Libye: Danger pour les africains sub-sahariens

Cet article fait partie de notre dossier spécial sur la crise politique en Libye (en)

La crise politique née des manifestations  contre Mouammar Kadhafi en Libye ont eu un impact dramatique sur la société civile locale mais  aussi sur la population africaine sub-saharienne résidente en Libye.

Pendant que des milliers d’immigrés sont extirpés des conditions terribles ou sont acheminé vers les frontières les plus proches, de nombreux africains noirs n’osent pas sortir de leurs domiciles,  même pour chercher de quoi manger. Pourquoi cela ?

Le portail numérique de la société civile du Maghreb e-joussour.net explique dans un article  du 2 mars :

De peur d'être pris pour des mercenaires à la solde du pouvoir de Mouammar Kadhafi, les migrants subsahariens vivant en Libye se cachent depuis le début de la répression sanglante, au risque de se retrouver oubliés dans ce pays qu'ils veulent quitter.

Ils seraient des centaines de milliers venus de toute l'Afrique, notamment des pays proches dont 300.000 du Tchad, 50.000 du Nigeria et 10.000 de Mauritanie. Dans le billet de Mediapart publié sur e-joussour.net, déjà cité l’auteur remarque que :

Regroupés par nationalité dans certains quartiers des grandes villes, ils appellent au secours, sans être entendus. «Les Subsahariens ont peur. D'après les informations que nous font parvenir des Maliens, ils se rassemblent autant que possible, à 10, 20 ou 30. Ils ne sortent pas, ils vivent terrés. Tous ceux qui sont noirs de peau se cachent car certains auraient subi des violences», témoigne Alassane Dicko, l'un des responsables de l'association malienne des expulsés (AME), située à Bamako.

Cette vidéo montre un africain noir, suspecté d'être un mercenaire,  lynché par la foule :

La chaîne Al Jazeera a développé un dossier sur le thème du danger d'être noir africain en Libye et sur ces mercenaires de Kadhafi venus d'Afrique noire (en) :

http://www.youtube.com/watch?v=YNA8z5G-Xmk

Dans un recueil de témoignages de Maliens, Abdou Karim Maïga raconte sur le site bamanet.net l’expérience de certains de ceux qui ont réussi à s’enfuir :

Mamadou Diakité, la trentaine et ouvrier de son état, raconte que « depuis le début du conflit, nous sommes persécutés et surtout depuis que la presse a commencé à parler de l'implication des mercenaires africains aux côtés de Kadhafi. On raconte ici que notre président soutient le Guide et nous sommes considérés comme des traitres ».

Un autre Malien faisant partie du même groupe, Chaka Sidibé, arrivé en Libye il y a seulement 4 mois, soutient que depuis plusieurs nuits, lui et ses camarades, n'ont pas dormi et ajoute que :

Nous avons été abandonnés par nos chefs chinois qui ont été évacués par leur pays et leurs villageois nous ont demandé de partir au plus vite. Nous nous sommes regroupés et nous avons traversé la frontière avec l'Égypte à pied.

Le site reliefweb.int raconte d’histoires vécues par des personnes qui ont réussi à sauver leur vie :

Fearing for their lives given the targeting of Sub-Saharan Africans and desperate to leave Libya, they had paid a human smuggler to take them to Egypt in a sealed and refrigerated truck.

Ayant peur pour leur vie, vu que les africains sub-sahariens sont particulièrement pris pour cible et pressés de quitter la Libye, ils ont payé un trafiquant d'êtres humains pour les transporter en Égypte dans un camion frigorifique scellé.

L’agence d’informations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, irinnews.org, raconte l’expérience de Somaliens :

Leurs réserves de vivres sont presque épuisées, a-t-il expliqué. « Le propriétaire fait les courses pour nous, mais nous manquons de tout. Nous avions un peu d’argent lorsque les troubles ont éclaté, mais nous sommes travailleurs journaliers et cela fait 12 jours que nous n’avons pas travaillé ».

Dans ce conflit aussi, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut, Shamso Mohammed, une réfugiée somalienne, a déclaré à IRIN dans le même article :

Les femmes somaliennes sont particulièrement inquiètes de ce qui pourrait se passer. « Je suis arrivée ici il y a à peu près un an et demi pour me rendre ensuite en Europe, mais jusqu’ici, je n’ai pas réussi ; et maintenant, je me retrouve exactement dans la situation à laquelle j’avais voulu échapper en fuyant la Somalie ».

… Trois de ses amies ont disparu il y a cinq jours, a-t-elle indiqué. « On les a appelées pour travailler et elles y sont allées ; selon les dernières nouvelles, elles ont été emmenées en voiture par des hommes armés. Nous ne savons pas ce qu’ils leur ont fait et nous n’avons personne vers qui nous tourner pour nous plaindre ».

Maryan Ali, qui vit sous le même toit que Shamso, a dit craindre qu’on ne vienne les attaquer chez elles. Les domiciles de plusieurs Somaliens auraient en effet été la cible d’attaques, a-t-elle ajouté.

Boukary Daou a écrit dans un article publié par maliweb.net :

“A ce mercredi [2 mars], ils sont environ 134 migrants, à fouler le sol du bercail. Mais ce n’est qu’une infime partie de nos compatriotes vivant en Libye.

Au dernier recensement administratif à vocation électorale et d’état civil, (Ravec), ils sont plus de 9000 Maliens à être recensés. »

Le site podcastjournal.net signale d'autres sources d'inquiétudes pour le HCR  et l’OIM :

Melissa Fleming, porte-parole du HCR, a fait part des inquiétudes du HCR quant au sort d'un “large nombre de ressortissants d'Afrique sub-saharienne qui ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire tunisien”. Une préoccupation également signalée par la porte-parole de l'Organisation internationale des migrations (OIM), Jemini Pandya, qui travaille aussi à l'évacuation des ressortissants étrangers de Libye. »

Dans un autre article de Mediapart publié par centrafrique-presse.over-blog.com, Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM, apporte des clarifications à ces déclarations :

Ceux qui n'ont pas de papiers sont littéralement coincés là-bas. Or, ils sont nombreux parmi les Maliens, les Guinéens, les Burkinabés, les Nigériens, les Nigérians, les Togolais, les Béninois, etc. Sans passeport, il est improbable qu'ils soient autorisés à sortir. Leur situation est particulièrement préoccupante.

Pendant ce temps, dans certains pays d'Afrique sub-saharienne, la censure sévit sur toute information concernant les révoltes populaires en Afrique du Nord. En Guinée-équatoriale, selon une information fournie par le Comité pour la protection des journalistes :

Vendredi dernier, le secrétaire d'État équato-guinéen chargé de l'information et de la presse, Federico Abaga Ondo, a fait irruption dans les studios de la Radio télévision nationale de Guinée-Equatoriale (RTVGE) et ordonné aux techniciens de couper le micro du  journaliste Juan Pedro Mendene, selon des journalistes locaux.

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