Ouganda : les femmes et les avocats se joignent aux marches Walk To Work

[Liens en anglais] L'absence temporaire du dirigeant de l'opposition ougandaise Kizza Besigye, qui a été  évacué par avion à Nairobi pour être soigné, après avoir reçu directement dans les yeux du gaz lacrymogène durant la marche  Walk to Work du 28 avril semble avoir galvanisé les manifestants.

Les manifestations entrent maintenant dans leur deuxième mois. Le groupe d'opposants à l'origine du mouvement “Aller au travail en marchant” ont été rejoints par des associations de femmes et des avocats, outrés non seulement par le prix de l'essence et de la nourriture, mais par la brutalité de la réaction du gouvernement à leurs manifestations.

Edward du blog Echwalu Photography liste les revendications des femmes :

Exprimer sa solidarité avec les femmes, les hommes et enfants qui subissent les conséquences des prix exorbitants de la nourriture et de l'essence, en finir avec l'utilisation des balles réelles, avec les attaques aléatoires contre des civils, promouvoir les droits fondamentaux des citoyens, qui sont inscrits dans le chapitre 4 de la Constitution, s'occuper des problèmes sociaux et économiques, assurer la sécurité alimentaire, lutter contre le chômage, pour la santé et l'éducation.

Edward a aussi publié  des photos de la manifestation des femmes, dont une qui représente une femme près d'un panneau de station d'essence, indiquant le prix de  3,490 shillings ougandais par litre ( soit 1 Euro) :

Femmes ougandaises

Timothy Hatcher du blog Araa Linuga compare la manifestation des femmes au mouvement des suffragettes en Grande Bretagne, il  y a un siècle :

J'ai lu sur Internet aujourd'hui que l'esprit des suffragettes britanniques, au début du XXe siècle, s'était perdu de nos jours. L'Ouganda, parfois, semble être à l'autre bout du monde quand on vit en Grande Bretagne, mais certains sentiments sont universels, et ne dépendent pas d'un lieu. J'espère que le mouvement de solidarité envers les femmes ougandaises qui s'est exprimé lundi, pour une cause importante pour tous dans leur société, même quand il existe un risque d'être blessée ou arrêtée, est un signe que cet esprit revit.

La semaine dernière, les avocats ougandais se sont mis en grève pour protester contre la violence de la répression policière contre les manifestants. Ce n'est pas la première fois que les avocats ougandais se mettent en grève pour protester contre le traitement de  Kizza Besigye par le gouvernement : il a été souvent arrêté et emprisonné ces dernières années. En 2005, Brian, sur le blog Black Star Journal avait décrit une de ces grèves :

Aujourd'hui, la Société des gens de loi ougandais a fait grève pour l'indépendance de la magistrature, qui selon les avocats est menacée.

Ils sont particulièrement révoltés par un incident dont j'ai parlé ici. Des dizaines de militaires ont fait irruption pour cerner le tribunal durant  l'audience du procès intenté au leader de l'opposition  Kizza Besigye.

Si le Dr Besigye est vraiment coupable des délits dont le gouvernement l'accuse, alors, il n'est certainement pas nécessaire d'y rajouter l'intimidation militaire des tribunaux civils.

Kizza Besigye semble être au centre de ces manifestations, mais Iwaya du blog Mad and Crazy met en garde les observateurs : le véritable moteur des manifestations n'est pas le soutien à l'opposition, mais l'exaspération devant la situation économique actuelle en Ouganda.

W-2-W (Walk to Work) n'est pas déclenché par le Dr. Besigye, même si la machine à propagande du gouvernement a fait tout ce qu'elle pouvait pour essayer de diffamer Besigye. C'est à cause des conditions économiques effroyables dans lesquelles les Ougandais se retrouvent aujourd'hui, et l'apathie d'un gouvernement qui croisent les bras et déclare  “On ne peut rien faire”  pour alléger nos difficultés, mais il faut quand même continuer à payer vos impôts en temps et en heure.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.