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Australie : Les demandeurs d'asile enflamment le débat sur les centres de rétention

Catégories: Océanie, Australie, Droits humains, Médias citoyens, Réfugiés

[liens en anglais] Le débat sur la politique du droit d'asile en Australie vient d'être rallumé par de récents incidents dans les centres de rétention :

Une mutinerie sur les toits du centre de rétention de Villawood dans l'ouest de Sydney a pris fin au bout de 11 jours.

…La mutinerie a commencé lorsque 100 détenus ont mis le feu au mobilier et affronté les gardiens.

Neuf bâtiments incendiés, et 22 personnes attendent maintenant à la prison de Silverwater leur interrogatoire sur leur rôle dans les troubles.
Fin de la mutinerie de Villawood au bout de 11 jours [1] (ABC Online 30 avril 2011)

The Refugee Action Collective organise a march and protest on Saturday 2 April, 2011, against children in immigration detention outside the Melbourne Immigration Transit Accommodation at Camp Road, Broadmeadows. Image by Flickr user Takver (CC BY-SA 2.0). [2]

Marche et manifestation du Collectif d'Action Réfugiés samedi 2 avril 2011, contre la présence d'enfants en centre de rétention, devant le centre d'hébergement de transit d'immigration de Melbourne, Camp Road, Broadmeadows. Photo sur Flickr de Takver (CC BY-SA 2.0).

Jack the Insider, qui blogue pour le quotidien The Australian, voit le gouvernement travailliste Gillard coincé entre ceux qui réclament un durcissement de la politique envers les réfugiés soi-disant ‘boat people’ et ceux qui souhaitent une approche plus compatissante. La coalition d'opposition du Parti Liberal National veut un retour à la solution Pacifique sur l'île de Nauru du gouvernement Howard. Les Travaillistes s'accrochent à la rétention obligatoire tout en collant à leur idée faiblissante d'un centre régional de traitement au Timor Oriental :

Ce qui nous reste c'est une forme de stase politique, un débat qui ne peut pas avancer, bloqué comme il l'est dans certains des traits de caractère australiens les plus laids. Mais c'est le gouvernement qui a tout à y perdre.
Le gouvernement se bat pour une non-victoire à propos des demandeurs d'asile [3]

One Nation Riverina est un blog régional ‘du seul véritable parti politique nationaliste d'Australie’. Craig Hesketh exprime l'opinion des minoritaires du parti, souvent attaquée comme son ‘vilain’ côté  :

Le peuple australien en a assez. Il nous faut un gouvernement fort et non du politiquement correct grossier et de la politique molle du genou visant à apaiser les terroristes importés et les défenseurs délirants de réfugiés.
Les émeutes de Villawood [4]

Dave Bath sur Balneus appelle à la raison, une qualité qui fait souvent défaut sur les questions d'immigration :

En vérifiant les dernières statistiques de l'UNHCR sur les demandes d'asile [5], j'ai du mal à comprendre les déclarations viriles de Canberra, l'échec des médias traditionnels à informer le public, et l'opinion majoritaire.

Le problème avec les demandeurs d'asile [6]

Sur le blog collectif Larvatus Prodeo, Kim déplore le réflexe de ligne dure du gouvernement :

‘Faire quelque chose’ est supposé briser le cercle de ce qu'on pense être une image négative pour le gouvernement. Or chaque fois qu'ils ‘font quelque chose’, c'est seulement renforcer le cadrage de l'histoire, et planter le décor d'une escalade d'exigences pour une politique de fuite en avant. A l'arrivée il y a les mesures de l'ère Howard, mais même alors, cela ne satisfera probablement pas les loups affamés.

Ainsi nous avons quelque chose de faux, politiquement futile, et de mauvaises mesures.
Le cycle sans fin de la politique d'asile [7]

Les plus de 120 commentaires sous ce billet sont symptomatiques des sentiments profondément ancrés dans la controverse sur les demandeurs d'asile, tels ceux-ci :

[8]

Wombo: jumpncar, je pense que “chacun” en fait sur ce blog – vu ses croyances et activités – aurait un “passé criminel” s'il vivait en Iran. Sauf vous peut-être – vous semblez avoir un amour immodéré pour les règlement en tant que tels…

Personnellement, je serais fier d'avoir un tel passé “criminel” sous cette méprisable dictature théocratique.

Mes grands-parents étaient des citoyens suspects – qui ont subi le harcèlement et ont failli être envoyés à Dachau – sous les nazis. De cela aussi je suis fier, et j'aimerais croire que si j'avais vécu alors, moi aussi aurais un contexte “criminel”.

Idiot. Arrogant, sans coeur, idiot.

Paul Burns: Je n'ai pas commenté sur ce fil parce que mon coeur désespère seulement de toute cette horrible et sale affaire et est rempli de honte.
Mais Wombo, vous l'avez allégé. Bravo, camarade !

Greg Clancy, sur Australian Conservative, a sa solution qu'il pense viser les vrais coupables – les passeurs :

…Toute arrivée non autorisée de bateaux… sera traitée précisément comme les autres par le passé – avec deux exceptions. Si les passagers demandent le statut de réfugié, cette procédure sera exécutée, non par les agents d'immigration australiens, mais par le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (UNHCR). En cas de demande accordée, le pays de destination pour ce réfugié sera déterminé par consultation entre responsables australiens et du UNHCR  – mais ne sera pas l'Australie. Le coût de l'évacuation des demandeurs réfugiés qui auront réussi ou échoué sera supporté par le gouvernement australien.
Comment stopper les bateaux [9]

Clancy, et Jay Fletcher de Green Left Weekly sont aux antipodes :

Ce n'est pas un crime de résister à l'injustice — les réfugiés qui trouvé la force de se révolter à l'intérieur du système australien de rétention obligatoire doivent être défendus et soutenus dans leur position.

Ce n'est pas un crime de chercher asile. Tout individu ayant une crainte fondée pour sa sécurité qui vient en Australie et demande l'asile, même si ses papiers d'identité ne sont pas bons ou qu'il n'en a pas, a un droit à le faire.

Par ailleurs, détenir des gens sans charge, procès ou jugement est criminel.

C'est un crime scandaleux d'exercer une violence publique à grande échelle contre des personnes qui, en vertu de la loi internationale, ont droit à la protection gouvernementale.
La rétention forcée est le vrai crime [10]

Le sujet est extrêmement complexe et épineux. Rétention obligatoire, traitement offshore, visas de protection temporaire et tests psychologiques n'en sont que quelques aspects litigieux.

Le gouvernement semble assis entre deux chaises, une position des plus inconfortables dont voudraient le tirer ses partisans.

L'image de la vignette provient de la page Flickr de Takver [11] et est utilisée sous Licence CC Attribution-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-SA 2.0)