Pendant que le monde arabe continue à se révolter contre ses dictateurs, la situation du Liban est quelque peu différente et plus compliquée. Pour les militants Imad Bazzi et Ali Fakhry, les Libanais souffrent de 128 dictateurs, qui composent le Parlement libanais, et d'un régime confessionnel. Tous deux ont décidé le 16 février d'exercer leur droit de citoyens libanais et de s'exprimer bruyamment contre cette situation. Voici comment cela s'est passé et comment les internautes libanais ont réagi à leur action.
Avant d'annoncer ce que les deux activistes avaient l'intention de faire, Imad a mis en ligne une déclaration où il évoquait la situation libanaise et ses rêves de changement puisque le Liban ne se différencie pas de ses voisins, l'Egypte ou la Tunisie. Il a justifié ceci en citant les problèmes du pays, tels la corruption et l'absence de liberté de parole, d'élections honnêtes, de justice sociale et d'assurance-santé, entre autres griefs. Il en a rejeté la responsabilité sur les hommes politiques et écrit :
سؤال بديهي، من هو المسبب؟ وهل هناك حاجة الى تحليل السبب والمسبب؟ اليس الأمر واضحاً؟ اليست الطبقة السياسية اللبنانية من اغنياء الحرب وامراءها والمتاجرين بالموتى مسؤولة عما عصف بالبلاد منذ ما قبل 1975 الى اليوم؟ اليسوا هم ذاتهم من قضم حقوقنا وباعها، وإن لم يفعلوا ذلك بالمال فعلوه بتعطيل اي اساس لأي حراك ديمقراطي في البلاد بالتهديد بالويل والثبور وعظائم الأمور؟
Le 16 février, Imad, qui se dit blogueur à plein temps, et son ami activiste Ali Fakhry ont décidé de faire connaître leur rejet du système confessionnel en s'introduisant dans le bâtiment du Parlement au centre de Beyrouth pour y déployer deux banderoles avec les phrases : “L'Egypte avait un dictateur, nous en avons 128″ et “Le peuple veut la fin du système confessionnel” en arabe. Ils se sont immédiatement trouvés face aux policiers qui les ont menacés, ont déchiré leurs banderoles et effacé les images sur l'appareil photo qu'ils avaient sur eux.
Les réactions de la twitosphère libanaise étaient partagées entre l'approbation et la moquerie contre ce qui était qualifié de numéro ridicule plus amusant qu'utile.
Voici quelque-uns des tweets approbateurs :
@Emiliehasrouty:@TrellaLB ce que vous avez fait était génial, la plupart d'entre nous étaient derrière leurs ordinateurs avec un café, au chaud & en sécurité… Respect… & #Saba7o :)
@maheriskandar: #feb16 n'est pas ridicule ! si vous ne pouvez pas trouver de travail, acheter une maison, penser qu'il faut l'électricité 24h sur 24, et contre le confessionnalisme : REVOLTE
@LebaneseVoices: #feb16 pas besoin que ce soit un big-bang mais ça a montré de quel bois beaucoup sont faits. ceux qui divaguent sur le changement mais ne se donnent jamais vraiment la peine d'essayer.
D'autres “tweeps” étaient d'un avis différent :
@footnem: Je suppose que le #Feb16 n'est qu'une tentative de @TrellaLB d'être le nouveau @ghonim
@FadyRoumieh: A ceux qui envisagent de s'immoler par le feu Place des Martyrs aujourd'hui – Réfléchissez encore. Il pleut, vous ne prendrez PAS, je répète, PAS feu !
@footnem: C'est une révolution de personne car howe mich 3erif RT @sam_lb: Ça a l'air d'être une révolution d'un seul homme… En ce sens qu'un seul homme la connaît #Feb16
Le lendemain, Imad écrivait un billet [en arabe] sur son blog Trella au sujet de ce qui s'était passé, qu'il concluait ainsi :
كلمة اخيرة ، ردود الفعل حول الموضوع لا تهم ، تأييدكم ام إعتراضكم ليس المغزى، واشكركم جزيل الشكر لانكم انتم من حقق هدف التحرك، إن اطلقتم النكات الغبية او ابديتم التأييد، لا يهم، فالمهم انكم حاورتم وناقشتم، وهذا هو المطلوب، Mission Accomplie
Que faut-il pour que les Libanais se révoltent ? Voyez le mot-clé #UniteLB sur Twitter pour des exemples de ce que veulent les Libanais d'aujourd'hui.