Global Voices à la conférence sur les droits humains de la Silicon Valley

[Liens en anglais] Cette semaine, San Francisco a accueilli la conférence sur les droits de l'homme de Silicon Valley au cours de laquelle plusieurs membres et amis de la communauté Global Voices ont pris la parole. La conférence, organisée par  Accès,une organisation numérique pour des droits humains, rassemble des entreprises de la Silicon Valley et au-delà, des militants, des ONG et d'autres acteurs pour débattre de la façon dont le secteur des technologies peut mieux adhérer aux principes des droits humains dans leurs politiques et leurs actions.

J'ai rédigé un guide pour la conférence pour le site de l'Electronic Frontier Foundation (EFF) décrivant certains des principaux panels de discussions, mais j'aimerais aussi attirer l'attention sur le rôle des membres de Global Voices durant ce sommet, ainsi que sur les réactions sur les médias citoyens durant les préparatifs de la manifestation, en tirant partie de certaines des questions que Rebecca MacKinnon a rapporté dans sa série d'articles Netizen Reports.

Global Voices à la conférence RightsCon

Rebecca MacKinnon, co-fondateur de Global Voices, a joué un rôle dans la modération des discussions, aux côtés du directeur d'Access, Solomon Brett, ancien dirigeant de Google et le directeur de la technologie (CTO) de la Maison blanche, Andrew McLaughlin. Les travaux de Rebecca au cours des dernières années ont surtout porté sur le rôle des citoyens dans la régulation de l'Internet, et son prochain livre Consent of the Networked (Le consentement des connectés) offre un cadre de réflexion pour les citoyens préoccupés de comprendre les dynamiques complexes et souvent cachées du pouvoir entre gouvernements,  multinationales et citoyens dans l'espace virtuel.” Le livre ne sera pas disponible avant janvier, mais vous pouvez regarder Rebecca parler durant une conférence TED à ce sujet ici.

L'éditeur de Global Voices Asie du sud et membre du Parlement philippin Mong Palatino a pris la parole dans un panel intitulé « Comprendre les relations gouvernementales et la juridiction de la navigation légale dans un monde sans frontières », qui explore les difficultés que les gouvernements, les sociétés et la société civile affrontent dans le monde numérique. Mong est le premier blogueur devenu législateur aux Philippines, est un militant de longue date, et comme Rebecca, il est un observateur attentif et un défenseur de la liberté d'expression.

Rosebell Kagumire, journaliste et auteur de Global Voices est intervenue pour offrir une perspective de son pays d'origine, l'Ouganda. Boursière du Département d'état américain dans le cadre du programme Liberté et Internet, Rosebell est très bien placée pour discuter du rôle des militants et des journalistes  couvrant les questions de droits humains en ligne.

Anas Qtiesh, chef de projet chez Meedan et auteur de Global Voices, a participé à une table ronde avec des personnels des ONG et des employés de sociétés privées sur comment passer des politiques à la pratique. En tant que militant, Anas travaille essentiellement sur ​​des questions touchant à la liberté d'expression dans son pays d'origine, la Syrie. Il est également l'un des représentants de la communauté des cartographes de Google, et travaille sur ​​la carte des rues sans nom de la Syrie.

Enfin, moi, (Jillian York) : j'ai animé un panel pour explorer la manière dont la défense des droits humains peut améliorer le bilan d'une entreprise. J'ai beaucoup écrit sur comment le contrôle de la sphère publique par des multinationales peut affecter la liberté d'expression, et je continue à faire des recherches sur les cas que Ethan Zuckerman a défini comme “censure intermédiaire”. Dans mon panel ont participé plusieurs dirigeants d'entreprises qui travaillent beaucoup dans les marchés émergents, ainsi que l'un des co-fondateurs du réseau social libre Diaspora.

Sur Twitter

Comme toute bonne conférence à l'ère numérique, RightsCon a institué un hashtag, #RightsCon, bien en amont, pour aider à susciter les discussions autour des sujets évoqués. Le conseiller juridique principal de Twitter (et conférencier) Alex MacGillivray a créé une liste sur Twitter pour suivre les conférenciers et la conférence elle-même avait aussi son compte officiel (RightsCon).

La participation de AT & T en tant que sponsor (il est bien connu que AT & T a agi en tandem avec la NSA pour espionner ses clients) a suscité un débat, mais les réactions par ailleurs ont été  largement positives sur Twitter , avec quelques internautes offrant des suggestions de sujets de discussion.

@auralee13, par exemple, a présenté une série de questions et suggestions aux participants de la Rightsconf :

  • Les gouv et autres suppriment ou modifient souvent des infos qui les incriminent sur le net ; le  web sémantiques aggrave cela. Les spécialistes ne peuvent-ils pas aider dans ces cas ?
  • Les entreprises impliquées dans rightsconf se sont-elles toutes engagées à observer la neutralité TOTALE du net ?
  • Les entreprises privées ne peuvent pas se réguler. Ne serait-ce pas aux consommateurs de prendre en charge les régulations nécessaires à la protection des droits de l'homme ?
  • M. Moubarak a démontré certains des dangers de la centralisation.N'aurait-il pas été mieux de revenir à des réseaux plus distribués ?
  • Les consommateurs de technologie doivent sécuriser les accès utilisés par les gouvernements pour surveiller les informations des utilisateurs et exiger des mandats (les gouvernements ont prouvé qu'ils abusaient de leurs pouvoirs).

Des internautes syriens, frustrés par certaines sanctions et embargos du Département américain du commerce sur les produits technologiques, ont lancé une campagne sur Twitter dans l'espoir que les multinationales participantes du secteur de la technologie seront sensibles à leur sort. @ basselsafadi écrit:

des sociétés comme e #google#skype parlent de droits humains à la#Rightscon tout en bloquant leurs services aux Syriens #FAIL

Le gouvernement des États-Unis, #Google et #Skype doivent débloquer leurs services pour #Syria ou arrêter de parler de droits de l'homme à la #Rightscon.

Les contrôles aux Etats-Unis sur l'exportation vers la Syrie sont régies par le Département du commerce, qui oblige les entreprises à demander des licences pour l'exportation de certaines technologies, notamment des outils de base tels que Google Chrome et Java, et des services d'hébergement personnels. Les amendes liées au non respect des embargos sont élevées, mais les licences ne sont pas trop difficiles à obtenir. EFF (l'organisation pour laquelle je travaille à temps plein) a mis en avant plusieurs recommandations, à commencer par la clarification des contrôles à l'exportation, nous avons également offert des conseils aux entreprises qui souhaitent avoir une assistance pour leurs demandes de licences.

Big Brother (ne) vous surveille (pas)

A noter également, un certain nombre d'entreprises de la Silicon Valley qui ont été récemment dénoncées comme complices dans la surveillance et la censure des gouvernements – comme Narus de Boeing, Intel, McAfee-SmartFilters – n'ont pas été  présentes à la conférence. Comme Advox et EFF l'ont écrit récemment, l'exportation des technologies de surveillance pour les régimes autoritaires est un sujet chaud en ce moment ; le Parlement européen a récemment pris des mesures pour interdire la vente de telles technologies, et en France, la FIDH et la LDH ont déposé une plainte contre la société de technologie Amesys Tech pour leur implication dans la cybersurveillance en Libye. L'absence de ces sociétés à la RightsCon était donc décevante ; néanmoins, c'est un sujet qui a été soulevé lors de la conférence.

 

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