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Egypte: Comment les firmes des NTIC aident à espionner les militants

Catégories: Egypte, Droits humains, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, Advox

(liens en anglais) Une des revendications de la révolution égyptienne était l'abolition d'un des services de sécurité les plus connus pour la torture, les violations graves des droits humains et l'espionnage des militants, c'est-à-dire les Services de la sécurité d'Etat [1] (SSI) et d'en faire juger les chefs.

Il y a quelques semaines, lorsque les autorités n'ont pas accédé immédiatement aux exigences du peuple, de nombreux Egyptiens se sont rassemblés devant le siège de SSI pour protéger les preuves contre ces services (y compris les équipements de torture et les documents). Parmi ces documents il y a les communications entre des unités des SSI liés à la censure, la surveillance des contenus en ligne, le contrôle des ordinateurs/portables ainsi que la fermeture des services de communication.

Ces fuites sur les SSI fournissent beaucoup d'informations dont toutes les personnes et les associations travaillant sur le droit à la protection de la vie privée et la liberté d'expression ainsi que dans d'autres domaines devraient prendre connaissance pour les comprendre.

Depuis la grève du 6 avril [2] en Egypte en 2008, les services de sécurité ont décidé d'accorder plus d'attention aux communications en ligne et par la téléphonie mobile entre les militants. Les SSI ont créé une Unité des urgences, dont on peut trouver parmi les fonctions:

Les SSI ont tenu plusieurs réunions en présence de représentants du ministère de l'intérieur, des renseignements généraux, du ministère de la défense et du ministère des communications de masse et des technologies de l'information ainsi que des trois entreprises de télécommunications les plus importantes en Égypte (Vodafone, Mobinil, Etisalat).

. [3]

En 2009 et peut-être encore plus tôt – les communications étaient faites à partir d'une entreprise basée dans un pays européen et ayant son siège au Royaume uni, du nom de Gamma Group International [4], ayant des  SSI en Égypte fournissant des services et un logiciel que les unités des SSI décrivaient en août 2009 dans leurs services intérieurs de communication comme “un système de sécurité qui a des capacités, non fournies par d'autres systèmes, dont l'atout principal est de s'introduire dans les comptes personnels sur Skype, et dans les comptes emails sur Hotmail, Yahoo and Gmail, de contrôler totalement les ordinateurs ciblés” et dans d'autres communications intérieures faites en décembre 2010 “enregistre les conversations audios et vidéos, enregistre les activités qui ont lieu autour des ordinateurs surveillés avec des caméras et fait des copies de leurs contenus.”

Dans ces échanges de messages entre les unités des SSI, le prix avancé pour le logiciel, appelé Finfisher [5] est de 2 millions de livres  égyptiennes.

Voici comment Gamma Group International se présente sur son site web [4] : “fournit une surveillance technique avancée ainsi que des solutions de contrôle et une assistance internationale aux départements nationaux des services secrets et aux institutions chargées de l'application de la loi.

L'information la plus récente était un rapport publié le 1er janvier 2011 par un service de technologies de l'information des SSI après un essai d'une version gratuite du logiciel.

Ce genre de programmes mis au point par Gamma International et des entreprises similaires permettent tout bonnement aux gouvernements et aux services de sécurité des régimes au pouvoir de violer la vie privée des citoyens, contrôler leurs activités et imposer la censure. Par conséquent, ils aident les gouvernements à monter de fausses accusations contre les militants et les défenseurs des droits humains, telles que “perturber l'ordre”, “diffamation des dirigeants nationaux”, “diffusion de rumeurs pour renverser le régime” et tant d'autres accusations que les régimes mettent en place pour minimiser le travail de la société civile et des militants pour un meilleur respect des droits humains.

Il en va de même des firmes de télécommunication en Égypte qui ont coopéré avec le régime de Moubarak pour fournir des informations sur les militants et désactiver leurs services.

On peut lire et télécharger les informations sur les SSI en accédant aux liens suivants: