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Tunisie : Démission du Premier Ministre après les violences de samedi

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Tunisie, Dernière Heure, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Ce billet fait partie de notre dossier sur la révolution en Tunisie 2011 [1].

Le premier ministre du gouvernement intérimaire Mohammed Ghannouchi a démissionné après les violences de samedi dans la capitale Tunis. Les affrontements qui avaient débuté vendredi soir sur l'avenue Habib Bourguiba, entre forces de sécurité et manifestants, se sont soldés par la mort de trois personnes.

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L'avenue Habib Bouguiba vendredi après-midi, photo de Khaled Nciri

Ces violences ont suivi une manifestation massive et pacifique vendredi devant le ministère de l'Intérieur. Il ne fait pratiquement pas de doute que cette émeute et les actes de déprédations volontaires aux biens publics et privés avaient été organisés et préparés à l'avance. Mais la question demeure de qui est responsable.
Sur sa page Facebook, le ministère de l'Intérieur confirme [3] que ces actes étaient organisés mais ne fait ni commentaires ni allusions à leurs possibles auteurs :

عمد بعض الأشخاص من مثيري الشّغب الذين اندسّوا في صفوف المتظاهرين سلميّا واستخدموا مجموعة من الشبان في سن الدراسة دروعا بشرية للقيام بأعمال شغب وحرق وعنف بعد ظهر اليوم السبت 26 فيفري 2011 مستعملين العصي والحجارة

Un certain nombre d'émeutiers se sont délibérément infiltrés dans une manifestation pacifique et ont déployé de jeunes étudiants en boucliers humains pour propager les violences, l'émeute et les incendies volontaires dans l'après-midi du 26 février, usant de pavés et de bâtons

Un blogueur tunisien [4] écrit :

Et voila que même le ministère le confirme, ce qui se passe à l'avenue HB, ce sont des actes préparés à l'avance et visent à délégitimer le sit-in de la Kasbah, message à tout tunisien ayant même une petite goûte de patriotisme, soyez vigilant, pas de violence, pas de destruction, c'est notre Tunisie, quelque soit vos convictions, pour ou contre le gouvernement, ne vous laissez pas manipuler; semer le désordre c'est justement là ou on veut nous mener…

Le journaliste et écrivain français Nicolas Beau décrit [5] l'avenue Habib Bourguiba au lendemain de ce samedi sanglant  :

Ce matin dimanche, l'avenue Bourguiba, où des casseurs ont à nouveau sévi dans la nuit sans que la police n'intervienne vraiment, est fermé aux voitures, mais aussi aux passants.

Et il ajoute :

On voit en effet des supplétifs de la police, jeunes et en tennis, armés de longues lattes de bois, frapper méthodiquement et violemment, les jeunes manifestants et les traquer dans les halls d'immeuble. Pour peu qu'un portable soit aperçu, et immédiatement les nervis le fracassent, de peur des photos.

Les affrontements ont continué dimanche avenue Habib Bourguiba.

La blogueuse et militante des droits de l'homme Lina Ben Mheni (@benmhenilina) [6] tweete :

DES bombes lacrymogènes à l'Avenue Habib Bourguiba le cauchemar continue

Les actes de violence et de vandalisme ne se sont pas limités à Tunis, il s'en est produit aussi dans la province de Kasserine, située dans l'ouest central de la Tunisie.

Abu Sofiane (@AbuSofiane) [7] tweete :

ce qui c'est passé à kasserine est ignoble ! ce gouvernement doit démissionné ce sont des criminels

Kais elloumi (@kaiselloumi) [8] tweete :

les évènements de Kasserine ne semblent pas être spontanés…. bizarre qu'ils coïncident avec le grand rassemblement de La Kasba

En réaction à ces violents incidents, les habitants de Kasserine ont tenu un rassemblement massif samedi contre tous les actes de violence et de vandalisme mais aussi contre le gouvernement intérimaire. Selon http://thalasolidaire.over-blog.com [9]:

Aujourd’hui, des milliers de manifestants sont dans les rues de Kasserine pour dénoncer ces pillages et ces incendies des institutions publiques et pour exiger, en même temps, la dissolution du gouvernement Ghannouchi