Avec les avancées législatives récentes et une nouvelle proposition de loi qui criminalise l'homophobie au sénat brésilien, les cas de violences contre les LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) et l'expression de préjugés ainsi que l’hétérosexisme sont sous surveillance. L'arène internet a été utilisée pour exposer de nombreuses réflexions sur le droit à une orientation sexuelle différente dans le pays.
Des crimes d'homophobie en augmentation
Au Brésil, les pratiques sexuelles différentes de l'hétérosexualité sont souvent soumises aux préjugés et à la violence. L'homophobie, d'après l’Association des jeunes LGBT [en portugais], “est la crainte et les conséquences qui en résultent que certains individus ressentent à l'égard des homosexuels”, qui les conduisent à adopter des attitudes de rejet envers les homosexuels.
Au début de 2011, de nombreuses agressions d'homosexuels sur l'Avenida Paulista, la plus importante avenue de São Paulo, ont été signalées. Des membres d'associations de gays ont été battus et attaqués aux lampes fluorescentes à cause de leur orientation sexuelle et même, dans certains cas, pour avoir marché la main dans la main.
Selon des données du gouvernement fédéral et d'Ong de défense des droits des LGBT, chaque année le nombre de crimes homophobes a augmenté à un rythme effroyable. Au cours des cinq dernières années, le nombre de meurtres motivés par la haine contre cette minorité a augmenté de 113%.
Au total 198 homicides ayant pour motivation l'homophobie ont été enregistrés en 2009, selon le journaliste Renato Rovai, citant l'Association brésilienne des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels.
En 2006, au moins 260 gays, lesbiennes et travestis, sont morts à cause de telles motivations. Le Groupe de gays de Bahia (GGB), une des plus grandes organisations de défense des droits des LGBT, a dénoncé les chiffres :
Dentre os mortos, 140 gays (54%), 110 travestis (42%) e 10 lésbicas (4%). O Brasil confirma sua posição de campeão mundial de assassinatos de homossexuais: nos Estados Unidos, com 100 milhões a mais de habitantes que nosso país, foram registrados 14 assassinatos de travestis em 2010, enquanto no Brasil, foram 110 homicídios.O risco de um homossexual ser assassinado no Brasil é 785% maior que nos Estados Unidos.
Les chiffres concernant la violence homophobe, cependant, sont probablement plus élevés [en portugais], comme de nombreuses victimes d'abus gardent le silence et ne dénoncent jamais à la police ce qui leur arrive.
“Certains préjugés finissent seulement avec la loi”
Certains des droits que réclament les associations des LGBT au Brésil ont enregistré des progrès sensibles ces dernières années.
Récemment, l'Institut national d'assurance a reconnu aux homosexuels le droit d'indiquer leurs partenaires stables comme personnes à charge pour bénéficier des avantages de la sécurité sociale, comme la pension de réversibilité à leur décès.
En février de cette année, le député fédéral Jean Wyllys [en portugais] -le premier membre du parlement brésilien à déclarer publiquement son homosexualité – a dit dans son discours d'investiture qu'il allait présenter un amendement constitutionnel (PEC) garantissant le droit au mariage civil aux personnes de même sexe. Actuellement au Brésil, le mariage entre des personnes de même sexe n'existe pas légalement, même lorsqu'il a a été célébré dans un pays qui le reconnaît.
Depuis 2006, à l'ordre du jour au congrès national, il y a la proposition de loi No 122 (PLC 122) qui criminalise l'homophobie. Cette proposition, d'après le site web Não Homofobia (Non à l'omophobie) [en portugais], doit amender la “Loi no 7.716, du 5 janvier 1989, définissant le préjudice ou la discrimination basée sur le genre, le sexe, l'orientation sexuelle et l'égalité des sexes comme crime”:
Isto quer dizer que todo cidadão ou cidadã que sofrer discriminação por causa de sua orientação sexual e identidade de gênero poderá prestar queixa formal na delegacia.
En ce qui concerne l'historique du PLC 122, le blogueur Felipe Shikama observe:
Aprovado por unanimidade pela Câmara Federal em setembro de 2006, o PLC que está no Senado desde fevereiro de 2007, com nº122, determina “sanções às práticas discriminatórias em razão da orientação sexual das pessoas”. No entanto, o projeto foi retirado para “reexame”, diante das pressões promovidas por representações dos segmentos mais conservadores.
L'attention croissante pour les sujets liés aux LBGT, comme les avancées sur le plan législatif, ont mis la lumière sur les cas d'homophobie depuis le début de l'année, dit Nilton Luz, le coordinateur de Rede Nacional de Negras e Negros LGBT, (Réseau national des LBGT d'hommes et de femmes noirs), qui croit que les agressions de l'Avenida Paulista au début de 2011 n'étaient pas dues qu'à des coïncidences. Luz s'explique :
O crescimento da pauta LGBT na agenda pública brasileira teve o efeito colateral de organizar a oposição reacionária aos direitos dessa parcela da sociedade. Tornou-se a principal bandeira da bancada evangélica, obrigou um retrocesso na campanha de 2010 e tem tomado o espaço midiático que tiveram as cotas raciais na década passada.
D'un côté, des associations religieuses et d'autres d’extrême droite s'opposent au progrès dans la législation sur l'homosexualité en général et au PLC 122 en particulier, soutenant qu'on commence à voir au Brésil la “Dictature des gays”.
De l'autre côté,en même temps que les actes de violences homophobes se multiplient dans le pays, l'opposition à ces attaques est immédiate. La campagne #EuSouGay (Je suis gay) a provoqué les réactions sur le cas cas d'une fille qui a été assassinée par la famille de sa petite amie à São Paulo. La société civile s'est mobilisée pour demander l'approbation de la PLC122 pour que la communauté LGBT ne vive plus dans la peur permanente.
Ces faits et bien d'autres jetant une lumière sur la réalité des groupes LGBT et le droit à son orientation sexuelle personnelle au Brésil seront traités dans une série de billets sur Global Voices. Nous vous informerons des différents points de vue des internautes, sur des problèmes allant des préjugés à l'acceptation et comment ils sont représentés et comment ils protestent en ligne.
Le billet d'origine a été révisé par Marta Cooper.
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