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Egypte : La contestation franchit une nouvelle ligne rouge, les tribunaux militaires

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Egypte, Cyber-activisme, Droit, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Egypte [1].

Il y a quelques mois, s'approcher un peu trop des bureaux du Procureur militaire dans le quartier cairote de Nasr City pouvait mener en prison. Le 31 mai, les environs du complexe ont été le théâtre d'une manifestation de solidarité avec la présentatrice de OnTV Reem Maged, l'activiste et blogueur socialiste Hossam El Hamalawy, et le journaliste Nabil Sharaf El Din.

Tous trois ont été convoqués devant le procureur militaire à la suite des commentaires de MM. El Hamalawy et Sharaf El Din contre ce qu'ils caractérisaient d'infractions commises par la police militaire contre des détenus civils et l'attitude selon eux ambivalente du Conseil Suprême de l'Armée (SCAF) envers la révolution.

Si le rassemblement devant les locaux militaires n'était pas le premier en son genre, il a été le plus grand en nombre (environ 500 manifestants) et c'est la première fois que des slogans audacieux et virulents contre l'armée et le maréchal Mohamed Hussein Tantawi ont résonné à proximité d'un bâtiment militaire, à plus forte raison aussi emblématique que celui-ci, surnommé C28.

Tandis que les médias traditionnels se contentaient de livrer une couverture diluée de la manifestation, les militants des médias sociaux, en particulier sur Twitter, ont informé sans discontinuer sur son déroulement, avec tweets, photos et vidéos.

[2]

Sur Twitter, l'activiste Gigi Ibrahim (@GSqaure86) indique [3] :

Les slogans n'ont pas cessé un instant depuis 10h30 tous contre le régime militaire et Tantawi . Non aux procès militaires #NoSCAF

Le militant étudiant Noor Noor (@noornoor1) donne les dernières nouvelles [4] sur la situation des trois interrogés :

Un avocat vient de sortir disant qu'il n'y aura pas d’ “enquête officielle” ouverte sur reem. Hossam, ou nabil”

La journaliste et activiste Sarah Carr (@sarahcarr) a fourni de bonnes photos de la manifestation sur son compte flickr [5].

En milieu de journée, ce qui avait débuté par une convocation pour une enquête en bonne et due forme se termina en “conversation informelle” et Maged, El-Hamalawy, et Sharaf El Din furent relâchés sans charges, ce que les manifestants ont attribué à leur rassemblement et leurs slogans qui exprimaient vigoureusement leur refus d'une Egypte sous régime militaire.

Gigi Ibrahim (@GSquare86) affirme [6] :

Twitter + Média + gens dans la rue ont transformé un interrogatoire en ‘conversation’ .. le pouvoir du peuple c'est tout ce que nous avons.. espoir pour la révolution

Et Hossam El-Hamalawy lui-même semble de cet avis [7] sur son compte Twitter @3arabawy :

Et je suis sûr que c'est seulement à la manifestation d'aujourd'hui, comme à la campagne publique, que je dois d'être sorti aujourd'hui.

Même s'ils ont été relâchés tous les trois, les militants indiquent qu'ils vont continuer la pression pour les droits des milliers de civils égyptiens condamnés de façon expéditive par les tribunaux militaires à des peines sévères et actuellement dans les geôles de l'armée. Ces militants, par cette action, défient de façon croissante ce que l'institution militaire considère comme sa ‘ligne rouge’ : pour eux il ne saurait y avoir d'autre ligne rouge dans l'Egypte post-révolutionnaire que les Egyptiens eux-mêmes.

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Egypte [1].