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France : Les réfugiés tunisiens oubliés de #Botzaris36

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Europe de l'ouest, France, Tunisie, Action humanitaire, Droits humains, Médias citoyens, Réfugiés, Relations internationales

Une trentaine de migrants tunisiens dorment à la belle étoile à Paris, au terme de plusieurs mois d'errance.  #Botzaris36 est le mot clé de la mobilisation sur Twitter pour leur venir en aide matériellement, et aussi celui d'un imbroglio politique et juridique franco-tunisien.

Le blog Botzaris36 [1] et l'association Action tunisienne [2] sont leurs principaux soutiens, réunissant des militants associatifs français et tunisiens tels que Amira Yahyaoui (@Mira404 [3]), @menilmuche [4], l'activiste tunisien @Ooouups [5], @Pierrederuelle [6] ou Jérôme Godard (@leclown [7]):

@actiontun [8] Août à #Botzaris36 [9] : Si je ne peux aider avec mon argent, je peux aider avec mes bras ou par ma simple présence.

Le 31 mai dernier, au terme d'un périple entamé après la chute de Ben Ali,  ces Tunisiens arrivaient en France via l'île italienne de Lampedusa [10]. Certains détenaient des papiers délivrés par le gouvernement italien les autorisant à rester en Europe pour plusieurs mois.

Sophie Lebrun, sur Témoignage chrétien [11], fait part de la mobilisation  sur Twitter [12] et explique la situation de ces migrants ainsi que l'origine du mot clé #Botzaris36
:

Certains migrants tunisiens [avaient] investi le « centre culturel tunisien » du 36, rue Botzaris à Paris: avoir un toit, un endroit pour poser un matelas, se reposer après un voyage éreintant, des semaines d’errance, et des jours de bataille – sans succès – pour que leurs papiers donnés par les autorités italiennes soient reconnus valides en France.

[13]

Le 36 rue Botzaris,"Annexe" de l'Ambassade de Tunisie, photo de empanada_paris – CC license 2.0

Le blogueur Menilmuche [14], qui suit sur son blog la situation des migrants tunisiens depuis les débuts, décrivait le 31 mai dernier l'occupation du “Centre culturel tunisien” [15] situé au 36 de la rue Botzaris à Paris  :

Une cinquantaine de Tunisiens de Lampedusa [16] ont occupé mardi 31 mai le Centre culturel tunisien de la rue Botzaris, en lisière des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement, demandant «un coup de main» de leur ambassade dans leur errance parisienne. Cet immeuble possède un statut extra territorial, similaire à celui d'une ambassade.

[17]

L'une des entrées du 36 de la rue Botzaris, une enclave tunisienne dans Paris – Photo Fabien Abitbol, reproduite avec son autorisation

Le Centre culturel tunisien de la rue Botzaris s'est révélé être une enclave sensible en France de l'ère Ben Ali. Menilmuche expliquait dans L'importance méconnue de la Rue botzaris [18] [18];

Cette forteresse est une des bases à partir desquelles le régime tunisien contrôl[ait], réprim[ait] et agresse[ait] la communauté tunisienne en France. C'est d'ici que sont diffusés les ordres de Ben Ali, c'est ici que se concoct [ait]ent des agressions, des campagnes d'intimidation et de calomnie contre des réfugiés tunisiens?

Le blog Fhimt a traduit en français [19]le reportage consacré par la chaine Al Jazeera durant cette occupation aux découvertes faites par les occupants dans les salles d'archives de cet immeuble très particulier, ancien local du RCD, le  parti du dictateur Ben Ali.

Le 36 de la rue Botzaris a été  évacué [20] le 16 juin par les autorités française sur demande des autorités tunisiennes [21]. Olivier Tesquest, sur le site Owni, a suivi les méandres [22] juridiques et politiques d'un dossier encombrant pour les gouvernements tunisien et français. Le 17 juin, il annonçait [23] :

En l’espace de 72 heures, un tiers des documents ont disparu du 36 Botzaris, la police a évacué les lieux, et l’ambassade (de Tunisie) a remis la main sur le bâtiment.

Depuis l'évacuation du 36 rue Botzaris, peu de politiques, à l'exception du député de l'Ardèche Pascal Terrasse, s'intéressent aux Tunisiens qui vivent maintenant dans le parc des Buttes Chaumont.  François Hollande, candidat à la présidentielle 2012, a cependant répondu sur Twitter. [1] aux appels du collectif :

[24]

[19]
Vincent PfRuner a consacré un reportage photo [25]à l'odyssée des “Tunisiens de Lampedusa”‘ [2]à Paris.