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Cameroun – Présidentielles 2011 : Ce que veulent les candidats

Catégories: Cameroun, Élections, Politique

Cette page fait partie du dossier spécial de Global Voices sur les élections de 2011 au Cameroun [1]

 

Candidatures trop nombreuses [2], promesses insolites, slogans politiques peu flatteurs, et j’en passe, une chose est sûre, la présidentielle du 9 octobre n’en a pas fini de faire parler d’elle.  Bien au-delà de l’organisation chaotique, les éléments les plus marquantes pour certains, resteront les candidats, leur manque d’originalité et surtout, les promesses de campagne parfois un peu farfelues de certains d’entre eux.

Avant de se rendre aux urnes demain, petit tour d’horizon de quelques candidatures et dernier coup d’œil sur les programmes et les slogans de ces candidats.

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Elacam distribue les cartes des électeurs par @billzimmerman sur twitter

Le grand favori :

Le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis novembre 1982, qui se présente comme étant « le choix du peuple », promet de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 [4], et affirme [5], avoir placé son prochain septennat sous le signe des « Grandes réalisations »

Les poids lourds de l’opposition :

Habitués des défaites face au président Biya, on les retrouve en lice à chaque présidentielle, et le plus curieux, c’est qu’à chaque fois ils ne semblent jamais tirer des leçons de leurs précédents échecs. Parmi eux :

John Fru Ndi du Social Democratic Front (SDF) [6]. Cette figure historique de l’opposition dont la rencontre avec Paul Biya [7] [en anglais] en décembre dernier, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, semble plus confiant que jamais comme le prouve son slogan, non pas moins original :  « Dans vos cœurs, vous savez qu’il a raison » [8]. Mégalomane ? En tout cas, tout laisse croire que l’époque du « Paul Biya must go ! » [9] est maintenant révolue.

Jean Jacques Ekindi, [10] du Mouvement Progressiste(MP) dont le blog [11] porte carrément le nom du candidat, a choisi comme slogan « Ensemble faisons renaitre le Cameroun » et promet [12] quant à lui d'instaurer le fédéralisme, comme le confirme cet article d’ Africapresse.com:

Dans sa livraison politique, le leader du Mouvement Progressiste envisage déjà lors de son accession à la tête de la magistrature suprême transformer la République du Cameroun en un Etat fédéral.

Sur les pas de RFA ? Seul l’avenir nous le dira.

Garga Haman Adji [13], de l’Alliance pour la Démocratie et le développement (ADD), lui non plus, ne fait pas dans la fausse-modestie. Son slogan : « Garga Haman Adji : l'homme de la situation pour reconstruire le Cameroun. » en dit peut-être déjà assez sur sa volonté de changement. D’ailleurs, le blog de Sinotables [14], nous livre une partie de son programme :

Notre politique agricole va fondamentalement innover, surtout dans le domaine industriel. Il faudra augmenter substantiellement la production agricole, animale, halieutique  pour pouvoir créer  et faire tourner les industries. Ce sont ces productions  agricoles, halieutiques, pastorales que nous allons transformer. […] En plus, nous allons défiscaliser les grandes entreprises car, nous savons que l'impôt n'est pas pour tuer le pays. Nous allons encourager les investisseurs à venir au Cameroun au lieu de faire en sorte qu'ils fuient.

Adamou Ndam Njoya, de l’Union Démocratique du Cameroun [15] (UDC) récemment désigné [16] comme candidat pour représenter l’Equipe Républicaine Démocratique, à défaut de battre campagne sur un programme bien établi, tente de se faire passer pour l’homme de la situation [17] et se contente de  fustige [18]r le régime en place.

Et les femmes dans tout çà ?

Pour une première fois, des femmes sont en lice [19] pour une présidentielle au Cameroun. Des femmes aux ambitions biens affirmées, et qui, selon Ismaila Hina d’Africavox.com, présentent de nombreux atouts :

Kah Walla et Esther Dang sont les seules femmes qui brigueront la magistrature suprême le 9 octobre prochain. Politiciennes avérées, activistes éprouvées et bardées de diplômes, elles ont tous les atouts pour convoiter la plus prestigieuse instance du pouvoir. Une première pour la démocratie camerounaise qui découvre la gent féminine sur la route des présidentielles .

Les « réhabilités » :

Leurs candidatures rejetées dans un premier temps, ont fini par être réhabilitées [20] par la Cour suprême. Il s’agit de Grégoire Anicet Ekane du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem) qui pense que : « Voici venue l’heure des patriotes » [21], et de Daniel Soh Fone du Parti Socialiste Unifié (PSU).

Les « tout-nouveaux » :

Marcus Lontouo [22], du Congrès National Camerounais (CNC), Olivier Anicet Bilé [23], de l’Union pour la fraternité et le progrès (UFP), Jean de Dieu MOMO [24] du Patriotes Démocratiques pour le Développement du Cameroun (PADDEC) qui se présentent tous à une élection présidentielle pour la première fois [2].

L’écolo :

Fritz Pierre NGO candidat [25] du Mouvement des Ecologistes Camerounais (MEC) dont slogan un tantinet ridicule  « Cameroon ecology yes » laisserait déjà entrevoir le manque d’originalité de son programme. Ce dernier, dans une interview [26] parue sur le site du Journal du Cameroun, se targue d’éloges et tente de se faire passer pour un incompris :

Nous pensons qu’aujourd’hui nous avons fait un très grand parcours, ça fait 12 ans de sacrifices, sacrifices dans ce sens que notre force c’est l’expérience que nous apportons dans notre pays dans le domaine écologique mais nous reconnaissons en même temps que notre faiblesse c’est qu’il y a beaucoup de misère et nous n’en sommes pas responsables, c’est pourquoi nous briguons le mandat présidentiel pour résoudre ce fléau. Malheureusement cette misère fait en sorte que les gens ne comprennent pas notre message mais il faut reconnaître que nous avons fait un brillant parcours.

Au moins, on ne le prendra pas non plus pour un gros rêveur:

Notre objectif c’est d’être parmi les quatre premiers lors de cette élection présidentielle, nous sommes lucides et réalistes quand on le déclare, nous pourrons être quatrième, donc si nous sommes deuxième, ou troisième ou quatrième nous allons détenir une parcelle de pouvoir qui nous permettrait de faire entendre notre voix.

Quant aux autres candidats, leur quasi-absence sur la scène et du débat politique fait en sorte qu’on en oublie parfois jusqu'à leurs noms. D’autant, que pour certains, comme cet utilisateur de Facebook, ceux-là partent déjà perdants [27].

Alors, difficile de faire votre choix après tout ceci ?