Pendant les dernières années de la Tchécoslovaquie socialiste, le pays se caractérisait par les pénuries. Les gens n'étaient pas affamés ou nus, il était toujours possible d'acheter les produits de base. Mais si on voulait quelque chose sortant un peu de l'ordinaire – disons, des jeans – il fallait se rendre dans des magasins spéciaux [en anglais] et payer avec des coupons, que les gens ordinaires ne pouvaient acquérir qu'au marché noir.
Les gérants de magasins gardaient les fruits exotiques ou les meilleurs morceaux de viande sous le comptoir pour les clients qu'ils trouvaient plus intéressants, comme les médecins ou mécaniciens qualifiés. La plupart des autres devaient faire longuement la queue. L'achat d'une voiture ou d'un appartement neufs demandait des années d'attente. Les marques occidentales – à l'exception peut-être des sodas – étaient très rares.
Révolution dans le commerce
La situation changea après l'année de la révolution, 1989 [en anglais], avec l'ouverture des frontières et la transformation des villages agricoles de l'Autriche voisine en centres commerciaux – qu'ils sont restés jusqu'à aujourd'hui, où les marques et chaînes de magasins internationales sont désormais des acteurs puissants sur le marché slovaque.
Souvent, néanmoins, les produits alimentaires de la même marque diffèrent en qualité et prix, selon qu'ils sont fabriqués pour les consommateurs d'Europe occidentale ou centrale et orientale.
Les consommateurs pourraient s'attendre à ce que des produits de même marque aient la même qualité à travers la planète, or des différences régionales existent bel et bien, selon une étude [en slovaque, format powerpoint] financée par le département slovaque de la Commission Européenne et réalisée par l'Association des Consommateurs Slovaques.
Des produits testés dans cette étude, la qualité du chocolat au lait alpin Milka s'est avérée la plus constante : aucune différence significative n'a été découverte entre les versions produites en Europe occidentale et en Pologne. Les consommateurs allemands et autrichiens sont cependant assurés d'avoir un chocolat fait au lait des Alpes. La célèbre vache violette qui donne le lait du chocolat d'Europe de l'Est broute peut-être quelque part dans les Tatras, sans qu'on le leur dise.
Différences régionales
Dans le cas du Coca-Cola, ce qui fait la différence, c'est le sucre utilisé. Les consommateurs allemands comme tchèques ont une version au sucre de betterave, tandis que les pays plus à l'est ont du sirop de maïs dans leur boisson. La compagnie a expliqué [en slovaque] qu'elle peut ainsi fournir un produit meilleur marché au marché slovaque – et la comparaison des tarifs du Coca-Cola dans l'étude le prouve.
Le blogueur Tibor Pospíšil écrit [en slovaque] que le sucre de betterave est plus cher en Europe à cause du “lobby du sucre” et que, pour la plupart des consommateurs, il n'y a pas de différence notable de qualité. De plus, les consommateurs slovaques obtiennent ainsi un Coca-Cola identique à celui originel des Américains.
Il y avait des différences visibles dans le café Nescafé Gold entre l'Europe de l'Ouest et de l'Est – dues aux différences de préférences des consommateurs locaux, aux dires du fabricant [en slovaque].
Mais les plus grosses différences ont été trouvées dans les épices produits par Kotányi, une société située en Autriche. Les consommateurs de toute l'Europe obtiennent des conditionnements de même taille avec des quantités différentes d'épices dedans, et de grands écarts de prix au kilo. Bien que tout sorte d'une seule usine, la plus mauvaise qualité a été trouvée dans un lot produit pour la Bulgarie : près de 10 % du contenu n'était que de la poudre, et dans le cas du poivre rouge, il manquait une bonne partie de sa couleur naturelle. Le porte-parole de la société a déclaré [en slovaque] que c'était accidentel, et à l'appui, il fallait noter que les lots produits pour les marchés autrichien autant que hongrois et slovaque avaient des problèmes de taux d'humidité.
Ci-dessous, des extraits d'une discussion de l'article sur les résultats de l'étude [en slovaque], publié en avril 2011 dans la section Economie du portail d'information en ligne SME.sk.
freedomman:
S'il ne s'agissait que d'alimentation, mais ça arrive aussi avec les autres produits, mais je pense toujours que c'est surtout une affaire de consommateur, parce qu'ils n'importent ici que ce que veut le consommateur. Si le consommateur ne se soucie pas de la composition, du poids, de l'origine et ne se préoccupe que du prix, alors le producteur lui donnera satisfaction. C'est une grosse différence entre les consommateurs moyens autrichiens et slovaques. Combien de consommateurs slovaques regardent le pays d'origine ? […]
Jumo (répond):
Je le fais [vérifier le pays d'origine] et les autres aussi. Et je ne pense pas que les consommateurs autrichiens y fassent plus attention que les slovaques.
rini17:
Mes parents rouspètent que la viande fumée n'a plus la même qualité qu'avant, mais la seule chose qui les intéresse c'est le prix. Ils ne s'occupent de la composition ou du goût que si elle est impossible à manger.
chico34:
Peu importe que la nourriture en Allemagne soit de meilleure qualité – ici elle est plus chère.
hektor22 (répond):
Chiffres officiels : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-SF-10-030/EN/KS-SF-10-030-EN.PDF Voyez page 2 – indice des prix alimentaires. Allemagne : 111, Slovaquie : 80. L'alimentation est presque 40% plus chère en Allemagne.
koprolit:
Et notamment Kotanyi sus-mentionné… même les marques moins chères en Slovaquie sont de meilleure qualité.
zed25:
Tout le monde le sait, désormais confirmé en laboratoire. D'expérience personnelle, je peux confirmer une grande différence dans la qualité des composants chimiques – par exemple, il y a une grande différence dans les couches pour bébés achetées en Autriche et ici.
ivan the terrible:
Et qui est responsable de cela, camarades ? Montrez-moi les coupables ! On peut sûrement blâmer une fois de plus les impérialistes de l'Ouest de notre propre bêtise ! Les compagnies impérialistes nous donnent des marchandises de deuxième et troisième catégorie ? Mais nous aimons les manger et les payons !
Radike 777:
Et voilà pourquoi j'achète slovaque… Hélas, c'est parfois difficile de trouver des produits slovaques dans les épiceries.
Grüß Gott:
A la tactique stupide de nos commerçants il y a un remède simple. Je n'achète plus désormais qu'en Autriche. Les prix sont les mêmes, parfois nettement inférieurs, et la qualité est nettement meilleure.
etrusk:
J'ai parlé à des producteurs laitiers […]. A l'époque du propriétaire slovaque, ils utilisaient la même recette qu'à l'époque communiste, c'est-à-dire que les fromages prenaient leur temps de maturation et les yogourts étaient aussi comme il faut. Dès qu'un investisseur étranger a fait son entrée, ils ont introduit une nouvelle recette. Le fromage est à maturité en quelques heures maintenant…
statocnesrdce:
Rien ne se compare à la qualité que j'utilise, la qualité classique de l'alimentation de l'ère communiste. Lait, viande, oeufs, fruits et légumes : je les achète aux agriculteurs locaux qui ne sont pas sous contrôle [public]. Le jaune d'oeuf est jaune et même mon fils ne veut pas des oeufs du commerce. Et quand le lait tourne, on peut le boire comme du lait sûri…