Yémen : La répression continue contre les manifestants

Lundi (4 avril), les villes yéménites de Taiz et Hodeida ont été le théâtre d'une répression sanglante des manifestants anti-gouvernementaux pacifiques par les forces de sécurité. Une fois de plus, Ali Abdullah Saleh, qui préside le Yémen depuis 32 ans, a répliqué par la force et les balles réelles aux contestataires réclamant son retrait immédiat.

Reuters rapporte [en anglais] qu'à Taiz, au moins 15 personnes ont été tuées et 30 blessées quand la police a ouvert le feu. A Hodeida, des manifestants se sont rassemblés pour témoigner leur solidarité à ceux de Taiz, dont ils ont connu le même sort sous les tirs de policiers et d'hommes armés en civil. Des témoins oculaires ont affirmé avoir vu des tireurs embusqués sur les toits prendre les manifestants pour cible.

Protester takes part in the funeral of Abdullah Hamid al-Jaify, an anti-government activist killed in clashes with the police, in March 2011 in Sana'a, Yemen. Image by Giulio Petrocco, copyright Demotix (11/03/11).

Un manifestant aux funérailles d'Abdullah Hamid al-Jaify, un activiste anti-gouvernement tué dans les heurts avec la police, en mars 2011 à Sana'a, Yémen. Photo Giulio Petrocco, copyright Demotix (11/03/11).

Eman (@Emy_Al) tweete :

اليمن تدخل أسوء مراحل ثورتها..أخشى أن يتكرر سيناريو ليبيا فيها !!

Le Yémen entre dans la pire phase de sa révolution.. Je crains que le scénario libyen se répète au Yémen

Ghada Mohamed (@Ghada__Mohamad) tweete :

اليمن اليوم ..جرائم جديدة لعلي صالح

Yémen aujourd'hui.. nouveaux crimes pour Ali Saleh

La situation à Taïz et Houdaïda

Nasser Arrabyee, un journaliste yéménite vivant à Sana'a,  décrit la situation à Taiz et Hodeida [en anglais] :

Au moins trois manifestants ont été tués et des dizaines d'autres blessés lundi lorsque les forces de sécurité ont essayé d'empêcher les manifestants en colère de prendre d'assaut le palais présidentiel et les bâtiments de l'administration de la province de Taiz.
Les sources, qui participaient aux cortèges, ont indiqué que les affrontements se poursuivent, les manifestants persistant à défiler et à encercler les bâtiments officiels. “J'ai moi-même vu un manifestant mort à l'hôpital,” a dit Riyadh Al Adeeb, un journaliste et militant à Taïz.

Il ajoute :

Dans la ville côtière de Hodeida à l'ouest, les affrontements entre forces de sécurité et manifestants en colère se poursuivent également.
“La nouveauté de hier et aujourd'hui, c'est que les protestataires défilent dans les rues au lieu de rester assis à leurs sit-ins,” a dit le manifestant Abdul Hafez Al Nehari, un des meneurs à Houdeida. “Environ 400 personnes ont été blessées par les gaz lacrymogènes utilisés par les forces de sécurité aujourd'hui et hier,” a ajouté Al Nehari.
Les protestataires semblent projeter de continuer leur marches et d'encercler les bâtiments importants des autorités, un pas plus loin  dans la pression au retrait du président Saleh.

Des vidéos insoutenables des violences sur Youtube

Lundi, deux vidéos sur youtube ont fait le tour du net. La première montre des manifestants se disperser en courant au son d'une fusillade.

La deuxième, aux images difficilement soutenables, montre un homme blessé au cou à l'agonie.

Les USA font pression pour la démission de Saleh

Dimanche 3 avril, le New York Times rapportait que l'administration américaine retirait son soutien à Ali Abdullah Saleh, allié majeur des USA dans leur guerre contre Al-Qaida dans la péninsule arabique. “Les Etats-Unis, qui ont longtemps soutenu le président du Yémen, même devant la contestation qui s'est propagée récemment, a maintenant changé sans ambages sa position et a conclu qu'il est peu susceptible d'amener les réformes indispensables et doit être sorti en douceur, selon des officiels américains et yéménites.” affirme le journal.
WessalMubasher rapporte :

البيت الأبيض: جهود مكافحة الإرهاب مع اليمن لا تعتمد على شخص واحد (…)

Maison Blanche : combattre le terrorisme avec le Yémen ne dépend pas d'un unique individu

Gregory Johnsen analyse :

C'est malheureux que la politique de l'administration Obama n'ait entamé que “la semaine dernière son glissement.” La fin de Salih va de soi depuis bien plus longtemps, et les refus persistants des USA de voir cela et ce qu'il s'en est suivi de tergiversations et d'appels à des négociations (demandant aux contestataires de renoncer à leur seul levier) n'ont fait que mettre davantage en danger les intérêts de sécurité des Etats-Unis.

Il ajoute :

Je peux pas dire si les USA se sont posé eux-mêmes la question ou s'ils sont seulement arrivés à la conclusion que quoi qu'ils fassent, Salih était sur le départ, je soupçonne plutôt cela, mais n'ai aucune information interne.

Nous devrions être clairs, les deux scénarios – maintien ou départ de Salih – sont potentiellement dangereux pour la sécurité nationale des USA, et c'est une des raisons des hésitations de l'administration Obama à retirer son soutien à Salih.

Si Salih s'en va, les Etats-Unis sont inquiets que le prochain gouvernement ne soit pas aussi disposé à satisfaire les exigences américaines de combattre al-Qaida que l'a été Salih depuis 14 mois (quand les journalistes parlent de Salih comme d'un allié des USA dans la guerre contre AQAP c'est la durée qu'ils mentionnent).

Si, à l'inverse, Salih reste, dans la configuration actuelle il lui faudrait probablement plusieurs mois pour reprendre le contrôle d'une grande partie du pays, perdu ces dernières semaines, à supposer qu'il y parvienne, ce qui voudrait dire qu'AQAP s'y opposerait moins que par le passé.

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