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Ouganda : Libération d'un opposant de Museveni après cinq jours de détention

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Ouganda, Cyber-activisme, Droits humains, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique
Le gouvernement ougandais a libér [1]é l'auteur d'un livre qui avait été emprisonné pendant cinq jours sans accès à ses avocats ni à sa famille. Le petit livre  de Vincent Nzaramba, intitulé People Power, Battle the Mighty General (Pouvoir populaire, Combattre le tout-puissant général), lançait un appel au coup d'état et à la révolution dans le pays, propulsant ce militant peu connu sous le feu des projecteurs.
De nombreux internautes se sont échangé la publication via des sites de médias sociaux, depuis l'arrestation de Vincent Nzaramba le samedi 17 septembre 2011. Lors de son arrestation, la police a saisi plus de 200 exemplaires du livre.
Vincent Nzaramba est un ancien dirigeant de la plus ancienne université de l'Ouganda, Makerere ; il s'est présenté pour un siège parlementaire lors des élections générales de février et gère [2]également un blog qui présente ses vues sur la mise en œuvre d'une révolution non-violente. Dans son livre, Vincent Nzaramba appelle à un soulèvement, semblable à ceux d'Afrique du Nord au début de cette année, qui ont entrainé  la chute des régimes en Tunisie [3], en Egypte [4] et en Libye [5].
L'Ouganda a connu des manifestations [6] ces derniers mois, liées à l'augmentation du coût de la vie, au cours desquelles dix personnes ont été abattues dans les rues de Kampala en avril et mai. Le gouvernement a, en outre, rendu difficile pour les groupes d'opposition de tenir des rassemblements, le dernier en date étant une manifestation anti-Kadhafi.
Le livre de Vincent Nzaramba n'est que la dernière publication à attirer l'attention du gouvernement. L'année dernière, les autorités ont tenté de bloquer le livre du Dr Olive Kobusingye, The Correct Line (la Ligne correcte), un autre livre anti-Museveni [7]. Le président Museveni est au pouvoir depuis 1986 et les discussions sur “la vie après Museveni” sont fréquentes dans les médias nationaux et les forums en ligne.
Les réactions en ligne

Un groupe [8] Facebook avait été formé pour appeler à la libération de Vincent Nzaramba. Certains intervenants sur la page du groupe l'ont qualifié de “prisonnier d'opinion” et plus de 800 personnes se sont joints à ce soutien.

Morris P'LORENG'A [9] écrivait :

Alors que la journée se termine, nous ne devrions pas oublier Vincent Nzaramba qui pourrait être entrain de subir de graves tortures physiques et psychologiques dans les mains de ce régime meurtrier du NRM [National Resistance Movement] .

James William Mugeni [10] indique que des copies virtuelles du livre sont déjà accessibles  :

C'est curieux que des copies en ligne soient déjà disponibles à travers le pays. “L'HOMME EST FINI”

Steven Mukuma [11] souligne ce que la ministre de l'Information a déclaré à la presse, que la police avait fait preuve de brutalité durant l'arrestation de Vincent Nzaramba :

Oui, je pense qu'il y a eu un usage excessif de la force contre Vincent, comme l'a justement souligné Karooro Okurut hier. Je voudrais répéter ce qu'elle a dit. N'a-t-il pas tous ses droits constitutionnels et naturels, comme tout autre citoyen ?

Enx Nux [12] dit que cette arrestation souligne la faiblesse du gouvernement :

C'est malheureux, mais bien, d'autre part, car c'est le seul moyen pour le gouvernement de trahir ses faiblesses, et donc de faire appel à nous pour le soulager du fardeau. Il me vient de sourire chaque jour, de sourire quand je pense que le gouvernement continue à révéler le niveau de sa faiblesse, mais ce même sourire disparaît car personne n'est prêt à nous unir pour former un gouvernement d'unité nationale. Concentrons-nous et conservons des ambitions fortes pour sauver ce pays.

Nina Mbabazi [13] se demande comment l'accusation faite à Vincent Nzaramba d'”incitation à la violence” peut résister à l'examen des faits  :

Nzaramba Vincent [14] qui vient d'être libéré sous caution, a écrit un livre que certains lecteurs ont mis sur Facebook et je vois clairement qu'il déteste les M7S (partisans de Musuveni). Mais incite-t-il à la violence ? A-t-il appelé à la mort de personnes, dans le style de Al Shabaab ? C'est le meilleur coup de publicité pour son livre parce que la plupart d'entre nous ne l'aurait pas lu.

Un journaliste ougandais, Don Wanyama [15] se demande sur sa page Facebook pourquoi le gouvernement s'inquiète de livres distribués gratuitement, étant donné le peu d'Ougandais qui lisent ; cependant, que le livre soit disponible [16] en ligne a permis à de nombreux utilisateurs des médias sociaux de l'avoir et le lire.