Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais sur le soulèvement au Yémen en 2011.
Beaucoup d'internautes sont choqués d'apprendre que la célèbre et respectée agence de presse Reuters emploie Mohammed Sudam, le traducteur personnel du président Ali Abdullah Saleh, et aussi son secrétaire depuis 2009, comme correspondant principal de Reuters au Yémen.
Les utilisateurs yéménites de Twitter sont outrés depuis cette découverte, mettent en doute l'intégrité de Reuters, et y voient une explication à la couverture qu'ils jugent biaisée et inexacte des événements au Yémen dans les médias, ceux-ci dépendant des dépêches de Reuters pour leurs articles, ou les citant fréquemment. Cela fait quelques temps que les Yéménites s'interrogeaient sur la couverture du Yémen par cette agence. A la lumière des découvertes récente, ils pensent avoir compris pourquoi.
@NajlaMo annonce :
@NajlaMo: Mohammed Suddam: un secrétaire & traducteur de #Saleh qui travaille aussi comme reporter pour @Reuters! #ShameonReuters! (Honte à Reuters) Ne vous y fiez jamais !
@crazyyafai exige une explication :
Nous voulons que #Reuters explique pourquoi ils ont embauché quelqu'un qui travaille au palais du dictateur et tient ses informations de lui. #ShameOnReuters @AJStream
@Dima_Khatib, une journaliste arabe, s'interroge sur l'objectivité de Reuters :
@Dima_Khatib: Comment le traducteur d'un président peut-il être une source d'informations fiable aux yeux d'une agence de presse internationale comme @Reuters ? Si c'est vrai, c'est scandaleux !
L'éditorialiste des Émirats @SultanAlQassemi, a aussi demandé des explications au bureau régional Reuters Gulf :
Apparemment, la très respectée @Reuters emploie le traducteur personnel du Président Saleh au Yémen comme correspondant. Est-ce que @ReutersGulf peut répondre ?
@Dory_Eryani donne un lien en arabe qui confirme cette information :
@blakehounshell @SultanAlQassemi @Reuters pas seulement (traducteur), il est son secrétaire depuis 2009 marebpress.net/news_details.p…
Le journaliste Gregg Carlstrom (@glcarlstrom) donne un lien en anglais :
@blakehounshell @SultanAlQassemi Yep. Mohammad Sudam: j.mp/sk2Hmk
Pour exprimer leur indignation, les utilisateurs de Twitter marquent leurs tweets du mot clé #ShameonReuters.
Marwan Almuraisy, qui est Yéménite, a salué l'agence Reuters ce matin avec le tweet suivant :
@almuraisy: Bonjour @Reuters :) Vous croyiez que les twittos du #Yemen avaient arrêté de tweeter #ShameOnReuters? Pas encore.
@almuraisy a annoncé la création de la page Facebook #ShameonReuters créée par @TahaAbdoh:
#ShameOnReuters Maintenant, une page sur facebook.com/#!/pages/Shame… cc : ——-> @Reuters #Yemen
Deux blogueuses yéménites @NajlaMo et @Doryaleryani, ont publié des articles en anglais et en arabe incriminant Reuters.
@NajlaMo a tweeté :
Vous voulez savoir pourquoi nous ne pouvons plus faire confiance à @Reuters? http://arabiyamuslimah.blogspot.com/2011/11/reuters-can-no-longer-be-trusted.html #shameonReuters #yemen #supportyemen #yf
Son article est disponible ici.
@Dory_Eryani demande (en arabe) :
ولما تكون رويترز في جيب الحكومة..نكلم احنا مين يا شعب بلادي المسكين ؟
Elle a publié son article en arabe ici, qui exprime le choc ressenti devant cette situation, et sa déception devant la couverture médiatique de la situation au Yémen.
Dory demande :
Les internautes ont passé les anciens articles de Reuters sur le Yémen au peigne fin, à la recherche d'inexactitudes et de biais.
L'article de Reuters sur les derniers événements tragiques de Taiz faisait état de “Au moins 17 personnes tuées au cours de violents affrontements dans la ville yéménite de Taiz vendredi.” Sur Twitter, on juge que ce bilan est contredit par les vidéos mises en ligne sur YouTube, qui montrent le bombardement par les forces du régime de quartiers résidentiels et de la Place de la liberté durant les prières du vendredi, tuant hommes, femmes et enfants.
@crazyyafai est abasourdi :
#Reuters dit “affrontements” alors que le monde dit “meurtres” à #Taiz, pourquoi ? Parce que leur reporter travaille pour #Saleh. #ShameOnReuters @Reuters
@samwaddah choisit le sarcasme :
Il a de la chance, le correspondant de Reuters au #Yemen d'être payé deux fois ! Une fois par #Saleh pour truquer les infos et une autre par Reuters pour les publier ! #ShameOnReuters