Cet article a été traduit pendant l'année scolaire 2012 par Paulain Norbert Tekunju Songwah, étudiant FTSK à Germersheim, en Allemagne, sous la direction de Catherine Chabasse dans le cadre du projet « Global Voices ».
Cet article fait partie de notre dossier SlutWalks 2011.
La marche pour la liberté a eu lieu dans 40 villes brésiliennes, le samedi 18 juin 2011. Une multitude de groupes, de collectifs, de mouvements, d’organisations, et de nombreux citoyens en colère ont exprimé leur indignation. L’élément qui a provoqué ces soulèvements soudains était la violente répression de la Marche pour la marijuana de Sao Paulo par les forces armées, le 21mai. [ La chaîne TV Trip a tourné une magnifique vidéo de la marche pour la Marijuana ] La violence était telle qu’elle a éveillé la colère de milliers de jeunes gens, qui se sont organisés à travers des réseaux sociaux tel que Facebook et qui ont participé, le week-end d’après, à la première marche pour la liberté à Sao Paulo

Première marche pour la liberté à Sao Paulo. Photo de Marcel Bertoldi/Fora do Eixo sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).
L’appel [en portugais] à la marche de la liberté était adressé à tout le monde et invitait à revendiquer la liberté d’expression :
Quando a tropa de choque bateu nos escudos e, em coro, gritou CHOQUE! a Marcha pela Liberdade de Expressão do último sábado se tornou muito maior. Não em número de pessoas, mas em importância, em significado. Foram liminares, tiros, estilhaços, cacetadas, gases e prisões sem sentido. Um ataque direto, cru, registrado por centenas de câmeras, corpos e corações. Muita gente acha que maconheiros foram reprimidos. Engano… Naquele 21 de maio, houve uma única vítima: a liberdade de todos.
Le mouvement qui, à la base, était à la fois spontané et politique, était marqué par l’absence de hiérarchie, d’organisations ou d’idées politiques. Mais la révolte s’est propagée comme une épidémie sur 40 villes brésiliennes.
La majeure partie de la magistrature brésilienne a décidé d’intervenir et le 15 juin, la Cour suprême a rendu son jugement au cours du procès autorisant l’organisation de manifestations pour la légalisation de la marijuana. Cette décision était la garantie que les manifestants pouvaient se rassembler sans faire l’objet d’attaques à coup de matraques, de gaz poivré ou de bombes. Júlio Delmato, un membre de Coletivo DAR (DAR signifie « l’éveil de la raison »), croit que la deuxième marche de São Paulo était une victoire sur l’oppression.
Este sábado marcou não só o dia nacional de marchas pela liberdade como também a primeira vez em que pudemos sair às ruas em São Paulo e falar sobre políticas de drogas sem mordaça.

Marche pour la liberté à Curitiba. Photo d’André Rodrigues, accessible sur le blog Tudo de Fotografia.
Dans chaque ville, des revendications locales se sont ajoutées à celle de liberté d’expression. La marijuana était une revendication parmi tant d’autres. Les activistes ont notamment manifesté contre la construction de la centrale hydroélectrique prévue à Belo Monte, [en anglais], contre la nouveau code forestier voté récemment, pour la démocratisation des médias, pour de meilleurs transports publics, pour l’égalité des sexes, contre l'utilisation sans discernement de pesticides et pour la lutte contre l'homophobie. Même les médias traditionnels n’ont pas pu éviter de parler de la marche pour la liberté, par contre les médias alternatifs ont fait des reportages détaillés. Le Circuito Fora do Eixo [portugais], un réseau culturel avec 72 sites sur l’ensemble du territoire brésilien, a diffusé en direct des reportages sur différentes marches dans plusieurs villes. Le journal Brasil de Fato [portugais], créé lors du Forum Social Mondial qui rassemble uniquement des informations sur les mouvements sociaux, parle également de la marche :
[A marcha em Curitiba] está sendo organizada por grupos de artistas independentes, partidos políticos, feministas e grupos de LGBT, anti-racistas, ambientalistas, do movimento estudantil e de comunicação. “De forma geral, podemos observar o protagonismo da juventude tanto na organização da marcha quanto nos movimentos que a compõe”.
Le journaliste Xico Sá mentionne dans son blog 22 motifs [portugais] pour participer à la marche pour la liberté. En voici quelques uns :
I)Temos que retomar o prazer pelas ruas, seja em um passeio, seja em um ensaio de revolta. A velha lição do flâneur, do que vaga ou do que atira pedras. VII) O protesto pode sim virar uma festa. Quando isso acontece é ainda mais perigoso para o Establishment entediado e careta. IX) É livre a participação de todos as legendas, mas que levemos de partidos para a avenida apenas os nossos pobres e resistentes corações. XI) É numa passeata que você pode encontrar de verdade o amor da sua vida. Aquele amor acima de qualquer suspeita ideológica. XIII) Sim, protestamos mas não somos chatos, tiramos la buena onda, preste atenção como agora somos ainda mais anarquistas. XIV) O blasé datou, é hora de escancarar a bocarra e mostrar que tem peito e uma alma capaz de escândalos. XVII) Como a liberdade é um mote muito amplo, aproveite para protestar contra tudo e contra todos. XVIII) Se der vontade, tire a roupa. XXI) Triste da geração que passa pela vida sem fazer um barulho ou uma confusão bem grande na existência. XXII) Protestar é sexy, é Eros derrotando a morte de quem aceita o pijama como um precoce paletó de madeira.

Marche pour la liberté au Brésil. Photographiée par Marcus Franchi Nogueira sur Facebook (avec son aimable autorisation)
Indymedia Brazil, le collectif qui ont organisé la marche pour la liberté à Natal ( Rio do Norte) a invité ses compatriotes à participer à la marche [portugais] :
Nossas reivindicações não têm hierarquia. Todas as pautas se completam na perspectiva da luta por uma sociedade igualitária, por uma vida digna, de amor e respeito mútuos. Somos todos pedestres, motoristas, cadeirantes, catadores, estudantes, trabalhadores. Somos todos idosos, índios, travestis. Somos todos nordestinos, bolivianos, brasileiros, vira-latas. E somos livres.
Dans la capitale brésilienne comme à Natal, la marche pour la liberté a été exécutée en même temps que le Slut Walk, une manifestation de femmes revendiquant le respect de leur corps et de leurs vêtements.
Bien que moins de gens que prévu ne soient venus, à Cuiabá, la capitale du Mato Grosso, la marche s’est déroulée dans les rues principales, où se trouvent les bistros et clubs les plus huppés. Avec les cris, les affiches et les sifflets quasi traditionnels, c’était une des plus importantes protestations des derniers temps qui a prouvé que la théorie de l'apathie de la jeunesse était fausse. Le Mato Grosso est connu pour être un Etat dans lequel les politiciens sont réactionnaires et qui est dirigé par un petit groupe de parlementaires formant une «oligarchie moderne”. Celle-ci prend les décisions dans les secteurs qui devraient être réservés aux citoyens. Comme indiqué sur le blog Rad Rocker [portugais] la marche au Mat Grosso a été accompagnée de slogans particuliers :
Marchinhas do tipo “Livra, livra, livra a sociedade desse Riva” e “Walter Rabelo, cadê você, eu vim aqui só pra te ver” foi o jeito animado encontrado para criticar o governo e o descaso com a sociedade cuiabana.
Beaucoup d’histoires, de revendications et le souhait que les choses changent. Les manifestants se sont époumonés à réclamer la justice, la démocratie et les droits de l’homme au Brésil. Cela a clairement montré que la patience d’un peuple qui souffre tout en restant heureux a des limites. Comme Xico Sá le disait, la protestation peut devenir une fête, et cela correspond à ce que veut le Brésil. Des millions de jeunes ont protesté avec des nez de clown, des posters et des costumes de carnaval pour montrer qu’ils en avaient MARREde tout ce qui marche de travers.