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Pérou : Ollanta Humala suscite attente, suspicions et méfiance

Catégories: Amérique latine, Pérou, Economie et entreprises, Élections, Gouvernance, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique, Technologie
Humala addresses his constituents in the Dos De Mayo Plaza, Lima.  Photo: Courtesy of Gana Perú Press. [1]
Humala s'adressant à ses militants à Dos De Mayo Plaza, Lima. Photo: courtoisie de Gana Perú Press.

[liens en espagnol] Plus d'une semaine après la victoire serrée du nationaliste Ollanta Humala à l'élection présidentielle péruvienne, après le dépouillement de 100 % des suffrages exprimés, les résultats officiels sont [2] 51,489% des voix pour M. Humala et 48,511% pour Mme Keiko Fujimori.  Des réactions de toutes sortes continuent d'affluer dans la presse [3], la blogosphère et les réseaux sociaux péruviens [4].

La victoire à peine acquise, M. Humala a entrepris un voyage en Amérique latine en en commençant par le Brésil [5], un voyage qui est considéré au Pérou comme ” un geste pour l'intégration latino-américaine [6],” mais aussi interprété par certains comme une indication du désir de M. Humala de se dissocier de l'influence [7] du Président du Venezuela Hugo Chávez.

Sur Libremente [8] , Yesenia Alvarez Temoche exprime des craintes que partagent de nombreux Péruviens qui ne sont pas contents des résultats des élections:

Así como la mitad de peruanos están preocupados, la otra mitad está demasiado confiada. Una vez más, a mi criterio, subestiman la propuesta política que ha ganado. Han olvidado de un día para otro que Ollanta Humala no queda santificado por los yerros de su contrincante. Esas mismas personas que hablan de democracia, reivindicación y concertación no se atreven a tan siquiera dudar o poner en tela de juicio que Humala se mostró siempre cercano a esa franquicia autoritaria latinoamericana, con bastantes visos de estrategia militar que viene aplastando y debilitando la sociedad civil en varios países hermanos.

Pendant que la moitié des Péruviens sont préoccupés, l'autre moitié est bien trop confiante. Une fois de plus, d'après moi, ils sous-estiment le programme politique qui a gagné. Du jour au lendemain, ils ont oublié que Ollanta Humala ne devrait pas être sanctifié pour les erreurs de ses adversaires. Ces mêmes personnes qui parlent de démocratie, de reconnaissance et de concertation n'ont même pas osé mettre en doute ou se poser la question pourquoi M. Humala s'est toujours proclamé proche de ces dictatures autoritaires latino-américaines, ayant beaucoup de ressemblance avec la stratégie militaire qui écrase et affaiblit la société civile dans de nombreux pays voisins.
Parallèlement à ceci, Ricardo Alvarado célèbre la victoire de M. Humala sur le blog AveCrítica [9], mais reste prudent quant au danger que peut représenter la fragilité de la coalition qui a porté M. Humala à la victoire aux élections :

Después del 5 de junio, ¿hay razones para estar contento? Las hay, sin duda; el fujimorismo ha sido derrotado en las urnas, junto con sus analistas y encuestadoras alquiladas, sus periodistas y medios cómplices, su descaro y su matonería para imponernos la impunidad. ¿Hay razones para estar preocupado? También; porque la mafia ha sido vencida, pero va a intentar volver a toda costa, y porque es posible que el frente único encabezado por Ollanta Humala no dure más allá del 28 de julio.

Après le 5 juin, y a-t-il des raisons d'être satisfait ? Il y en a sans aucun doute ; le fujimorisme a été démoli dans les urnes, en même temps que ses analystes et ses sondeurs téléguidés, ses journalistes et médias complices, son toupet et sa brutalité pour nous imposer l'impunité. Y a -t-il des raisons pour être inquiet ? Oui encore; parce que la mafia a été vaincue, mais elle va essayer de revenir coûte que coûte et parce qu'il est possible que le front uni de Ollanta Humala ne résistera pas longtemps après le 28 juillet.

Una Bitácora de Jomra [10], le blog d'un Péruvien basé en Espagne analyse les attentes des électeurs de l'administration future de Ollanta Humala:

Salvo pateando el tablero, Humala no podrá cumplir con todo lo que prometió, ni podrá solucionar todos los problemas habidos y por haber, y tiene una tarea realmente difícil por delante, la cuestión no es tanto si va a realizar punto por punto su programa… sino en el rumbo que toman las cosas, en las modificaciones que propone (aunque no las consiga), en cómo las propone (el nivel de participación en las propuestas o si todo viene ya en paquete cerrado) y en cómo articule la resolución de conflictos, esto es, en si genera un marco institucional dentro del cual encauzar los conflictos sociales…

A moins de faire entorse aux règles, M. Humala ne pourra pas tenir toutes ses promesses ni résoudre tous les problèmes actuels et futurs car il a une tâche vraiment difficile devant lui. La question n'est pas tant de savoir s'il va pouvoir réaliser son programme point par point … plutôt que le rythme auquel les choses seront réalisées, les modifications qu'il propose (même s'il ne les conduisait pas toutes à terme), la manière dont il les propose  (le niveau de participation dans ses propositions ou si tout devait être livré déjà prêt) et comment il abordera la résolution des conflits, ou quoi que ce soit, ou bien qu'il puisse créer un cadre constitutionnel dans lequel les conflits sociaux pourront être canalisés…
Jorge Rendón analyse les résultats des élections sur Nuestra Bandera [11] :

La derecha peruana… asumió a Keiko Fujimori como su candidata. La apoyó con dinero y con su prensa y TV… Esta campaña impactó en mayor grado en los centros urbanos de la costa centro y norte. (…) En Lima y en el puerto del Callao, que concentran un tercio del electorado nacional, Ollanta Humala no ha ganado en ningún distrito. Su victoria se debe, en su mayor parte, al voto de los departamentos del sur, de la sierra y de la selva, cuyas mayorías han escapado al control de la propaganda de la derecha (…)

La droite péruvienne … a pris Keiko Fujimori pour candidate. Elle l'a soutenue avec de l'argent, les médias et la télévision… Dans une large mesure, cette campagne a eu un impact dans les centres urbains et sur la côte du centre et du nord. (…) A Lima et dans la ville portuaire de Callao, où un tiers du corps électoral est concentré, Ollanta Humala n'a gagné dans aucune circonscription. Il doit sa victoire principalement aux électeurs des régions méridionales, montagneuses et forestières, dont la majorité ont échappé au contrôle de la propagande de la droite (…)

Le lendemain des élections, la bourse des valeurs de Lima a subi une chute de 12.51% [12], la pire dans son histoire. Elle a fermé les transactions plus tôt que d'habitude. Cependant, elle a rapidement récupéré [13]. Peu après, de nombreux représentants des syndicats ont rendu visite au président élu [14] pour lui exprimer leur soutien. Les utilisateurs de Twitter ont commenté ces événements:

Carlos Rivera Paz (@IDL_Rivera [15]):

Los de CONFIEP [principal gremio empresarial peruano] hasta el sábado hacían campaña contra Humala …y ahora se van en mancha a saludarlo.

Les représentants de la CONFIEP [le principal syndicat] ont fait campagne contre M. Humala jusqu'à samedi … et maintenant ils s'en vont le saluer.
Mike Mantilla (@umbral2005 [16]) fait allusion au racisme de certains de ceux qui critiquent les électeurs de M. Humala:
@Ireth_Isildr [17] @pattyeche [18] Mas que preocuparme la Bolsa de Valores de Lima, preocupa el descalabro de esta Bolsa de Valores Morales.
@Ireth_Isildr [17] @pattyeche [18] Encore plus que pour la chute de la bourse, mes préoccupations sont au sujet de la bourse des valeurs morales.
Paulo Ramírez (@ramirez_polo [19]) pense que:
En Perú la bolsa recibe a Humala tal como en Brazil recibió a Lula. Después lo despidieron con aplausos y habiendo ganado plata como locos.
Au Pérou, la Bourse accueilli M. Humala comme le Brésil avait accueilli Lula. Après ils [les traders] lui ont  fait des adieux avec des applaudissements, s'étant enrichis comme des fous.

D'autres se demandent comment M. Humala réussira à concilier [20] son intérêt pour l'intégration avec le Brésil et ceux des Péruviens [21] qui habitent les régions frontalières avec ce pays. Concrètement, la première question concerne la viabilité des projets hydro-électriques communs au Brésil et au Pérou [22] dans l'Amazonie péruvienne (comme Inambari et Pakitzapango), vu qu'un grand pourcentage des résidents de la région de ces projets y sont opposés [23].

Cesar Combina (@cesarcombina) [24] écrit dans un tweet:

Gente de puno: si votaste por ollanta, olvidate que te van a parar INAMBARI. Han visto a donde fue primero Humala? #mentirashumalistas [25]

Habitants de la région de Puno: si vous aviez voté pour Ollanta, oubliez qu'ils vont arrêter INAMBARI. Avez-vous vu où M. Humala a été en premier lieu ? #mentirashumalistas [25]

Federico Harman (@jfharman [26]) publie aussi son opinion sur ce sujet:

@roxcanedo [27] @UnAymara [28] @Sr_Quest [29] Inambari es parte de la deuda de Humala con Lula… ahora veremos la muñeca del gobierno de Gana Peru

@roxcanedo [27] @UnAymara [28] @Sr_Devinette [29] Inambari fait partie de la dette contractée par M. Humala envers Lula… nous voyons maintenant de quoi est capable le gouvernement Gana Peru.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires post-électoraux, spécifiquement, sont les plus variés.

Isabel Vida [30] se réjouit:

Gracias a Dios acabamos con la corrupcion descarada y las ambiciones anti-nacionales de los Fujimoristas, esperemos ahora que el senor Humala haga del Peru un pais democratico…

Dieu merci, nous en avons fini avec la corruption éhontée et les attitudes antinationales de Fujimori, nous espérons que M. Humala fera du Pérou une nation démocratique…

Héctor Raúl Chávez Juárez [31] conteste:

Despuès que la bolsa cayò, ya hablaban de meter a Fuji a una carcel para reos comunes, ahora dizque nunca Humala dijo que el balon de gas costaria 12 soles, empezamos mal, malisisisimo.

Après la chute de la bourse, on a parlé de la possibilité d'envoyer Fuji[mori] dans une prison pour criminels de droit commun, pourtant apparemment M. Humala n'a jamais dit qu'une bouteille de gaz allait coûter dorénavant 12 soles, nous commençons très mal, très très mal.

José Vargas (@Josevargas_89 [32]) ne cache pas son dégoût:

yo queria que ganara #fujimori [33] esta victoria de #humala [34] es un triunfo #chavista [35],

Je voulais que  #fujimori gagne; la victoire de # humala c'est un triomphe #chavista.

Maga (@la_magacha [36]) observe:

Qué pena leer comentarios de mis propios amigos diciendo que los que votaron por Humala son unos “hijos de puta, serranos, resentidos”, etc.

Que c'est gênant de lire les commentaires de mes propres amis traitant ceux qui ont voté pour M. Humala de “fils de putes, de montagnards, d'aigris,” etc.

Oscar Torres [37] exprime son scepticisme  total sur la classe politique:

Da igual si ha ganado Ollanta Humala. Daba igual su hubiera ganado Keiko, total al final todos los políticos son la misma m….. solo que envuelta en diferente papel…

Peu importe que Humala ait gagné. Cela n'aurait pas été différent non plus si c'était Keiko qui avait gagné, en fin de compte tous les politiciens font partie de la même m…., seulement enveloppée dans du papier différent…

D'autres utilisateurs étaient heureux que le processus électoral ait abouti et ont exprimé leur désir de voir la polarisation des dernières semaines [11] diminuer, comme Fernando Rodríguez [38] l'exprime :

Pienso que con el triunfo de Ollanta Humala se ha llegado a un punto donde tenemos la oportunidad, los que lo apoyan y los que se oponen, a concordar, a darle una oportunidad al Peru y trabajar y dejar trabajar por el bien del pais. Nuestras familias en Peru son las que importan y la polarizacion jamas fue buena en ninguna instancia. Creemos armonia y esperemos que todo sea para bien..

Je pense que le triomphe de Ollanta Humala est arrivé à un point où nous avions l'opportunité, soit pour ceux qui le soutiennent soit pour ceux qui sont contre lui, de se mettre d'accord et de donner au Pérou une opportunité de travailler et de se mettre au service de la nation. L'important, ce sont nos familles au Pérou, et la polarisation n'a jamais été une bonne chose de toutes les manières. Créons l'harmonie et espérons que tout sera fait pour le mieux…

Pilar Ica [39] explique que :

ELECCIONES PRESIDENCIALES EN PERU: el Sr Humala es el nuevo presidente con 55% de votos exprimidos. El pueblo lo ha elegido, espereeemos [sic] que sea lo mejor para nuestro lindo Peru.

ELECTIONS PRÉSIDENTIELLES AU PEROU: M. Humala est le nouveau président avec 55% des suffrages exprimés. Le peuple l'a choisi et nous espérons [sic] qu'il est le meilleur choix pour notre bien aimé Pérou.

Juan José Leguía (@jjleguia [40]) appelle:

Mensaje a los que votamos por Keiko: Reconozcamos a Ollanta como nuestro Presidente electo democraticamente y sigamos trabajando por el Peru

Message à ceux qui ont voté Keiko :Reconnaissons Ollanta comme notre président, démocratiquement élu et continuns à travailler pour le Pérou.

Veronica Janet (@VeronicaJanet [41]) est optimiste:

Tengo fe en que el nuevo gobierno de Ollanta Humala va a ser mejor que este. Ojalá los medios de comunicación lo dejen trabajar bien!

J'ai confiance que le nouveau gouvernement de Ollanta Humala sera meilleur que l'actuel. J'espère que les médias le laisseront bien travailler!

Atea y Sublevada (@AteaySublevada [42]) exprime un souhait concret, en souvenir des  morts [43] lors des incidents de Bagua [44] en 2009:

Nada impedirá que el Congreso investigue el Caso Bagua cuando Ollanta Humala asuma presidencia del P : 0z.fr/DmjIZ

Rien n'empêchera le Congrès de faire une enquête sur les incidents de Bagua lorsque Ollanta Humala aura assumé la présidence du P[eru]: 0z.fr/DmjIZ

Fernando Giorlando ( @CapitanPlavinil [45]) dit:

tengo la leve sospecha d q Humala, cuando le caiga la 1º comitiva del FMI, no va a resultar tan “zurdo” como el stablishment peruano temía

J'ai une légère suspicion que Humala, dès que la première mission du FMI lui tombera dessus, ne sera pas aussi “gauchiste” que l'establishment péruvien le craint.

Et d'autres, comme Rosa Quispe Litardo (@Manyus [46]), plaisantent :

mas tarde pasare por el aeropuerto a ver si cumplen su palabra todos lo que dijeron que se iban si gana Humala

plus tard j'ai été à l'aéroport pour voir si toutes les personnes qui avaient dit qu'elles quitteraient le pays si M. Humala gagnait avaient tenu parole.

Ollanta Humala assumera ses fonctions de président élu le 28 juillet, le jour de la fête nationale, avec beaucoup d'attente, mais aussi des suspicions et de méfiance.

Considérant que sa marge de victoire a été vraiment étriquée, qu'il n'a pas la majorité au Congrès et qu'il y a actuellement plus de 220 conflits sociaux [47], les Péruviens attendent du nouveau président qu'il compose un cabinet de consensus avec les autres partis politiques et construise des ponts entre ceux qui ont voté pour lui et ceux qui ne l'ont pas fait, de manière à ce que le pays soit viable.