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Sénégal : Manifestations contre la réforme électorale

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Sénégal, Élections, Manifestations, Politique

Le Président du Sénégal Abdoulaye Wade [1] propose un 17e amendement de la Constitution depuis son élection en 2000 en prévision des élections présidentielles de 2012, qui met beaucoup de Sénégalais en colère. La proposition consiste, entre autres, en la création d’un ticket présidentiel à l’américaine où l’on vote pour un président et un vice-président. Elle vise aussi à permettre l’élection du président au premier tour avec seulement 25% des voix. Le projet de loi a été adopté par le Conseil des Ministres, mais doit être étudié par l'Assemblée nationale aujourd'hui 23 juin.

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L'un des logos du mouvement "Touche pas à ma constitution"

Pour l’opposition, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Elle y voit un moyen pour le président, leader du mouvement Sopi [3]de remporter un troisième mandat et d’imposer son fils Karim comme son successeur.

 

Une première manifestation spontanée de jeunes a été réprimée dans la violence le 22 juin. Plusieurs photos et vidéos de la manifestation [4]ont été diffusées sur Seneweb. Parmi les nombreuses arrestations, des membres du collectif  Y’en a marre [5]. bydiogs rapporte que le député Cheikh Bamba Dièye  s’est enchainé au portail [6] de l’Assemblée nationale.

Plusieurs manifestations étaient programmées pour aujourd'hui 23 juin un peu partout au Sénégal. À Dakar, le lieu principal de rassemblement est la Place Soweto, devant le bâtiment de l'Assemblée nationale où a lieu l'étude du projet de loi. Les manifestants sont arrivés tôt pour interpeler les députés à leur entrée.  Dès 9h30 du matin, les premières grenades lacrymogènes ont été lancés. D'autres manifestants ont envahi le terrain de l'Université Cheikh Anta Diop au cours de la matinée.

Alors que la rue s'échauffe, le Net est pris d’assaut. Sur Facebook, la nouvelle page Touche Pas à Ma Constitution [7], animée par un internaute dont le pseudonyme est Sous-Commandant Kocc Barma et qui dit faire partie d'un “commando invisible”, fustige le projet de loi.

[8]

 

Plusieurs blogueurs ont le ton acerbe. Ousmane Sarr Simal [9]est direct:

Certes, comme certaines voix autorisées l’affirment, nul n’a le droit de brûler le Sénégal, mais nul n’a aussi le droit de considérer les Sénégalais comme des lingettes qu’on utilise et jette après usage.

Le député Cheikh Bamba Dieye [10]en appelle à la désobéissance civile :

Mes chers compatriotes, l’heure n’est plus à la concertation ou à la discussion avec un pouvoir voyou, un pouvoir qui nous agresse et qui veut nous humilier. J’en appelle donc à la désobéissance civile de tous les sénégalais car aucun citoyen n’a le droit de servir un régime corrompu et corrupteur, incompétent et qui nous fait souffrir au plus profond de nous-mêmes.

On cherche toujours un blogueur défendant le projet de réforme. Le Président Wade et son équipe semblent offrir peu de “résistance numérique” à leurs détracteurs.

Il est possible de suivre en temps réel les différentes manifestations en suivant les mots clés (hashtag) #touchepasàmaconstitution  et #ticketwade sur Twitter.  Oumy [11], sur Twitter, et le site seneweb [12] suivent en temps réel  le déroulement des événements.