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Ukraine: Avantages et inconvénients de la réduction des risques

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Ukraine, Médias citoyens, Santé, Rising Voices

Comment les traitements de substitution [1] changent-ils la vie des gens souffrant de toxicomanie? Des blogueurs de l'association ukrainienne des partisans des traitements de substitution (ASTAU) [2] [en russe] utilisent leur blog pour faire part de leurs expériences personnelles.

La blogueuse Viktoria Lintsova [3] [en russe] suit un traitement de substitution depuis trois ans. En tant que militante pour ASTAU, il lui arrive souvent de représenter [4] [en anglais] cette association lors de diverses conférences, tables rondes et émissions télévisées dans lesquelles elle fait la promotion des programmes de réduction des risques et cite son propre cas comme un exemple des effets positifs que produisent de tels programmes sur ceux qui souffrent de toxicomanie. Dans sa ville natale de Kirovohrad [5], Viktoria a créé un groupe autogéré [6] [en anglais] qui aide les patients en traitement de substitution à surmonter ensemble des problèmes communs.

Dans un billet récent, elle analyse les avantages et les inconvénients de sa vie de patiente sous traitement de substitution, et conclut qu'en dépit de certaines épreuves, son existence s'est nettement améliorée. Elle écrit [7] [en russe]:

Когда необходимость ежедневного посещения сайта ЗПТ вызывает во мне бунт и раздражение, когда я завидую людям, у которых нет медикаментозной зависимости, я вспоминаю ту свою прошлую наркоманскую жизнь, когда заместительной терапии не было, а зависимость была, когда каждое утро надо было в первую очередь обеспечить себе возможность нормального самочувствия, т.е. – очередную дозу….

Lorsque j'en ai assez de devoir me rendre tous les jours au centre de thérapie de substitution et que j'envie ceux qui ne dépendent pas des médicaments, je me souviens de ma vie de toxicomane, quand je ne bénéficiais pas de cette thérapie et qu'à la place, j'étais accro à la drogue. Tous les matins, il fallait que j'obtienne ma dose de ‘bien-être’, à savoir la drogue.

Viktoria explique comment elle est devenue toxicomane et décrit ses nombreuses tentatives de surmonter sa dépendance. Elle blogue [7] [en russe] :

Заложницей “кайфа” я стала в 1994 году, тогда я попробовала наркотик впервые, и он сразу на долгие годы стал моим навязчивым спутником. Уже через несколько месяцев я была “в системе”, т.е. опиаты ввошли в метаболизм моего организма ( это на физическом уровне), а что происходит в душе употребляющего наркомана, я думаю, полностью способны понять только наркопотребители – эти тяжелые чувства, которые сопровождали мое употребление…  . Вина, страх, смятение, отчаяние, и самое тяжеловыносимое – ненависть к себе,ведь  необходимость поддерживать употребление вынуждала совершать такие поступки, за которые стыдно, порой, даже через много лет. Сейчас даже и сосчитать трудно, сколько раз я пыталась себя преодолеть, перекумаривалась “на сухую”, лечилась в психиатрии и наркологии, уезжала в другой регион и даже в другую страну – и в итоге – проблема зависимости от наркотиков сопровождала меня всегда, как темная, страшная часть меня, которую я не люблю, но преодолеть не в силах. Каждая  попытка лечения, очередной курс реабилитации, заканчивались всегда одинаково – срыв, возврат к активному употреблению, отчаянье, самобичевание, страдания близких мне людей, горькое одиночество человека, захлопнувшегося в капкане …

В периоды ремиссий мечтала всегда об одном – чтоб так было всегда, чтоб можно было жить и не колоться, смотреть на мир – и радоваться, исправить ошибки прошлого, восстановить все то, что разрушил наркотик. …

Je suis devenue ‘otage de la came’ en 1994, lorsque j'ai testé des drogues pour la première fois et elles ont tout de suite été mes ‘meilleures amies” et ce pendant de longues années. En l'espace de quelques mois, j'étais devenue accro, c'est à dire que les opiacés faisaient désormais partie du métabolisme de mon corps (sur le plan physique), et seuls des toxicomanes pourraient comprendre les horreurs qui me traversaient l'esprit… Un sentiment de culpabilité, d'anxiété, de désespoir, et le plus dur c'était que je me détestais à cause de cette nécessité de trouver de la drogue qui me poussait à commettre des actes dont j'ai encore honte même après toutes ces années. Difficile de savoir combien de fois j'ai essayé de surmonter cette addiction en tâchant de ne plus consommer de drogues. J'ai été suivie par des médecins narcologues et des psychiatres, j'ai déménagé dans une autre région, et même dans un autre pays, mais mon problème de toxicomanie était tout le temps présent, comme une part sombre et effrayante de moi-même que je détestais mais que je ne parvenais pas à changer. Chaque nouvelle tentative de traitement et de réinsertion se soldait toujours par un échec et par un retour à l'usage intensif de drogues et au désespoir, à l'auto-flagellation, à la souffrance de mes proches, et la triste solitude d'une personne qui se sait prise au piège.

En période de rémission, je ne rêvais que d'une chose : vivre tout le temps comme cela, sans injection de drogue, contempler le monde et être heureuse, corriger les erreurs du passé, retrouver toutes les choses que les drogues avaient détruites. …

Aujourd'hui Viktoria mène une nouvelle vie et profite de chaque occasion pour défendre le concept de la thérapie de substitution ainsi que les besoins et droits des patients. Elle publie [7] [en russe]:

Третий год участвую в программе ЗПТ,порою чувствую, что очень устала от ежедневных поездок на сайт, от ограничения свободы передвижения ( уехать можно только в тот город, где есть возможность получать “Эднок”),и еще много минусов можно найти, если постараться, но плюс очевиден – и он все перевешивает – можно жить и не колоться! Можно планировать завтрашний день, просыпаться без страха, что нечем раскумариться, ходить по улицам, не боясь милиции, можно наконец не врать, не прятаться и не бояться!

[…]

И все негативные установки относительно программы ЗПТ, которые распространяются в СМИ, и неграмотные мнения агрессивно настроеных  обывателей, и прочие преграды – все это часть нашей борьбы за право жить. За право получать лечение  в том виде, который удобен  и эффективен для нас. За право выбора…

C'est la troisième année que je suis en thérapie de substitution et je suis parfois vraiment fatiguée de mes visites quotidiennes au centre et d'être limitée dans mes mouvements (je ne peux me rendre que dans les villes où il m'est possible de me procurer de l'Ednok [équivalent de la buprénorphine]. En fait, je trouve beaucoup plus d'”inconvénients” à ce traitement mais l”avantage” est évident et il l'emporte sur tout le reste: Je peux vivre sans injection ! Je peux planifier ce que je vais faire le lendemain, je me réveille sans redouter de ne pas obtenir ma dose, je peux marcher dans la rue et ne pas craindre la police, je peux vivre sans mentir, je n'ai pas besoin de me cacher et d'avoir peur de tout !

Et tous les commentaires négatifs que diffusent les médias au sujet de la thérapie de substitution, les opinions non professionnelles de personnes ignorantes et agressives et les autres épreuves doivent être considérés comme faisant partie intégrante de notre combat pour le droit de vivre. Pour le droit de recevoir ce traitement sous la forme qui nous est la plus appropriée et efficace. Pour le droit de choisir…