Le conflit entre les communauté rom et hongroise de Gyöngyöspata, un village au nord de Budapest [en anglais et allemand], a connu une escalade radicale lorsque des organisations paramilitaires ont fait leur apparition dans le hameau il y a deux semaines, après le rassemblement [en anglais] du parti politique d'extrême-droite hongrois.
En février, le site d'information de droite Barikád.hu publia un article avec une vidéo (en hongrois) sur Gyöngyöspata. Sous le titre : “Terreur tzigane “–le département de Heves au bord de la guerre civile il décrivait les problèmes du village, à savoir la peur ressentie par les habitants hongrois à cause des crimes commis par des membres de la communauté rom locale. Les journalistes de la vidéo disaient aux habitants majoritaires de Gyöngyöspata que “si nécessaire la Garde [Hongroise] viendrait et que cela calmerait les choses pour un moment.” A cette déclaration les Hongrois hochèrent la tête et dirent qu'ils en seraient reconnaissants.
Après le rassemblement du 6 mars du parti d'extrême-droite Jobbik, les membres de la nouvelle formule de la Garde Hongroise dissoute arrivèrent au village. Un groupe de betyárs, des individus qui s'habillent et se comportent comme les “brigands” hongrois du 18ème et 19ème siècles, les accompagnait [en anglais].
Le site d'information d'extrême-droite Kuruc.info publia un article (en hongrois) sur l'expérience de ce groupe de six “brigands” à Gyöngyöspata:
[…] Les betyárs ont raconté que les Hongrois de Gyöngyöspata étaient contents de la présence de la surveillance de voisinage des gardistes et des betyárs. Depuis leur arrivée, c'est enfin la paix et la tranquillité dans cette partie du village où vivent les Hongrois. Au contraire de la partie tzigane, où les 460 Roms enragent parce qu'ils ne peuvent pas terroriser les personnes âgées du village, ni les cambrioler. […]
A mesure que se déroulaient les événements, de plus en plus de journalistes venaient à Gyöngyöspata et publiaient des comptes-rendus de la situation. Orsolya Fehér, une analyste politique, citait le site d'information rom So Si? (en hongrois), qui avait des journalistes roms informant depuis le village :
[…] “Nous sommes allés à Gyöngyöspata jeudi 10 mars, et avons constaté qu'il nous fallait franchir deux barrages rappelant les films de guerre pour pénétrer dans le quartier rom,” écrivait le site internet www.sosinet.hu. A ce stade, la tension était vive entre les Roms et les individus en uniformes noirs qui les entouraient. “Pendant nos entretiens, les habitants roms locaux nous ont parlé de la terreur psychologique et des vexations qu'ils enduraient, de leur peur constante. Il est risqué pour eux de sortir de chez eux, même pour aller au travail.” Dans leur déclaration, les Roms locaux ont attiré l'attention sur le fait que les membres de la Garde Hongroise, se cachant derrière l'Association de la Garde civile pour un avenir meilleur et des uniformes de “gendarmes”, et soutenus ouvertement par le parti Jobbik, maintiennent les habitants roms du village dans un état de peur constante depuis deux semaines. La situation en est arrivée au point où les Roms sont terrifiés de sortir de chez eux, ont cessé d'envoyer leurs enfants à l'école et ne se sentent même pas en sécurité à l'intérieur de leurs propres logements. […]
Zupast du blog Mikor? Melyiket? commente les faits dans un billet intitulé Terreur dans le quartier tzigane [en hongrois]:
[…] Cette Association de surveillance de voisinage pour un avenir meilleur particulière est simplement appelée ‘surveillance de voisinage’. L'Association Nationale de surveillance de voisinage, qui a un code éthique prohibant la discrimination raciale et la pratique partisane, a pris ses distances d'avec les groupes d'autodéfense de Gyöngyöspata. Pour le Jobbik, il ne s'agit pas d'un petit hameau dans le [département] de Heves mais de la promotion à l'échelon national que cela apporte. Il leur fallait simplement un pogrom anti-rom pour prouver à ceux qui ont le plus bas niveau intellectuel dans la société que le parti bien-aimé ne les abandonnerait pas en assainissant l'air. […]
L'Union hongroise des Libertés civiles (HCLU) avec le Comité Helsinki Hongrois et le Bureau de Défense juridique pour les Minorités nationales et ethniques (NEKI) ont adressé une lettre au Ministre de l'Intérieur le 13 mars. Entre temps, sur la base d'une enquête locale, le HCLU a pris position juridiquement (.pdf) sur la situation dans le village [en anglais] :
L'acte effrayant d'individus s'arrogeant le rôle du maintien de l'ordre public n'est pas protégé par la liberté de réunion. Avec leur apparition menaçante, ils ont mis en question le caractère absolu du monopole d'Etat de la force. L'inaction de la police a provoqué l'incertitude juridique.
Après la fête nationale du 15 mars, les membres de l'organisation paramilitaire ont quitté Gyöngyöspata, mais les informations sur de supposées nouvelles cibles n'ont pas tardé à paraître.
Les blogueurs de Gyöngyöspata Solidarity écrivent [en anglais] :
[…] Comme vous savez, aux dernières nouvelles, 3 localités sont des cibles potentielles pour la Gárda et ce seront probablement leurs prochaines destinations: Hajdúhadház, Tiszavasvári, et Borsodnádasd.
Le chef de file et député du Jobbik, Gabor Vona, rejoindrait les gardes civils (!) – potentiellement à Hajdúhadház. Nous ne savons pas avec certitude où ils iront en premier ni quand – ils pourraient aller à d'autres endroits en même temps. Nous devons rester en alerte. […]
Ce vendredi, le site d'actualités Origo rendait compte (en hongrois) des réunions gouvernementales sur les organisations paramilitaires et sur les faits à Gyöngyöspata. L'article indiquait qu'il n'y avait aucune intervention visible concernant les événements dans le village de la part des autorités – malgré les affirmations répétées précédemment du Premier Ministre Viktor Orban et du Ministre de l'Intérieur qu'ils ne toléreraient pas les organisations militaires.