Ce billet fait partie de notre dossier sur la Révolution en Egypte en 2011.
Un tribunal militaire a décidé dimanche 13 novembre de prolonger la détention provisoire du blogueur égyptien Alaa Abd El Fattah de quinze jours, quinze jours après l'avoir arrêté dans le cadre d'une affaire que les avocats de la défense décrivent comme montée de toutes pièces. Le blogueur Maikel Nabil Sanad, de son côté, a vu son procès repoussé à nouveau, au 27 novembre.
Abd El Fattah a été incarcéré le 30 octobre, après avoir refusé d'être interrogé par le procureur militaire, qu'il estime ne pas être légitime. Son arrestation, et la mobilisation internationale qui s'est créée, ont permis d'attirer l'attention sur le problème des plus de 12 000 civils égyptiens jugés par des tribunaux militaires depuis que le SCAF (Conseil suprême de l'armée) a pris le pouvoir. Abd El Fattah est accusé d'incitation à la violence, d'avoir volé une arme et détruit des équipements militaires depuis le massacre de Maspero , le 9 octobre, au cours duquel 25 Égyptiens (bilan officiel) principalement Coptes (chrétiens) ont été tués durant des affrontements entre la police militaire et les manifestants, qui réclamaient des explications après l'incendie d'églises coptes à Sohag et Assouan.

Les supporters d'Alaa Abd El Fattah ont écrit "Liberté" sur l'asphalte, devant les bureaux du parquet militaire au Caire. Photo de Nazly Hussein, sur Twitter
Le procès de Alaa Abd El Fattah coïncide avec celui de Maikel Sanad – le premier blogueur à avoir été arrêté et condamné par un tribunal militaire après la révolution qui a provoqué le départ du président Hosni Moubarak. Maikel Sanad a été condamné à trois ans de prison, pour un billet sur son blog que l'armée égyptienne a jugé diffamatoire.
Les accusations contre Maikel Sanad sont d'avoir diffamé l'armée, publié de fausses informations sur son blog et d'avoir troublé l'ordre public. Le mois dernier, la Cour d'appel des tribunaux militaires égyptiens a annulé la condamnation, mais n'a pas libéré Sanad, qui avait entamé une grève de la faim. Il a été transféré dans une unité psychiatrique.
Dans sa nouvelle cellule, Maikel Sanad poursuit sa grève de la faim et refuse tout comme Alaa que son affaire soit examinée par un tribunal militaire.
La décision de ce dimanche est vue par beaucoup comme une nouvelle atteinte à la liberté d'expression et aux droits humains dans l'Egypte post-révolution.
The Big Pharaoh résume cette journée :
@TheBigPharoah: Alaa a refusé de reconnaitre la légitimité du tribunal milaire, #MaikelNabil a demandé à ses avocats de ne pas s'exprimer. Respect. #FreeAlaa
Rasha Abdulla ajoute :
@RashaAbdulla: Alaa Abdel fattah prend 15 jours supplémentaires de prison, en attendant la poursuite de l'enquête. Le procès de Maikel Nabil repoussé Nov 27. Les détenus du Ministère de la défense acquittés.
On a cru dans un premier temps que l'une des accusations contre Alaa – vol d'une arme – avait été abandonnée.
Alfred Raouf tweetait :
@Kemety: @alaa sera détenu pendant encore 15 jours, ils ont laissé tomber l'accusation de vol d'armes. Il continue à ne pas reconnaitre ce tribunal.
Azza Shaaban rappelle les autres accusation [arabe] :
Il s'est avéré que le juge avait “oublié’ quelque chose.
Sultan Al Qassemi raconte :
@SultanAlQassemi: Le procureur militaire d'Égypte : L'accusation contre @Alaa d'avoir”volé des armes à l'armée” n'est pas abandonnée. Le juge a “oublié” de tourner la page (du dossier d'accusation).
Farah Saafan commente :
@FarahSaafan: Un Conseil militaire qui publie des actes officiels sur Facebook, des juges qui oublient de tourner la page durant les procès, et sont incapable de protéger les minorité = voilà le SCAF
Moutaz Dawood ajoute [arabe] :
Nazly Hussein fait savoir que Alaa Abd El Fattah était toujours aussi déterminé quand il est sorti du tribunal [arabe]:
@nazlyhussein: Alaa vient de partir et chantait : “A bas, à bas le régime militaire” à l'intérieur du fourgon de la police.
Ce billet fait partie de notre dossier sur la Révolution en Egypte en 2011.
1 commentaire