Le Conseil National Electoral [en espagnol comme tous les liens sauf mention contraire] (CNE) de l'Equateur a terminé le décompte des votes du référendum du 7 mai 2011, mais son président Omar Simon, a fait savoir qu'il allait débuter des auditions publiques lundi et que les résultats officiels seraient annoncés vendredi de la semaine prochaine.
Comme Global Voices l'a précédemment rapporté [en anglais], les résultats préliminaires ont donné au Président Rafael Correa sa 6ème victoire électorale depuis son accès à la présidence en 2007. Le référendum accorde au Mouvement PAIS Alliance [en français], la coalition de Correa qui gouverne, un contrôle accru sur le pouvoir judiciaire et plus de moyens pour imposer des restrictions sur le contenu et la propriété des média.
The Wall Street Journal commente les résultats [en anglais] :
Après décompte de 100% des bulletins de vote du scrutin du 7 mai, le “oui” a réuni entre 44.96% et 50.46%, tandis que le “non” compte 39.25% à 42.56% des neuf questions de portée nationale.
Les décisions de ce référendum s'imposent à l'ensemble du pays, à l'exception d'une question concernant l'interdiction des combats de taureaux et l'interdiction de la mise à mort. Son application est juridictionnelle. Sur cette question, le Oui l'a emporté dans 127 des 221 cantons du pays, dont Quito.
Le chroniqueur Pablo Lucio Paredes, qui écrit pour El Universo, explicite le choix du Oui et du Non. Les gens ont voté “oui” parce que M. Correa a :
a fait un effort pour être et rendre attentif aux groupes marginalisés. [Il] a investi des moyens significatifs dans l'éducation, la santé et les routes [… En Equateur,] un slogan tel que “… c'est déjà pour tout le monde” possède un réel symbolisme qui aide à créer de la cohésion sociale et un sentiment d'appartenance.
Du fait de la marge de soutien plus mince au président Correa dans ce référendum, les résultats restent cependant susceptibles de contestation par ses adversaires politiques et pourraient ne pas acquérir force de loi avant plusieurs mois. De même, ils ont amené les blogueurs et les Equatoriens en général à débattre du véritable gagnant de ce référendum. Ainsi, Dimitri Cevallos sur LibreRed.net suggère que le gouvernement devrait baisser d'un ton son triomphalisme, une allusion aux prévisions officielles d'une victoire de 5 à 1. Une lectrice appelée “Juanita” a commenté cet article en faveur de Correa :
Sr. Cevallos, me parece que su análisis es llevado por su odio al Presidente Rafael Correa. A todos los ecuatorianos nos consta que nuestro Presidente tuvo que luchar sólo contra la derecha: Lucio Gutierrez, Nebot, Carlos Vera, Montufar, Ruptura de los 25 (son financiados por la USAID)Hurtado, Noboa, la Iglesia Cátolica, los medios de comunicación y su campaña millonaria, los toreros, los dueños de casinos […] además de los Pachacutik (oportunistas que ayer estuvieron con Lucio, luego con Correa, ahora ya no están, pero lo que es peor se han aliado a lo más recalcitrante de la oligarquía guayaquileña como lo es la Junta Civica de Guayaquil, y ni que decir de Alberto Acosta…contra todo esto lucho Correa, y hoy el Sí es un claro triunfador. El cambio va por que va, duelale a quien le duela.
Mais tous les Equatoriens ne partagent pas l'enthousiasme de Juanita. Omar Vargas du blog “Cambiemos Ecuador“ écrit qu'il est nécessaire de voir plus loin que les chiffres, et explique pourquoi tant Correa que le chef de l'opposition à Guayaquil, le maire Jaime Nebot, ont perdu le référendum :
Los grandes perdedores de la campaña fueron Correa y Nebot, cuyos cálculos políticos se basaron en encuestas poco confiables y los llevaron por sendas distintas. Por un lado el presidente de la republica, que basó sus acciones en la legitimidad avalada por las encuestas, más que en la legalidad o la ética política. Esto lo llevo a celebrar anticipadamente y a hacer planes de acción a corto plazo sobre la implementación de los resultados de la consulta,… Y por otro lado Nebot, timorato líder de la oposición que también basó sus acciones políticas en encuestas y cálculos a favor de sus intereses mas que en los de los ciudadanos, cuyo camino en esta consulta fue marcado por la torpeza y mediocridad, dado que inicialmente proclamo un tibio no y luego […] apareció con un menos timorato pronunciamiento.
La critique énoncée par Vargas est partiellement reprise par Luis Hidaldo de “Desde mi Trinchera“. Il pense que le grand perdant n'est pas seulement le pouvoir qui espérait une victoire massive, mais aussi le peuple équatorien :
El electorado esta dividido y el efecto de esto es que el Ecuador no lograra superar la gran cantidad de obstáculos que están impidiendo su desarrollo, mientras nuestros vecinos disfrutan de una prosperidad envidiable.
Selon le CNE, rapporte El Comercio, “12 provinces ont voté contre la révision gouvernementale pour 9 questions sur les 10. La même tendance a été constatée chez les Equatoriens d'Amérique du Nord, qui ont mis leur veto à 6 des 9 questions qui leur étaient soumises.” Mais les 12 autres provinces, y compris les Equatoriens d'Europe et d'Amérique Latine ont donné le “vote de confiance” que demandait M. Correa. L'abstention a toutefois été de 22,6%.
Les résultats officiels sont encore attendus, mais des députés tels Andres Paez, du Parti démocratique de la gauche, se préparent à réclamer des réponses du président du CNE sur les supposées impartialité de la campagne référendaire et anomalies de la procédure électorale.
D'autres, comme Rafael Mendez, disent qu'une chose à éliminer est ce qu'il appelle “la démocratie du plébiscite” sans autre forme de procès. Des responsables dans les provinces de Cotopaxi et Zamora Chinchipe, où le Non l'a emporté, ont lancé des appels à résister à la volonté nationale exprimée dans les urnes de ces provinces.
En guise de conclusion, une réflexion d'un blogueur qui écrit sous le pseudonyme “Endivio Roquefort I,” sur son blog “Balcon del Peregrino” et explique pourquoi il préconise d'exlure les bulletins nuls et blancs des décomptes officiels et médite sur le scrutin :
Discutir sobre “quién realmente ganó” es perder el tiempo. Ganaron los de siempre. Ganaron el populismo, la propaganda, la manipulación, la demagogia, el chantaje, el soborno. Ganó, limpia e indiscutiblemente, una propuesta que se resume en la anulación de una serie de supuestos “derechos” constitucionales, y en la creación de una serie de nuevos crímenes sin víctima, que servirán de pretexto para más encarcelamientos de opositores y mayor represión policial. Ganó, en suma, la violencia estatal, la intolerancia, la polarización y el odio, como ya nos venimos acostumbrando desde hace cinco años.