suis sûr que les membres de la famille étaient au courant de cette corruption si celle-ci était réelle. Alors, dans le fond, nous sommes découragés par leur incapacité à se comporter dignement. Peut-être était-il sous pression ou avait-il des dettes de reconnaissance qui étaient encaissées par quelques autres possibles bénéficiaires de la corruption. D'où le besoin d'achever l'enquête. Peut-être n'en faisait-il pas vraiment partie ? Cette preuve, ou quelque lamentable substitut de preuve que nous ayons, peut en fait être dénaturée. Dans ce cas, Reyes n'avait rien à craindre. Mais il se peut qu'il craignait quelque chose d'autre – quelque chose de plus insidieux. Au final, NOUS NE SAVONS PAS.
Patricio Mangubat retrace le chemin que Reyes a pris et qui l'a conduit à sa mort tragique -un chemin le moins parcouru par les grands militaires:
Le monde aurait vu différemment Angelo Reyes s'il avait choisi de prendre paisiblement sa retraite après avoir été le chef suprême de l'Armée. Il aurait vécu la vie d'un homme d'Etat, non entaché ni sali par la politique.
Toutefois, parce qu'il s'associa à l'administration la plus vile et la plus impopulaire de tous les temps, Reyes n'avait d'autre choix que de se protéger des nombreux ennemis qu'il avait en cette même administation. Sa seule échappatoire fut de continuer à faire de la politique, dans un monde qu'il ne comprenait pas totalement et dont les valeurs différaient des siennes.
Lorsqu'il s'est tiré une balle dans le coeur, ce fut un signe que Reyes regrettait probablement certains des choix qu'il avait faits dans sa vie. Avant sa mort, sa famille a dit qu'il s'enfonçait dans la dépression. Et il fallait s'y attendre puisque Reyes faisait partie d'une administration extrêmement détestée et comptant, actuellement le plus grand nombre d'ennemis cachés. Lorsqu'il combattit les rebelles à Mindanao, Reyes savait au moins ce pourquoi ils luttaient. Dans le monde qu'il s'est choisi après sa retraite, Reyes ressemblait à un animal pris au piège de tous côtés et ce, par des ennemis inconnus et invisibles .
Reyes voulait probablement dire au monde qu'il n'était pas l'homme que chacun haïssait. Qu'il était différent. Que, oui, il avait probablement fauté en fermant les yeux, en se bouchant les oreilles et en ne protestant aucunement contre ceux qui fautaient autour de lui. Reyes faisait partie d'un système mauvais et corrompu. Sa faute fut d'avoir toléré la corruption et ne pas même avoir levé le petit doigt pour y pallier.
Le secrétaire général de Bayan, Renato M. Reyes, croit que la mort d’ Angelo Reyes devrait justifier la poursuite des investigations, vu que la corruption pami les gros bonnets des forces armées des Philippines semble impliquer aussi leur ancien Commandant en chef:
La mort d’ Angelo Reyes, survenant ainsi en pleine investigation parlementaire, est la raison la plus indiscutable du besoin que nous avons de connaître la vérité sur la corruption au sein des forces armées des Philippines. Que cette tragédie soit arrivée à ce moment précis, et qu'elle ait été finalement révélée, nous indique combien il est urgent de poursuivre l'enquête et de demander des comptes à nos institutions. Ces responsables qui ont bénéficié de la corruption ne doivent pas se considérer comme tirés d'affaires. Cela inclut l'ancien Commandant en chef.