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Colombie : Satisfaction mêlée de scepticisme pour la loi sur les victimes

Catégories: Amérique latine, Colombie, Action humanitaire, Gouvernance, Médias citoyens

La loi 1448, ou Loi sur les victimes et les restitutions de terres en Colombie, a été approuvée [1] [en anglais] par le Congrès le 10 juin 2011. Comme le décrit Periodismo Humano [2] [en espagnol comme tous les liens du billet sauf mention contraire], celle-ci a pour but de “rétablir le droit à la propriété, sur leurs terres volées ou abandonnées, des personnes déplacées ainsi que d'accorder réparation, ce qui inclut une indemnisation aux victimes de violation des droits humains, selon les critères internationaux”.

La loi entend dédommager [3] [en anglais] les personnes ayant été victimes de violations de leurs droits humains après 1985 et restituer leurs terres à celles ayant été spoliées depuis 1991.

L'auteur du blog Atrabilioso se demande si la loi doit, ou pas, reconnaître que la Colombie est actuellement le théâtre d'un conflit armé (l'une des caractéristiques de la loi est qu'elle reconnaît en effet l'existence d'une telle situation). Il critique par ailleurs le principe de restitution économique, l'un des principaux points du texte, car selon lui [4] [en espagnol] :

se están convirtiendo a los muertos de la guerra en Colombia en cheques al portador; es decir que la barbarie se esta convirtiendo en moneda transaccional, lo cual deshumaniza aún más un proceso que ya de por sí era el más inhumano de todos.

Ils sont en train de transformer les cadavres semés par la guerre en chèques au porteur : autrement dit, la barbarie est convertie en transactions monétaires, ce qui revient à déshumaniser tout un processus qui était déjà tout ce qu'il y a de plus inhumain.
[5]

"Et qu'en est-il des disparus ?" Photo ElAlisPruz sur Flickr (Licence CC by 2.0)

Sofia Buendia consacre à la loi un billet [6] sur son blog et fait les réflexions suivantes :

Para algunos quizá esas dos millones de hectáreas que serán devueltas a las víctimas no significan más sino un trámite en el congreso. Pero resulta que este acto –suponiendo que los beneficios de la norma funcionen realmente- podría llegar a ser un primer paso para intentar sanar el dolor de muchos colombianos que han vivido el conflicto (Por favor aceptémoslo ya, en Colombia HAY CONFLICTO, hay guerra). Un país NO es viable mientras un gran número de sus habitantes no vivan, sino que sobrevivan cada minuto cargando rencor, odio y dolor.

Certains ne voient peut-être en ces deux millions d'hectares de terres, qui seront rendues à leurs propriétaires légitimes, rien d'autre qu'une formalité du Congrès. Mais en réalité, cette loi, si tant est qu'elle est bel et bien mise en application, pourrait être le premier pas d'une tentative d'alléger les souffrances vécues par de nombreux Colombiens durant ces années de conflit. (Je vous en prie, acceptons-le sans plus attendre : IL Y A un conflit armé en Colombie ! Il s'agit d'une guerre !)
Un pays perd de sa crédibilité lorsqu'une majorité de son peuple survit, plutôt que vit, à chaque instant dans l'amertume, la haine et la souffrance.

Quelques avis partagés sur Twitter tournent autour de la question de l'application de la loi qui devra faire face à des problèmes tels que la réinstallation des personnes sur les terres, ce qui ne manquera pas de d'éveiller des intérêts avides et égoïstes.

Ariel Ávila, (@ArielArcoIris [7]) écrit par exemple :

Uno de los principales riesgos de ley de víctimas es que institucionalidad local y regional se encuentra penetrada por mafias que impedirán restitución

L'un des principaux dangers auxquels la loi sur les victimes devra faire face est que les institutions locales et régionales sont infiltrées par des mafias qui vont entraver le processus de restitution.

Emiro Marín (@EmiroMarin [8]) met en ligne un lien vers une déclaration du Bureau national pour les victimes en Colombie, qui affirme ceci :

La Ley de víctimas es insuficiente http://goo.gl/fb/RHxbk [9]

La Loi sur les victimes est insuffisante. http://goo.gl/fb/RHxbk [10]

Il y a cependant quelques avis positifs sur la question, comme celui de Luis Manuel Rivas (@RivasRegal [11]) :

Con la Ley de víctimas, de llegar a cumplirse, se podrían recuperar las regiones, ya que se renovaría la confianza en una paz duradera.

Si elle se concrétise, la Loi sur les victimes permettra de récupérer des régions entières et de reprendre espoir en une paix durable.

Quelques liens sur le sujet :

  • Un compte Twitter [12], créé par la présidence colombienne, donne des informations sur la loi.
  • Francisco Bermúdez Guerra a mis en ligne sur son blog dédié aux questions judiciaires le texte intégral de la loi. [13]
  • Juan Manuel Santos, le président colombien, remercie et félicite le Congrès pour son approbation de la loi par le biais de son compte Twitter [14].