Pérou : La grève des agriculteurs à Andahuaylas

[Liens en espagnol] Mardi 8 novembre, cela faisait six jours que les agriculteurs de la province d'Andahuaylas, dans la région d'Apurímac, au Pérou, ont cessé le travail pour protester contre l'activité minière dans la région. Jeudi 3, l'Assemblée des usagers de l'eau des provinces d'Andahuaylas et de Chincheros a annoncé une grève illimitée, exigeant la fermeture des deux usines de traitement du cuivre de Huaraccopata  et de Tocctopata ainsi qu'une déclaration d'état d'urgence pour les bassins, les micro bassins, les sources et les tourbières pollués  par l'exploitation minière.

Vendredi 4 ont eu lieu des négociations entre les représentants de l'Assemblée des Usagers (la JUDRA) et le gouvernement régional d'Apurímac pour travailler à une résolution du Gouvernement régional, mais sans résultats satisfaisants. Angel Ccorisapra (@angelitucha), donne quelques détails :

Angelitucha: Les représentants de la JUDRA sont en plein dialogue à propos de l'exploitation minière.

Angelitucha: Une résolution du gouvernement régional suspendrait tout type d'exploitation minière dans la province d'Andahuaylas.

Angelitucha: Les représentants  de la  JUDRA continent de faire grève et réclament la modification de la résolution émise par le gouvernement régional.

Samedi 5 novembre, la route entre  Andahuaylas  et Abancay demeurait  bloquée à hauteur du kilomètre 12, dans le secteur Ramal a Pacucha, commune de Champaccocha, dans le district de San Jerónimo. Les véhicules allant à Cusco et Abancay ou en provenant  ne pouvaient arriver à destination.  Yesenia (@yegris21), reproduit le message inquiétant d'un de ses amis sur les conséquences de cette grève entre les grévistes et les transporteurs:

@zezzzar DANS LE DISTRICT DE SAN JERONIMO, A ANDAHUAYLAS , LES GRÉVISTES ONT FAIT DESCENDRE LES GENS DES BUS QUI VONT A LIMA POUR LES FRAPPER ET MA SŒUR…

Marché à Andahuaylas. Photo de l'utilisatrice de Flickr Anabelle Handdoek,sous la licence Attribution-NonCommercial-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Dimanche 6, les activités commerciales de la fête dominicale d'Andahuaylas  ont été suspendues par mesures de sécurité et parce que, de plus, les principales voies de communication restaient bloquées, empêchant l'arrivée des produits à la fête. Il y a eu aussi des problèmes dans  le centre même de la ville d'Andahuaylas. Fernando Zuzunaga, a, à ce sujet  (@ratchus) diffusé quelques nouvelles  qui lui sont arrivées de cette ville :

@ratchus: A Andahuaylas, ils ont incendié un bus de passagers, ils ont occupé les rues, il n'y a pas d'activités commerciales, le marché a presque été mis à sac aujourd'hui.

@ratchus: La population rurale d'Andahuaylas a occupé le centre-ville, elle manifeste contre les dégâts engendrés par l'exploitation minière.

@ratchus: Un conducteur de moto-taxi qui était en train de travailler a été arrêté et ils l'ont fouetté, il y a de la violence à Andahuaylas.

@ratchus: Il y a deux jours, les autorités ont essayé de négocier la cessation des manifestations à Andahuaylas, ils ont seulement réussi à radicaliser les actions.

@Apu _Rimak a exprimé ses sentiments sur la grève :

@Apu_Rimak: Je ne crois pas que cela intéresse la presse qu'aujourd'hui dimanche, c'est le quatrième jour de grève à Andahuaylas et que la fête dominicale n'a pas eu lieu.

@Apu_Rimak: Nous espérons qu'il n'y aura pas demain  effusion de sang entre la JUDRA et les “mineurs artisanaux” des provinces de  Huancabamba, d'Andahuaylas  et d'Apurímac

Lundi 7 novembre, la situation était toujours la même. Nous avons été informés (voir la vidéo) qu'il y aurait plus de 5 000 commerçants touchés par la mesure et que les membres du Syndicat unitaire des travailleurs de l'Éducation (SUTE) ont aussi été appelés à manifester, tout comme d’autres secteurs, qui ont fait inscrire dans leurs revendications le retrait des grandes entreprises minières ayant des concessions et l'obligation pour elles de suspendre leurs explorations, comme ARES SAC et Apurímac Ferrum, pour ne citer que celles-ci.

D'après nos informations, la fermeture des écoles a été une autre des conséquences de cette grève et a été décidée  dans le but  de “préserver l'intégrité physique et psychologiques des enfants et adolescents de la région.”  D'autre part, la grève et le blocage de la route ont déjà commencé à affecter les marchés dans la localité d'Abancay, où les ménagères ressentent la pénurie de produits de première nécessité.

Les grévistes ont réclamé la tenue immédiate d'une Commission de haut niveau pour traiter du thème de l'eau et de l'exploitation minière dans leur juridiction, car  la résolution élaborée par le gouvernement régional ne les satisfait pas. Le Ministre de l'Agriculture a  fait savoir qu'il organiserait une réunion avec l'Association nationale des Agriculteurs pour examiner le sujet.

Alejandro, du blog Inquietud Chanka, publie un billet intitulé  “La conciencia del campo” (La conscience de la campagne) , où il déclare que cette lutte des paysans est une lutte dans l'intérêt de tous car “ce thème de la pollution environnementale n'est pas juste un problème de la campagne mais un problème général.”

Depuis quatre jours, des paysans de différents points de la province ont occupé la ville d'Andahuaylas dans l'unique dessein de faire valoir leurs droits, des droits qui en vérité sont aussi ceux de la zone urbaine mais les gens de la ville, par opportunité ou par lâcheté, disons-le, ne participent pas à cette lutte.

Je suis favorable à une exploitation minière légale, à une exploitation raisonnable et pensée. Mais qui sont ceux habilités pour développer ce type d'exploitation minière? Pensez donc. Juste les multinationales. C'est-à-dire les entreprises étrangères.  Nos lois sur l'exploitation minière sont faites sur mesure pour elles. Et qu'en est-il des artisans, de ceux que nous appelons les informels ? Eh bien,  ils font ce qu'ils peuvent, pourvu qu'ils tirent un bénéfice individuel de leurs activités, leur prochain ne les intéresse même pas et l'environnement, encore moins. Mais la vie des Péruviens n'intéresse pas non plus les étrangers.

Les paysans réclament du gouvernement régional qu'il trouve une solution à leurs réclamations dont en particulier le retrait des mineurs qui n'apportent que pollution de l'eau et de l'air. Mais ce problème, je le dis, n'est pas celui du gouvernement central, c'est celui du gouvernement national. C'est à l'Exécutif de commencer à prendre des mesures en faveur de la population.

On craint qu'il n'y ait pas de solution rapide à ce problème et que les actions de grève ne se radicalisent encore plus dans les prochains jours. Pour un gouvernement qui a beaucoup parlé d'inclusion sociale et de favoriser les minorités, c'est une sorte d'examen de passage.  Cependant ce n'est pas le seul, d'autres affaires en lien avec  l'exploitation minière et la pollution environnementale, comme le projet minier Conga, à Cajamarca, sont aussi en train d'atteindre un dangereux point d'ébullition, augmentant  de fait le nombre des conflits sociaux dans le pays. Nous vous en tiendrons informés.

La version originale  de ce billet a été publiée sue Globalizado, le blog personnel de Juan Arellano le 6 novembre 2011.

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