[Liens en espagnol, sauf mention contraire] Le mouvement espagnol 15-M [pour 15 mai, date de début du mouvement] qui a amené des milliers de personnes à descendre dans la rue [en français] pour demander un système plus démocratique a franchi une nouvelle étape. Le 2 août, les autorités ont décidé de ne plus autoriser les manifestations et elles ont depuis essayé d'empêcher les manifestants de se rassembler, en bloquant l'accès aux espaces publics et à par l'intervention musclée de la police.
Le 4 août, un rassemblement était organisé sur la place principale de Madrid, la Puerta del Sol, l'épicentre de la contestation, mais l'accès à la place a été restreint depuis le 2 août. Le métro et les trains de banlieue, qui s'arrêtent normalement à la station Puerta del Sol, avaient reçu l'ordre de ne pas s'y arrêter ce jour-là et une imposante présence policière était déployée pour s'assurer que les manifestants du 15-M ne se rassemblerait pas dans ce lieu. Twitter a été brusquement submergé par des réactions telles que celle-ci :
@alberarce Dice @RTVE “indignados buscan la manera de llegar a la Puerta del Sol, defendida por la policía”¿defendida de qué? #plazatomada #periodismo
La tension s'est accrue au cours de la journée et le lendemain, lorsque les manifestants se sont rassemblés au Paseo de la Castellana, à Madrid. La présence policière était imposante, et les policiers ont fini par charger contre les manifestants. Cette vidéo, qui a été très souvent partagée en ligne, montre le journaliste Gorka Ramos (qui travaille pour le site d'actualités espagnol La Información) accosté par la police alors qu'il tweetait en temps réel les événements, puis battu juste après (à partir de la 8e minute). Selon la police, Gorka Ramos a été arrêté pour avoir insulté les agents de police et craché sur eux.
L'arrestation de Ramos a enflammé les médias sociaux, en particulier Twitter, où le mot clé #periodistadetenido (journaliste arrêté) est devenu un Trending Topic.
@phumano VIDEO Fría agresión policial al #periodistadetenido por estar mirando la carga, minuto 8. #15M bit.ly/nE39h1 #madridsinmiedo
@bimbacha @ojomagico Las imágenes hablan solas, Carlos. A denunciar y a no parar hasta que le den la razón #periodistadetenido
@mtascon Para inquietar al gobierno solo hay q ponerse en una esquina tranquilo a tuitear #periodistadetenido
Alors que l'arrestation n'a pas été couverte par les médias espagnols, elle a été mentionnée par des médias internationaux tels que The Guardian, CBS, Forbes et Associated Press.
Un blogueur renommé, qui tient La Pulga y la Locomotora, a partagé le 5 août une lettre ouverte demandant au gouvernement espagnol les raisons de ces mesures sans précédent pour stopper la mobilisation :
Supongo que son conscientes de que se están vulnerando ciertos derechos fundamentales de los ciudadanos, el más evidente el de Libre Circulación, pero también el de Reunión y el derecho a la Libertad de Expresión.
La lettre mentionne aussi ce que beaucoup de citoyens considèrent comme la raison réelle des restrictions imposées au mouvement et de la présence policière:
Veo bastante más relación con la próxima visita del Papa Benedicto, la verdad, y debería preguntarle sobre ello, pero sé que un estado laico nunca aceptará públicamente el hecho de que está actuando bajo petición de la Iglesia Católica.
Certains internautes ont exprimé leur inquiétude sur ce qu'ils considèrent comme une tentative d'utiliser les événements actuels pour diviser les citoyens espagnols. Selon le blogueur Alberto Vizcaíno :
El poder lo sabe y empieza a gestionar el 15 M: enfrentando ciudadanos contra ciudadanos. Ya tenemos a partidos llamando a la división: “católicos contra indignados”. Como si fuese incompatible ser católico o militar en un partido con estar indignado y querer mejorar el sistema en el que vivimos.
La délégation du gouvernement (formée par le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol ou PSOE, le parti au pouvoir) a récemment confirmé qu'elle subissait des pressions du Conseil municipal de la Ville de Madrid (contrôlé par le Parti Populaire de droite) pour faire cesser l'occupation des espaces publics par les manifestants durant la visite du Pape. Le 5 août, les autorités semblaient avoir changé d'avis. La police s'est retirée de Puerta del Sol et les restrictions d'accès ont été supprimées. Avec des manifestants plus indignés que jamais, les choses n'en resteront probablement pas là.