Azerbaïdjan: Condamnation d'un jeune militant pour la liberté

Jabbar Savalan, un jeune militant de 20 ans arrêté en Azerbaïdjan le 5 février a été condamné à deux ans et demi de prison sous l'accusation de possession de drogues. Cependant, ses partisans et amis ainsi que des militants pour la liberté d'expression et des droits humains, soutiennent que Javalan a été emprisonné parce qu'il a lancé un appel sur Facebook pour l'organisation de manifestations en Azerbaïdjan après les révolutions populaires en Tunisie et en Égypte.

Dans un communiqué de presse publié après le verdict, l'organisation Amnesty International a dit qu'elle considère le jeune militant comme un prisonnier pour délit de conscience.

“Tous les éléments de preuve laissent penser que Jabbar Savalan a été condamné sur de fausses accusations”, a dit John Dalhuisen, Directeur adjoint du Programme pour l'Europe centrale et l'Asie d'Amnesty International.

“Il est clair que la raison réelle de son arrestation et maintenant de sa condamnation était de le punir pour – et de dissuader – l'appel à des manifestations anti-gouvernementales inspirées des événements qui ont eu lieu au Moyen-orient. Jabbar Savalan est puni pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression.”

Jabbar Savalan a été condamné malgré un test sanguin qui démontrait qu'il n'avait pas pris de drogue. La condamnation était basée principalement sur une confession qu'il a été obligé de signer et qu'il a rétractée entre-temps. Il n'a pas eu accès à un avocat pendant son interrogatoire.

Le site de soutien à Jabbar Savalan

Bien que la situation de la liberté d'expression soit depuis longtemps un sujet de préoccupation en Azerbaïdjan, des événements récents ont indiqué qu'il y avait une augmentation préoccupante des cas concernant la liberté d'expression en ligne. En mars, Bakhtiyar Hajiyev, un diplômé de Harvard et militant politique avait été arrêté [en anglais] de manière ostentatoire pour évasion au service militaire, en plus d'avoir organisé des manifestations pro-démocratiques dans le pays sur Facebook. Des accusations pénales ont été également lancées contre un des autres organisateurs, Elnur Majidli, habitant Strasbourg .

Des observateurs critiques des autorités de cette ancienne république soviétique riche en pétrole soutiennent que la situation est actuellement beaucoup plus grave si on la compare aux rapports précédents sur la répression contre les dissidents. Un autre prisonnier de conscience d'Amnesty International, le journaliste Eynulla Fatullayev, est déjà en prison bien que la Cour européenne des droits de l'homme se soit prononcée en sa faveur et ait demandé sa libération immédiate [en anglais]. Comme Savalan, Fatullayev est actuellement emprisonné sous l'inculpation de possession de drogues.

Parlant au cours de la cérémonie de célébration cette semaine de la Journée mondiale de la liberté de la presse promue par l'UNESCO, Adnan Hajizade et Emin Milli ont remarqué que ces accusations continuent d'être utilisées pour réduire au silence les voix critiques. Les deux jeunes militants et vidéo-blogueurs emprisonnés en 2009 et libérés sous conditions en novembre de l'année dernière ont participé sur Skype à une discussion entre dirigeants de jeunesse. Ironiquement, cependant, le lendemain, M. Ali Abbasov, le Ministre azéri de la communication a déclaré que Skype constituait une menace contre la sécurité nationale [en anglais].

La coïncidence des propos pourrait n'avoir été qu'accidentelle, mais considérant la politique suivie par le gouvernement jusqu'à présent, on peut craindre, avec raison, qu'il y aura encore probablement plus de répression. Lors de la célébration de la Journée de la liberté de presse, l'organisation Reporters sans frontières a désigné M. Ilham Aliyev, le Président de l'Azerbaïdjan, comme un des 38 “Prédateurs de la liberté de presse.”

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