Chili : Réactions des réseaux sociaux contre un projet de mine de charbon

[Liens en espagnol] Un nouveau conflit environnemental est évoqué sur les réseaux sociaux chiliens. Cette fois, la Compagnie minière Isla Riesco prétend développer un projet de mine de charbon d'un million de dollars qui menace les espèces protégées de l’ île Riesco, l'une des cinq plus grandes îles du Chili.

Les terres de l'île Riesco font partie de la Réserve nationale d'Alacalufe, laquelle abrite des espèces protégées de la  flore et de la faune, comme  le lenga, le ñirre, le coihue, les huemules et les pics-verts, des dauphins, des phoques et des pingouins. Dans le proche Parc marin Francisco Coloane vivent des baleines à bosse.

“Une fois de plus, le Chili est en alerte environnementale, sauvons l'île Riesco de la destruction” a été le slogan d'une intense campagne menée sur les réseaux sociaux et sur YouTube, campagne qui dispose de sa  propre page web et dont les vidéos ont été visionnées plus de 100 000 fois :

Les vidéos mêlent tout à la fois les visages de militants écologistes, d'experts, d’acteurs et d'actrices chiliens qui ont créé cette vidéo pour qu'elle soit diffusée les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, les blogs, les pages web, les colonnes d'opinion, car “Tout compte, tout sert!!!” dit la campagne.  

“Sauvons les pingouinières et le lieu de passage de la baleine à bosse” (à savoir l'île Riesco) est le titre de lapétition qui se trouve sur le site de The Petition Site, laquelle compte jusqu'à présent 1562 signatures virtuelles.

Le projet Mine Isla Riesco représente une réelle menace pour la nidification des pingouins dans la zone de l'anse d'Otway, dénommée “les pingouinières”, il interfèrera de plus dans le passage des baleines à bosse du Parc Francisco Coloane.

René Bustamante (@Rene_Bustamante) indique sur Twitter :

Les opérations minières de l'île Riesco couvriront 1500 hectares et l’ “excavation” s'étendra sur quelques 500 hectares, sur une profondeur de plus de 180 mètres. #espanto

Le projet Mina Invierno, concernant la première des cinq mines à ciel ouvert, a été approuvé par la Commission d’ évaluation environnemental à Magallanes, le 16 février , en dépit d'une série d'incohérences et des 1700 observations faites par des citoyens et des experts, lesquelles démontrent ses impacts sur l'environnement.

Anibal Valenzuela sur Veoverde exprime sa surprise devant la décision prise :

La vérité, c'est que la première fois que j'ai lu qu'on allait réaliser le projet dans l'île Riesco, j'ai pensé qu'il était impossible qu'il soit approuvé. Certains penseront que je suis naïf ou quelque chose de semblable, mais lorsque j'ai fait des recherches sur l'île Riesco et que j'ai vu combien elle était vierge et restait une terre australe, je me suis dit “non, personne ne peut être aussi inconscient pour approuver quelque chose qui pollue autant en un endroit aussi beau que celui-ci.”  Et pour dire la vérité, c'est ce que j'ai cru.

Manifestation du 16/02/2011 devant le palais de La Moneda, après l'approbation par le gouvernement d'un projet de mine de charbon sur l'ile Riesco. Photo sous copyright de "profetaparanoia" surDemotix

Sur El Martutino, Claudia Rodríguez explique ce qu'est la nouvelle structure institutionnelle qui approuve les très grands projets au Chili, tout en excluant de la prise de décision les seuls représentants des citoyens et les conseillers régionaux. La décision est prise par les représentants du gouvernement central dans les régions, c'est-à-dire,  le ou la maire (représentant(e) direct(e) du Président dans la région) et les SEREMI (Secrétariat régional ministériel, représentants régionaux des ministres). Il donne aussi à comprendre la structure économique à l'origine de la décision :

Où se trouvent les considérations environnementales et la voix des communautés lorsque le gouvernement central –de façon unilatérale et en toute complicité avec les grandes entreprises – décide d'avoir une matrice énergétique reposant toujours plus sur le charbon?

Daniel Romero (@pavalenz) donne des indications sur le plus fort soupçon qui pèse sur ce conflit, lequel place le Président Sebastián Piñera, ainsi que d'autres personnes liées au gouvernement au coeur du litige sur les réseaux sociaux et fait la popularité de l'intitulé du tag #conflictodeinteres (conflit d'intérêts)

Piñera  maintient encore ses actions dans la  COPEC (6300 millions de dollars)?? [Voir en lien  la déclaration de patrimoine de Sebastián Piñera] Parce que la COPEC est la propriétaire de la compagnie minière Isla Riesco #conflictodeinteres

“Non à la mine sur l'île Riesco,” un site sur Faceboook, contraste avec le site Foro Universitarios.cl où l'on voit des opinions telle que celle-ci sur le thème de l'énergie et sur l'impact environnemental du projet :

Nous ne pouvons quand même pas nous permettre d'avoir des groupes à fort impact social et aux  faibles (pour ne pas dire nulles) connaissances techniques pour conduire nos politiques énergétiques, et je m'en réfère sur ce point aux multiples vidéos où apparaissent des acteurs (si ! des acteurs, pas des ingénieurs ou des personnes formées en la matière, des acteurs !!) nous disant quels sont les projets que nous devons refuser et lesquels (de manière tacite) approuver. Ceux-ci ne font montre d'aucun, d'absolument aucun sens des responsabilités quant aux actes qu'ils commettent,  il me semble pour le moins préoccupant que la société s'en fasse l'écho.

Au-delà de cette prise de position, le débat sur les réseaux sociaux au Chili s'intensifie et se renforce toujours plus, étant capable de  mobiliser davantage de personnes et d’ idées dans ce conflit qui oppose le développement à la nature, un phénomène devenu banal dans le pays.

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