Neuf mois après l'arrestation du blogueur et activiste Ali Abdulemam, ainsi que celle d'autres militants politiques et des droits de l'homme au Bahreïn, une cour militaire l'a condamné à 15 ans de prison. Le reste des activistes ont écopé de peines allant de deux ans d'emprisonnement à la prison à perpétuité, et ce sur un fond de répression visant à écraser la dissidence qui secoue le pays depuis septembre. Ces verdicts ont été immédiatement dénoncés par les associations des droits de l'homme telles que Reporters Sans Frontière et Amnesty International.
Malcolm Smart, Directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord indique que :
Le procès semble être instrumentalisé à des fins politiques, puisqu'il n'y a aucune preuve que les militants aient commis des actes de violence, ni qu'ils aient incités d'autres à le faire.”
Amnesty International rapporte également qu'au moins 500 personnes ont été détenues au Bahreïn depuis le début du mouvement pro-réformes en février, dont quatre sont mortes dans des circonstances suspectes lors de leur détention, et que 2000 personnes ont été licenciées de leur travail ou suspendues de leurs fonctions. La répression à l'encontre de l'opposition à la dynastie régnante s'est accrue au point de tirer sur des manifestants pacifiques et d’enfermer les infirmières et docteurs qui les soignent.
Ali Abdulemam, père de trois enfants, a été condamné par contumace. Il est connu comme “le parrain du blogging”, après des années d'activisme comme blogueur et militant des droits de l'homme, principalement via son portail BahrainOnline.org, l'un des organes d'information pro-démocratie les plus populaires du royaume. En raison de son importance dans la promotion des réformes démocratiques et de la liberté d'expression dans la région via les outils numériques, son arrestation a déclenché une campagne mondiale lors de sa première arrestation en 2005. Sa nouvelle arrestation en septembre a soulevé une vague de soutien et de solidarité, parmi des blogueurs du monde entier exigeant sa libération ainsi que celle des autres militants. Son groupe Facebook comprend plus de 2.600 membres et se développe rapidement grâce au buzz généré par de nombreux utilisateurs sur Twitter.
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maryamalkhawaja Jugement par contumace : Ali AbdulEmam: 15 ans de prison. Il est connu comme le “parrain du blogging”. #bahrain #jun1
Peu après avoir été relâché le 23 février, Abdulemam a disparu à nouveau et ni sa famille, ni ses plus proches amis ne savent où il se trouve.
Les autorités du Bahreïn continuent d'ignorer la pression internationale, ce qui a causé l'annulation de l'édition 2011 du prestigieux Grand Prix de Formule 1 au Bahreïn, les écuries de F1 s'étant opposées unanimement à l'organisation de la course à cette date en raison des violations des droits de l'homme dans le pays.
L'association des droits de l'homme Front Line Defenders indique :
Le verdict et le fait que le procès ait eu lieu dans un tribunal militaire dont les procédures s'éloignent beaucoup des normes de procès équitable reconnues par la communauté internationale souligne la détermination du Gouvernement de Bahreïn d'obtenir une condamnation des accusés à tout prix.
Amnesty International demande aux autorités du Bahreïn d'arrêter ces procès militaires injustes et de relâcher tous les prisonniers de conscience sans délai et sans condition.