L'appel présenté par le blogueur égyptien Alaa Abdel Fattah pour être libéré en attente des conclusions de l'enquête, a été rejetée (3 nov.) par un tribunal militaire du Caire. Abdel Fattah a été arrêté le 30 octobre pour 15 jours après avoir refusé d'être interrogé par un tribunal militaire, et en insistant sur son droit à être interrogé par un tribunal civil.
Les avocats d'Alaa Abdel Fattah ont fait valoir, entre autres choses, qu'il ne risquait pas de s'enfuir. Il se trouvait à San Francisco lorsque le tribunal l'a convoqué, et il est revenu quelques jours plus tard en Egypte pour comparaître devant le tribunal le lendemain.
Il est donc évident qu'il ne cherche pas à échapper à la justice. Au contraire, il insiste pour faire valoir son droit d'être jugé par un tribunal civil, dans une affaire où l'armée elle-même accusée. Il s'agit du massacre qui a eu lieu durant des manifestations devant le siège de la télévision égyptienne, Maspero, sur lequel il enquêtait.
Après le rejet de son appel, Alaa Abdel Fattah a été transféré à la prison de Tora, qui offre des conditions de détention bien meilleures que celle de la prison des appels. Il a publié un article dans le journal Al Shorouk [en arabe] et dans le Guardian [en anglais] dans lequel il explique que les conditions dans cette première prison étaient tout simplement inhumaines et déclarait que son emprisonnement constituait un retour à l'époque pré-révolutionnaire du Président Moubarak. Alaa Abdel Fattah avait déjà été détenu sous Moubarak pendant 45 jours en 2006 après avoir participé à une manifestation demandant un système judiciaire indépendant.
Un deuxième billet d'Abdel Fattah [dont une traduction en anglais est disponible ici] a été publié sur le blog créé par Alaa et son épouse Manal, Bit Bucket (manalaa.net), qui est considéré comme l'un des meilleurs blogs et des plus populaires d'Égypte et du monde arabe. Dans son deuxième billet, écrit derrière les barreaux, Alaa dit qu'on lui a proposé un marché qu'il a refusé pour être libéré : d'arrêter d'attaquer le Maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (SCAF), l'autorité au pouvoir en l'Égypte actuellement.
Sur une note plus personnelle, Alaa révèle un certain embarras pour avoir demandé à être transféré dans une prison plus humaine, et de devoir donc quitter ses compagnons de cellule. Il raconte à ses lecteurs que bien qu'il ait été assez courageux pour faire face à l'emprisonnement, il n'a pas été assez courageux pour suivre l'avis de sa femme, Manal, enceinte de neuf mois, et il a gardé le silence devant le procureur militaire. Il savait que cela allait le conduire probablement à une détention. Il savait qu'elle le soutiendrait de toute façon, dit-il. Il termine son billet en remerciant pour le courage qu'il tire de leur exemple sa mère, ses sœurs plus jeunes et sa femme : être séparé d'elle est le plus dur durant sa détention.
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