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Equateur : une campagne sur Twitter fait un bras d'honneur au président Correa

Catégories: Amérique latine, Equateur, Cyber-activisme, Droit, Humour, Liberté d'expression, Médias citoyens

Il est bien connu qu'en Equateur [1], Twitter, avec d'autres réseaux sociaux, a été le principal support des critiques ou du soutien exprimés au Président Rafael Correa [2]. Ces derniers temps, une campagne intitulée #undedoparacorrea [3] (un bras d'honneur pour Correa) a fait son apparition sur Twitter et d'autres réseaux sociaux. Sur la page d'accueil internet de cette campagne, on voit des gens photographiés en train de lever leur majeur afin de protester contre l'idée que l'on peut être arrêté pour quelque chose d'aussi ridicule que de lever le doigt [4] [en espagnol comme tous les liens]”.

UN DEDO PARA CORREA ES PROTESTA, NO PROPUESTA: Sería absurdo que hacer dedo fuera una propuesta. Una protesta tampoco tiene por qué ser profunda, ideal, dogmática, masiva, intelectual, ideológica, etc. Puede ser tan simple como mostrar el dedo como elemental señal de inconformidad. Teniendo en cuenta además la coyuntura actual (un presidente que usa recursos públicos para perseguir e injuriar) es una protesta válida. Ni más ni menos. Simplemente válida.

UN BRAS D'HONNEUR POUR CORREA EST UNE PROTESTATION, ET NON PAS UNE PROPOSITION : il serait absurde de penser que faire un bras d'honneur à quelqu'un serait une forme de protestation. Une protestation n'a pas non plus besoin d'être profonde, idéale, dogmatique, massive, intellectuelle, idéologique, etc… Ça peut être aussi simple que de lever un doigt, en signe de non-conformisme. De plus, le fait de prendre en compte la situation actuelle (un président qui utilise les fonds publics afin de poursuivre des gens en justice ou de proférer des insultes) est une protestation valable en soi. Ni plus, ni moins. Valable!

Rafael Correa, dedo. [5]

Le président de l'Equateur

L'histoire de la campagne du bras d'honneur a commencé le 13 avril avec la mise en détention d'Irma Parra ; elle croisait la délégation présidentielle au volant de sa voiture quant elle a levé et agité l'index de sa main gauche, signifiant son refus d'un referendum constitutionnel [6]. Le gouvernement dit qu'Irma Parra n'a pas seulement manifesté son opposition au gouvernement, mais qu'elle a également tendu son majeur, faisant un geste obscène adressé au chef de l'état. Les médias équatoriens, plutôt divisés, ont couvert de manière superficielle l'arrestation [7] de cette femme, expliquant qu'elle avait soutenu le “Non” au referendum et insistant sur les accusations d'attaques à l'encontre du président.

La femme en question a été écrouée et accusée de délit contre l'administration, selon la loi de la Rébellion et Outrage à l'encontre des Fonctionnaires (Art. 230 du Code Pénal).

Les accusations de ce genre, le nombre d'arrestations lors des tournées nationales de Correa, la liberté d'expression et l'ordre public, voilà autant de sujets qui ont été abordés dans cette campagne sur les réseaux sociaux.

Sur son blog, Henry Raad [8] ironise sur cette histoire de “doigt” :

Parecería ser un miembro inofensivo e insignificante del cuerpo humano, casi un simple apéndice al final de cada mano. No le hemos dado su debida importancia y tan es así, que la flamante Constitución de Montecristi no le dedica un párrafo siquiera. Creo que es un error ya que ha cobrado trascendencia en el léxico penal ecuatoriano y ya amerita legislar debidamente.

On penserait que c'est une partie inoffensive et insignifiante du corps humain, presque un simple appendice situé à l'extrémité de chaque main. Nous ne lui avons pas encore attribué la reconnaissance qu'il mérite, et la flamboyante Constitution de Montecristo ne lui a jamais consacré un seul article en tant que tel. Je pense que c'est une erreur qui a déjà pris du sens dans le lexique du système pénal équatorien et qu'il faut légiférer au plus vite.

María Rosa Pólit A. explique sa vision de la campagne dans un article d'opinion [9] rédigé dans El Teléfrago :

surgió de manera espontánea una acción de protesta ciudadana que se promueve en la red social Twitter, la cual desafía abierta y categóricamente la criminalización de una conducta que no representa peligro para los ciudadanos

Ça a commencé par une vague spontanée de protestation citoyenne sur le réseau social Twitter, qui est connu pour défier ouvertement et de manière catégorique les criminalisations des comportements ne représentant aucun danger pour les citoyens.

Sur son blog Polificcion [10] (Polifiction), le chroniqueur Carlos Andres Vera ajoute sa vision à la critique en cours :

Como señalaba Belén Proaño en twiter, es curioso que el Gobierno se dirija siempre “a sus mandantes”. Notas la contradicción? Puedes ver el peligro en concebir el poder de esa manera? Simplemente no me cuadra ese discurso del “me respetan porque me respetan”. Lo rechazo, tajantemente. En ese sentido, no estamos cayendo en su juego. Si lo hiciera, demandaría que cada persona que me ha insultado, (son muchísimas) se vayan detenidas. Podría empezar con todos los insultos en mi blog, twitter y facebook. Pero simplemente los ignoro. Esa es la mejor respuesta.

Comme Belén Proaño l'a dit sur Twitter, il est curieux que le gouvernement gère toujours ses “gérants”. Ne voyez-vous pas la contradiction? Ne voyez-vous pas le danger de percevoir le pouvoir de cette manière? Je n'accepte tout simplement pas l'adage qui dit: “Je suis respecté parce que je suis respecté”. Je le rejette en bloc. En ce sens, nous ne jouons pas leur jeu. Si c'était le cas, cela reviendrait à demander à ce que toutes les personnes qui m'ont insulté (et elles sont nombreuses) soient arrêtées. Je pourrais commencer avec les insultes déposées sur mon blog, sur Twitter et sur Facebook. Mais je préfère les ignorer. C'est la meilleure des choses à faire.

Carlos Jijón (@carlosjijon [11]) écrit:

Todo el poder del Estado contra Irma Parra. SRI, el ministerio d Trabajo,los 3 canales del Estado persiguen a una mujer que levantó un dedo.

Tout le pouvoir de l'état contre Irma Parra. Le fisc, le ministère du Travail, les 3 chaines de télévision publique s'acharnant sur une femme qui n'a fait que lever le doigt.

Jose Jalil Perez (@j_jalil_perez [12]) compare cette histoire de “doigt” à la controverse qu'a vécu le Salon du Livre à Buenos Aires avec une œuvre intitulée “El Gran Hermano [13]”  (Le Grand frère), qui aborde le scandale des contrats de plusieurs millions de dollars auquels serait lié Fabricio Correa [14], le frère ainé du président. Jose Torres, fonctionnaire de son état, est venu pour retirer le livre du salon; lorsqu'il dut faire face à des journalistes et des visiteurs du salon, lui aussi a tendu “le doigt” [15] . Perez fait ce commentaire:

@janethinostroza [16] en lo del dedazo de Irma Parra sólo lo han visto los testigos y el de Torres es invento lo que refleja la cámara

@janethinostroza [16] concernant le doigt d'Irma Parra, nous n'avons eu que des témoignages oraux, mais le doigt de Torres a été filmé en direct.

Liliana Cordova (lilaladiva [17]) répond :

@restevesd [18]: @mashiroberto [19] @cruzcelta [20] @AuzFabian [21] #undedoparacorrea [3] es hecho por cobardes q no pueden debatir con argumentos y recurren a eso

@restevesd [18]: @mashiroberto [19] @cruzcelta [20] @AuzFabian [21] la campagne #afingerforcorrea est faite par des lâches qui ne sont pas capables de raisonner et qui n'ont pas d'autres recours.

Roberto Wohlgemuth (@MashiRoberto [22]) déclare :

@eduardovarcar [23] @rafaelugon [24] @roosjs [25] @Polificcion [26] a esta campaña no lo veo como aporte. Como ofensa sí.

@eduardovarcar [23] @rafaelugon [24]@roosjs [25] @Polificcion [26] Je ne considère pas cette campagne comme une contribution, mais plutôt comme une offense.

Martín Pallares en Desde la Tranquera [27] affirme que :

Indudablemente que tener un Presidente incapaz de tolerar lo que un ciudadano le diga, así sea mediante la más obscena de las señas, es indigno para una sociedad que pretenda vivir con normas democráticas.

Il est évident qu'un président qui n'est pas capable de tolérer ce qu'un citoyen a à dire, aussi obscène que ce soit, n'est pas digne d'une société qui souhaite vivre selon des principes démocratiques.

Paulsen commente [28] sur la proposition :

Merece difusión (aportaré con mis seguidores de twitter y amigos de Facebook, aparte de los de la vida real

Cette proposition doit circuler (je ferai passer l'information sur Twitter et Facebook, ainsi qu'auprès de mes amis de chair et de sang).

Sur le blog YucaJurídica [28], de la protestation à la proposition, le pas a été franchi :

En días pasados, el hashtag twitero #undedoparacorrea y la web www.undedoparacorrea.com no solo generaron adhesión o rechazo, sino el interés de algunos usuarios de esa red social para que la PROTESTA no muera solo en un “yucazo” sino que evolucione a una PROPUESTA que defienda elementales principios democráticos y de libertad de expresión, desde lo jurídico.

Ces derniers jours, le mot clé « #undedoparacorrea », ainsi que le site internet www.undedoparacorrea.com, n'ont pas seulement éveillé l'intérêt ou provoqué le rejet, mais ils ont également poussé d'autres utilisateurs de ce réseau social à veiller à ce que la contestaion ne se meure pas d'un coup, mais qu'elle évolue vers une proposition qui défende les principes démocratiques de base et la liberté d'expression, jusque sur le plan législatif.