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Bolivie : La marche des peuples indigènes réprimée par la police à Yucumo

Catégories: Amérique latine, Bolivie, Manifestations, Médias citoyens, Peuples indigènes
Cela fait plus d'un mois qu'un groupe de manifestants, qui appartiennent aux peuples indigènes du territoire autochtone et du parc national d'Isiboro Sécure (sigle en espagnol: TIPNIS)  a commencé sa marche de 500km dans le but d'atteindre le siège du gouvernement à La Paz et d'y exprimer son opposition à la construction prévue d'une autoroute à travers son territoire [1]. Pendant plusieurs jours, la marche avait été arrêtée par un groupe de colons pro-gouvernement qui avaient bloqué la route à  Yucumo [2] pour exiger que les manifestants s'arrêtent et renouent le dialogue avec le gouvernement d'Evo Morales.
La  police a aussi renforcé ce barrage en affirmant qu'elle voulait empêcher toute confrontation entre les marcheurs et ceux qui bloquaient la route. Ce barrage a privé les manifestants de ravitaillement, c'est-à-dire de nourriture, d'eau et de médicaments, qui étaient offerts par des milliers d'habitants de la ville. La tension entre les deux camps a continué de monter. Il était évident qu'il allait y avoir une intervention imminente des forces de sécurité.
Un peu après 17h, heure locale, le 25 septembre, juste au moment où les manifestants étaient en train de prendre un repas, environ 500 policiers en tenue ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, dans le but de les regrouper dans des bus. La  Fondation Tierra a blogué en temps réel  les premières informations relayées par son équipe de communication sur le terrain [3].
17:18 GASIFICACIÓN. En este momento comenzó la gasificación policial a los indígenas en el campamento en el que se encuentran desde ayer.
17:25 RUMBO A LA PAZ. Se informa que en este momento la policía obliga a subir a las mujeres y niños indígenas en camionetas rumbo hacia Yucumo.
17:28 DESESPERACIÓN. En medio de la desesperación los niños lloran y las madres buscan no separarse de sus hijos mientras los efectivos policiales antimotines ingresan en el campamento indígena para desalojará a los marchistas y obligarlos a subir a camionetas que llegan desde San Borja.
[…]
17:49 ESTAMOS EN EL LUGAR. Hacemos todo lo posible para actualizar con toda la información posible pero como comprenederán no es una tarea facil y las comunicaciones son intermitentes.
17:18 GAZ   le gazage des autochones par la police  vient de commencer dans le campement où ils se trouvent depuis hier.
17:25 DESTINATION: LA PAZ. On nous rapporte que la police force les femmes  et leurs enfants à monter dans des camions, direction  Yucumo.
17:28 DÉSESPOIR  En plein désespoir, des enfants pleurent et des mères essaient de ne pas être séparés d'eux tandis la police anti-émeute pénètre dans le campement afin de déloger les marcheurs et de les forcer à monter dans des camions qui viennent de  San Borja.
[…]
17:49 NOUS SOMMES SUR LES LIEUX . Nous ferons tout notre possible pour vous tenir informés au fur et à mesure mais vous devez bien comprendre que ce n'est pas une tâche facile et que la communication ne peut se faire que par intervalle.
Peu après, la police a chargé, des informations ont commencé à être rapportées par les médias boliviens se trouvant sur les lieux, bien que la police avait supposément confisqué aux journalistes leurs caméras et  téléphones portables. Il y a eu des bilans contradictoires sur le nombre de morts et de blessés, mais la chaîne de télévision Red Uno a signalé qu'un bébé de 3 mois était mort [4], apparemment intoxiqué par le gaz lacrymogène utilisé par la police. Le service de presse d'Erbol a affirmé qu'au moins 45 personnes étaient soignées dans les hôpitaux du secteur, et que le directeur de l'hôpital de San Borja, Javier Jiménez, avait affirmé que la police avait menotté les médecins et les avait empêchés de soigner les marcheurs blessés [5].
Le blog “TIPNIS Résister” a recueilli le témoignage de la représentante des peuples indigènes boliviens, Esther Argollo,présente au moment de l'intervention policière [6]. Elle a déclaré ceci :
Había una mujer que estaba con tres bebés, llorando en el camino y estaba entregando sus pequeños y a mí me dijo por favor mi bebé, mi bebé y yo le tuve que socorrer a un niño de tres años que estaba llorando y que rostro estaba lastimado de repente por una caída que ha tenido. Escapamos al monte porque los policías estaban tirando gases por todos lados, no han respetado a nadie, han rodeado el campamento, han tirado las cosas, han agredido a las personas, hay gente que ha sido golpeada.
… Había muchos niños perdidos, las mamás estaban buscando a sus hijos, no se sabe cuántas personas están todavía en el monte porque han corrido, estaban de miedo. Han corrido peladitos, sin nada. […] Todos están dolidos hay mamás que han perdido a sus bebés no se sabe dónde están, hay niños desaparecidos, está oscuro, no se sabe más de la gente, están perdidos, regados por todos lados.
Il y avait une femme qui se trouvait avec trois bébés et qui pleurait sur la route, elle m'a remis les petits et m'a dit : s'il vous plaît, s'il vous plaît, mon bébé, mon bébé. J'ai dû aider un enfant de trois ans qui pleurait et qui s'était blessé au visage probablement en chutant. Nous nous sommes enfuis vers la forêt car la police lançait du gaz partout, elle ne respectait personne, entourait le camp, jetait les affaires, s'attaquait aux gens, il y en a d'ailleurs qui ont été frappés.
… Il y avait tant d'enfants perdus, leurs mères les cherchaient. On ne sait pas combien de personnes sont encore dans la forêt car dans leur peur elles ont couru.  Ils ont couru nus, sans rien […] Tout le monde est blessé, il y a des mères qui ont perdu leurs enfants et qui ne savent pas où ils sont, des enfants qui ont disparu, il fait nuit et on n'a pas de leurs nouvelles, ils sont perdus, éparpillés de toutes parts.