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Espagne : Brutale répression policière contre les journalistes couvrant la “Marche laïque”

Catégories: Europe de l'ouest, Espagne, Cyber-activisme, Dernière Heure, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique, Religion

La brutalité de la réaction policière [1] [en espagnol, comme tous les liens sauf mention contraire] aux manifestations de Madrid qui ont commencé au début de ce mois et atteint leur apogée avec l’arrestation du journaliste Gorka Ramos [2] [en français] (entre-temps remis en liberté [3]), a mené à une chasse disproportionnée aux journalistes et reporters [4] couvrant les manifestations. La répression a battu son plein pendant la marche laïque [5] du 17 août, suscitée par la récente visite du pape [6] en Espagne. Mais qu'est-ce que la “marche laïque” ? Francisco Blanco Prieto nous l’explique [7] sur son blog :

No es una manifestación anti-Dios, ni anti-Papa, ni anti-Rouco, ni anti-religión, ni anti-cristiana. Es una marcha en defensa de la Constitución que consagra un Estado laico, liberado de subvenciones, injerencias, servidumbres, condenas y bendiciones de toda doctrina, sea ésta cual fuere.

Ce n'est pas une manifestation anti-Dieu, ni anti-pape, ni anti-Rouco [l'archevêque de Madrid], ni anti-religion, ni anti-chrétienne. C'est une marche en défense de la Constitution qui consacre un Etat laïc, libéré des subventions, ingérences, servitudes, condamnations et bénédictions de toute doctrine, quelle qu'elle soit.

Pourtant, cette marche a été taxée [8] d'”intolérance” et d’acte de provocation [9]. Avec ces antécédents, il était presque logique de s'attendre à quelque forme de confrontation entre les participants à la marche laïque et les pèlerins des Journées Mondiales de la Jeunesse 2011 [10] qui défilaient dans le même temps aux environs de la Puerta del Sol de Madrid. Ce qui s'est finalement produit [11] avec la charge musclée de la police [12] contre les 4000 à 8000 manifestants. Mais ce qui a été inattendu, c'était l'intervention des policiers contre les journalistes chargés de couvrir les événements.
Pau Llop de Bottup [13], un site de journalisme citoyen en Espagne, décrit la stratégie violente de la police pour faire taire les journalistes et les témoins de leur répression des citoyens, dans un article intitulé : “Ahora te vamos a pegar sin que te vean, ‘periolisto'” [14] (“Maintenant nous allons te frapper sans qu'on te voie, “journaleux”) :

Te duele, ¿eh?, ahora sí que te vas a enterar…” Me hacen mucho daño. Me estampan la cabeza contra la puerta de la furgona, con las manos atrás.

Ya os decía yo que iba a ganar la porra

Si te decimos que te pongas a la pata coja, te pones, entendido

Tanto el titular de este artículo como las frases que lo empiezan son palabras recogidas por dos de los periodistas agredidos ayer por agentes de la Unidad de Intervención Policial (antidisturbios) en el centro de Madrid, a escasos metros de la Puerta del Sol y en el recorrido de la manifestación laica -legal y autorizada por la Delegación del Gobierno- contra los gastos de dinero público ocasionados por la visita hoy del Papa de Roma a la capital española para presidir la Jornada Mundial de la Juventud [15].

Tu as mal, hein ? Maintenant tu sauras…” Ils m'ont fait très mal. Ils m'ont cogné la tête contre la porte du fourgon, les mains derrière le dos.

Je vous avais dit que je gagnerais la matraque

Si on te dit de sauter à cloche-pied, tu sautes, compris ?

Le titre de cet article, autant que ses premières phrases, sont les paroles recueillies par deux des journalistes agressés hier par des agents de l'Unité d'Intervention Policière (anti-émeute) dans le centre de Madrid, à quelques mètres de la Puerta del Sol, sur le parcours de la manifestation laïque — légale et autorisée par la Délégation du Gouvernement — contre les dépenses publiques occasionnées par la visite aujourd'hui du Pape de Rome à la capitale espagnole pour présider aux Journées Mondiales de la Jeunesse 2011 [16].

Sur cette vidéo du 4 août, on observe déjà le genre de confrontations entre policiers et manifestants, y compris des journalistes :

Les récits de journalistes arrêtés ou agressés circulent aussi sur Internet, comme celui de Jonás Candalija [17] après avoir été relâché par la police, et Lidia Ucher [18], une journaliste que l'on a aussi vue frappé par des policiers. Cette vidéo sur Youtube de patriciahorrillo [19] dépeint l'instant où la reporter est embarquée par la police :

Cette autre vidéo de l'utilisateur Youtube Miguelmandril [20] montre les policiers qui patrouillent les rues de Madrid à la chasse aux manifestants, et leurs brutalités envers ceux qu'ils croient avoir participé, ainsi que ceux qui rapportent les faits :

Dans Periodismo Humano (‘Journalisme Humain’), on trouve une note [21] au sujet de la vidéo ci-dessus, avec un commentaire du journaliste frappé après avoir photographié l'agression policière contre une adolescente qui passait dans la rue. Devant ces faits certains demandent que soit visible l'identification (TIP) des policiers et agents anti-émeute [22]. Le lien précédent inclut une pétition à Antonio Camacho, ministre de l'Intérieur espagnol.

L'utilisateur Youtube periodistadigital [23] a mis en ligne diverses vidéos, dont une montre les affrontements verbaux entre participants à la marche laïque et jeunes catholiques, et une autre, illustrant la répression policière qui a suivi :

Rien qu'en août, déjà six journalistes ont dénoncé les agressions policières [24], et comme le gouvernement assure que ses représentants agissent avec “prudence et détermination,” les choses ne semblent pas près de s'améliorer.

Pau Llop [25] de Bottup [26] a contribué pour les liens de cet article.
La photo utilisée pour la vignette est de l'utilisateur Flickr pollobarba [27] et est utilisée sous licence CC Attribution-NoCommercial-Sans Dérivés 2.0 Générique (CC BY-NC-ND 2.0) [28].